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2019.

La tournée était fini et déposant le cosy de Noam sur le fauteuil, il sourit en remarquant la gamine laisser trainer ses yeux partout sur son intérieur. Il avait eu quelques semaines à présent pour s'habituer et la gosse était pas aussi terrible qu'il avait eu l'air de le croire. Elle était toujours très calme et pleurait rarement. 

Et elle le réclamait souvent. 

Ça l'avait littéralement fait fondre quand, depuis les bras de Doums, elle avait secoué la tête, râlant, prête à lâcher ses meilleures larmes en le pointant du doigt et ils avaient tous ris devant ce jeu d'acteur. Parce que dès qu'elle était arrivé dans ses bras, les babillements et les sourires étaient éclatant. 

Il était pas prêt, clairement. 

Mais il était déjà inlove de sa gamine alors il apprendrait. Et ça commençait par aller dormir pour affronter la matriarche demain. Il était pas trop sûr de la démarche, mais Idriss avait promis d'être là également. Histoire de pas trop casser les couilles. Il avait beaucoup de question et de toute façon, seule sa grand mère aurait les réponses, c'était elle qui les avait élevé. 

Attrapant la petite, il lui embrassa la joue, récupérant le nécessaire pour la changer et mentalement, il ajouta une liste de meuble a ses futurs achats. Il récupèrerait aussi ses chiens et il avait un peu peur de la confrontation. Ils étaient pas méchants mais ils avaient besoin d'acclimatation. 

Une fois dans le lit, il fit comme il avait prit l'habitude dans la couchette, à savoir : Poser Noam contre son torse et la petite s'endormit rapidement, serrant sa chaine d'une main et après un dernier tour sur les réseaux et sur celui de sa mère, devenu inactif depuis sa disparition, il ferma les yeux et s'endormit. 


Hakim se mordit la lèvre en regardant la porte bleue, défraichit et l'ascenseur encore en panne. Ils avaient fait des pieds et mains pour payer un nouvel appartement à la vieille femme mais elle y tenait trop : ils avaient grandit là. Idriss s'arrêta sur le pas de la porte, se retournant vers lui, déposant Nasir au sol qui s'empressa de courir vers la grand mère et ils pouvaient déjà entendre les rires de cette femme emplir l'espace. 

- Haks, ça va le faire. Prends le temps de tout lui expliquer. 

Il hocha la tête, il avait pas vraiment le choix de toute façon. Inspirant un grand coup, il avança doucement et la vieille femme lui lâcha son meilleur sourire qui se fana rapidement, fronça les sourcils en posant son regard sur la petite bouille endormie de Noam. Et lorsque sa grand mère planta son regard perçant dans le sien, les mots n'avaient plus leur place. 

La gifle fut cinglante et l'accolade d'une douceur réconfortante. Il avait pu entendre le cri de surprise de Jude alors que sa tête partait sur le côté et Idriss s'était précipiter avant de s'arrêter lorsque la vieille femme le serra de sa petite taille. 

Ils étaient pudique dans la famille et ce genre de démonstration, c'était si rare. Mais ça lui faisait du bien, sentir ses cheveux au henné, sa peau lavée au savon à l'huile d'olive, il en avait besoin, là, sur l'instant. Et se recroquevillant, pour enfoncer sa tête dans le cou de sa grand mère, la vieille femme lui murmura quelques paroles en Touareg. 

Il entendit vaguement du mouvement et une porte se fermer, et il fit ce qu'il avait pas fait depuis qu'on lui avait refiler sa gamine. Il craqua. Libérant ses peurs, ses angoisses, ses questions, ses émotions. Il était perdu, effrayé. Et l'étreinte de Yemma ne desserrait pas, elle continuait de lui caressait sa nuque rasée, lui chuchotant tout et n'importe quoi. Et finalement, elle l'éloigna, frottant ses joues alors que pudiquement, il baissait encore plus la visière de la casquette sur son visage. 

Elle lui offrit un sourire bienveillant et elle finit par reporter son attention sur l'enfant réveiller, fixant son père amoureusement. 

- Tu es fort, Yiwi. Et cette princesse, le Mekhtoub te l'a offert. 
- J'vais pas l'abandonner Yemma
, murmura Hakim, comprenant ce qu'elle allait lui dire et le sourire qu'elle lui offrit le conforta dans l'idée, elle caressa sa joue encore rouge de la gifle
- Tu es un homme bon, Hakim, sourit-elle
- Mais j'ai b'soin de toi, j'y connais rien, et elle secoua la tête 
- J'ne suis que l'arrière grand mère, tu as des questions, vois avec Idriss, il se débrouille très bien ! argua-t-elle sous son regard choqué 

Dans la cuisine, un rire explosa et un "Je le savais que j'étais le préféré" retentis. Rapidement suivit d'un aïe et de rire enfantin alors que quelques insultes rebeu fusèrent et la voix blasée de Jude balança qu'elle n'était pas responsable de l'éducation de ces deux morveux. Hakim soupira un grand coup et attrapa sa fille. La posant sur son genoux, de sorte à ce qu'elle fasse face à la vieille femme.

- Yemma, je te présente Noam. 
- Elle est belle, une poupée
, sourit la femme en attrapant l'enfant, elle a tes yeux et ton nez. 

Hakim fit sa moue de désaccord et se reçu un taquet de la part de sa grand mère, les faisant sourire tous les deux. Il trouvait vraiment que sa môme ne lui ressemblait pas, et hormis la peau basanée plus que chocolat comme sa mère l'était, elle avait rien prit de lui. Et Noam déposa sa main sur la joue de la vieille femme et Hakim sourit en voyant cette scène, embrassant la tempe de sa grand mère.

- J'aurais au moins vu vos premiers enfants, souffla-t-elle avec une certaine mélancolie

Hakim grogna en entendant cette phrase, parce que même si la kabyle n'était plus toute jeune, a ses yeux, elle restait immortelle et il aimait pas qu'elle fasse allusion à son décès. Et gardant l'enfant contre elle, elle se redressa, partant comme si elle avait la trentaine annonçant qu'ils passaient bientôt à table et il se leva à son tour, ouvrant la porte de la cuisine où Idriss faisait jouer ses gamins avec des petites voitures. Un regard et le plus jeune lui lança un sourire rassuré et rapidement, les trois adultes étaient déjà occupé à mettre la table. 

Et l'ambiance fut encore plus forte quand Ken passa la porte avec Achille. La vieille soupira et lui offrit un coup de torchon qui fit rire Ken et les autres, par contre, lorsque Théo fit son apparition la vieille femme l'accueillit avec un "Wouldi" qui fit grogner les hommes présent ici. Hakim remercia Jude qui lui tendait un biberon et son sourire discret s'agrandit lorsqu'Irène passa la porte avec Deen et la petite Nahia. 

- Jedda, s'exclama la jeune grecque sous la moue attendrit de sa grand mère
- Ma belle, sourit la femme, elle embrassa la joue de Deen qui se contenta de lui sourire, que vous êtes beau ensemble, je me lasse pas.

Et en voyant les yeux étincelants de sa figure maternelle, Hakim sentit son coeur déborder d'amour pour elle. Il lui suffisait de voir cette femme heureuse pour se dire que rien d'autre n'avait d'importance. Il avait son frère, sa grand mère et sa famille. Bon, il comprenait pas trop pourquoi ils étaient tous là mais c'était tellement eux.

Et puis ça changeait pas. Ici, les frères rentraient comme ils voulaient et Jedda les accueillait comme ses propres petits enfants. Heureusement qu'elle les connaissait et prévoyait toujours une tonne de bouffe comme si c'était un ramadan pour tous. Et puis, c'était la maison du bonheur ici, la preuve en été que Deen déposa sa gamine au sol et s'exclama. 

- Les gars, regardez moi ma merveille, la petite brune tenait debout, viens princesse, murmura-t-il et l'enfant le suivit sous le sourire niais de tous, un an à peine et elle marche wesh. 

Que rien ne change. C'était tous ce qu'il voulait. 


FélinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant