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2019.

Poussant un soupire, elle hésita un instant a appeler cette personne qu'elle n'avait plus jamais pris le temps de contacter depuis qu'elle était avec son mec. Frottant son nez, elle avait froid, elle était seule et la nuit commençait à tomber sur Paris. La peur commençait également à la rendre irrationnelle : Jeremy n'était toujours pas derrière les barreaux et elle flippait de le croiser au détour d'une rue. 

Le coeur battant, elle remarqua que son portable appelait. 

Et avant qu'elle ait le temps de raccrocher, la voix du jeune homme s'éleva à travers le combiné. Elle entendit son prénom plusieurs fois et lâcha un sanglot, ne sachant pas quoi dire : son cerveau submergé par les souvenirs partagés avec cet homme. Elle entendit qu'il paniquait parce qu'il cria aux gens autour de fermer leur gueule et elle eut un doute, en entendant cette phrase. 

Il n'avait jamais réellement été vulgaire.

- Rub', tu vas bien ? Tu pleures vraiment là ? Y a quoi ? S'il te plait, j'aimerais que tu parles. Dis un truc. 
- Un truc
, murmura-t-elle avec un sourire nostalgique et Hugo lâcha un soupire du nez 
- Y a quoi ma reuss ? 
- On peut se voir ? 
- Je suis dans le sud avec la mif ... Tu veux venir ? 

Elle bafouilla, surprise de cette proposition. Hugo était son meilleure ami, ils avaient grandit ensemble, sa mère étant souvent absent, elle la laissait facilement, avec son grand frère, à la voisine et garçon du même âge. Elle avait tout fait avec cet homme, ils avaient tous partagés et ce genre de proposition était très spontanée. Elle n'aurait jamais cru que dix ans de silence n'aient rien changé. 

- Je te paye le train, sah, tu dates trop, viens. 

Elle renifla et lui demanda si c'était possible de prendre un train maintenant, il semblait joyeux en lui annonçant qu'il regardait et elle se sentait tellement coupable de l'avoir laissé tombé, d'avoir laisser le temps creuser l'absence jusqu'à se retrouver ridicule d'avoir envie de le contacter. 

- Rub, t'es al ? Y a un train dans quarante minutes à gare de Lyon, tu penses que c'est possible pour toi ? 
- Je me mets en route. 
- Parfait, envoie un message quand t'es bien dans le train, je t'envoie tout ... Hé, Ruby, pleure plus d'accord ? J'suis toujours là, je bouge pas. 

Elle ferma les yeux, l'impression de retomber en enfance et finit par le remercier, se hatant de prendre la ligne une. À la gare, elle se retrouva rapidement dans un train pour Toulon et elle remercia encore une fois Hugo. 

Elle pu dormir lors du trajet et ça lui avait fait du bien, vraiment. Elle était un peu moins anxieuse lorsqu'elle arriva sur le quai, avant de se gratter le sourcils, elle ne savait pas quoi faire à présent mais son regard se posa sur un gros quatre x quatre aux vitres teintés sur le dépose minute et la porte arrière s'ouvrit sur un barbu, cheveux réunis en un chignon, aux lunettes de soleil et à sa suite, un petit gars, barbe approximative, lunette de soleil, casquette sur le crâne, et surtout un joints aux lèvres. Hugo Hefner mesdames. 

L'homme s'approcha doucement, et son sourire fondit en même temps que l'allure du brun changeait. Il retira rapidement ses lunettes pour lui prendre la mâchoire et fixer les dégâts qu'avait laissé Jeremy sur son cou. Il ne disait rien, se contentant de fixer et elle se doutait qu'il était entrain de monter en pression. Elle se mordit la lèvre, s'apprêtant à ouvrir la bouche mais sans qu'elle ne comprenne, des murmures se faisaient entendre et les gens s'attardaient. Hugz le remarqua aussi et sans qu'elle comprenne, elle se retrouva dans la voiture, aux côtés du barbu de tout à l'heure qui lui offrit un sourire chaleureux. Un troisième garçon se trouvait sur le siège passager et faisait une gueule effrayante. 

- Je m'appelle Théo. 
- Ruby
, il hocha la tête comme si il le savait déjà
- C'est bien que tu sois là, rajouta le chauffeur, ses yeux se perdant un peu sur son cou
- Je suis désolée de m'imposer. 

Ils secouèrent tous la tête et elle s'enfonça dans son siège, légèrement intimidée. Elle n'avait pas réalisé qu'elle serait entouré de star, elle ne les connaissait pas vraiment mais, sachant ce que Hugo faisait comme travail, elle aurait dû se douter que Nekfeu serait présent. La miff, c'était lui maintenant. C'était eux.

