Félins

0.7

Mai 2020.

Elle bougea sa tête et se frotta l'oeil, avec de tomber sur une couleur verte. C'était pas le canapé des Castelle, le coeur battant rapidement, elle se redressa : elle avait peur que DaSilva l'ait déjà rattraper. Elle avait la tête lourde, ne se souvenait pas d'hier soir, mais le ronflement terrible qui résonna dans la pièce lui fit prendre conscience qu'elle n'était pas seule. 

Tournant la tête vers la source du bruit, elle tomba sur le visage détendu d'Hakim, et elle capta rapidement qu'elle était bien dans le canapé des Castelle mais que le vert était dû à l'horrible t-shirt de foot qu'Hakim mettait partout. Poussant un léger soupire, elle fit pour se recoucher contre le torse du rappeur mais le bruit des pas dans les escaliers la fit s'éloigner, écrasant et réveillant l'algérien qui lui servait d'oreiller, avant de rejoindre mine de rien un Deen encore très mal réveillé. 

Elle jeta un regard à Irène qui débarqua avec les deux petites et s'empressa de l'aider, jetant un regard à Mickaël mais celui-ci s'était effondré sur le plan de travail. 

- Tu as pu dormir un peu ? demanda-t-elle en déposant sa fille dans le parc à jeu pour bébé 
- Oui, ça va, souffla-t-elle 
- Mike, retourne te coucher si t'es malade, râla la brune 
- Lâche moi, marmonna le rappeur 
- Mickaël, pourquoi c'est toujours la