- On a une bonne heure de route, tu veux pas m'parler ? demanda finalement le brun, c'est un gars non ? 
- I
l, je, elle lâcha un sanglot

Hugo écarquilla les yeux, un peu prit de court et la resserra contre son torse, avant de sortir un joint déjà roulé de sa poche et le lui tendre, faisant rire les deux autres et sourire le troisième, elle était sûr. 

- Tiens, Trésor, elle grogna à ce surnom 
- J'fume plus. 
- Comment tu fais ?
il avait les yeux grands ouverts et ça acheva les trois autres, nan mais les gars, vous la connaissez pas comme moi, wesh, c'est elle la première à m'avoir fait découvrir les plaisir de la beuh indienne. 
- On avait quatorze ans ! 
- Bref, y a quoi ? Crois pas que tu vas y échapper.
- ... Rien
, souffla-t-elle 

Hugo lui jeta un regard mauvais, avec une mine de dégoût et s'enferma dans un silence qui la fit culpabiliser : ça, ça n'avait pas changé, il avait toujours son caractère. Dès qu'il n'avait pas de réponse à ce qu'il souhaitait, il coupait court au dialogue. Elle poussa un léger soupire, très mal à l'aise parce qu'elle ne savait pas quoi dire.

La voiture s'arrêta dans une allée d'une grande villa, immédiatement, elle se sentit mal à l'aise. Elle avait l'impression de profiter et elle ne souhaitait pas donner cette image. Elle jeta un regard à Hugo qui quittait déjà la voiture sans un mot pour elle. Elle comptait réellement lui parler mais elle voulait le faire juste avec son meilleur pote. Pas les autres autour. 

- Au fait Ruby, t'as pas de sac ? Théo semblait étonné
- Je- Non, sourit-elle timidement, j'achèterais ici.

Théo hocha la tête, un sourire désolé sur le visage et il avait comprit qu'elle fuyait. Elle croisa le regard de son ami qui lui fit un signe de tête de rentrer. Grognant un peu de son caractère autoritaire de ronchon, elle passa la porte, où elle tomba sur un grand salon et une scène étonnante. Deux barbus étaient torse nu, assis sur le grand canapé, des coussins avec des enfants un peu partout.  

Elle ferma les yeux, prise d'un léger vertige lorsque son cerveau lui envoya des flashs d'une rare violence. Elle se retint de pleurer pour ne pas attirer l'attention mais le barbu cheveux courts assis avec un bambin accroché avait froncé les sourcils lorsqu'il l'avait détaillé. Il avait remarqué.

- Mleh, elle peut prendre la chambre de Doums pour cette nuit, sauf si vous voulez pioncer ensemble, lança pour la première fois le gars du siège passager, on verra demain pour le reste.
- J'vous remercie, souffla-t-elle doucement
- T'as graille un truc ? demanda Nekfeu 

Elle secoua négativement la tête et les gars hochèrent la tête d'un accord commun. 

- Tant mieux, nous non plus, on t'attendait un peu en fait. 
- Pourquoi les mômes sont pas dans leurs lits ? 
- Noam a tapé la crise du siècle, les gamins étaient intenables alors on les a gardé avec nous. 

Le bressom hocha la tête, récupérant l'enfant dans des gestes doux et tendre, contrastant avec son air toujours froid et distant. Le bébé chouina un peu avant d'attraper la chaine autour du cou de l'homme. Les deux autres barbus du canapé se redressèrent et attrapèrent des enfants un peu plus grand, Théo attrapa rapidement un deuxième petit gars, identique à celui dans les bras de l'homme aux cheveux longs et Nekfeu s'occupa du dernier alors qu'Hugz sortait de quoi mettre la table. Elle le rejoignit rapidement, histoire de l'aider. 

- Je te promets de tout te dire, mais tout à l'heure, souffla-t-elle, juste nous deux. 
- Ok
, soupira-t-il 

Elle le remercia d'un câlin et l'homme soupira, avant de resserrer l'étreinte, lui embrassant la tempe. Il lui répéta qu'il était là, qu'il bougeait pas et elle eut soudain envie de pleurer, devant ce souvenir. Parce que la dernière fois qu'elle avait entendu cette phrase, les services sociaux étaient chez elle. Et si tout ça n'était pas arrivé, elle aurait surement toujours eu Hugz dans sa vie. 

Et Jeremy n'y aurait surement pas mis les pieds. 


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FélinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant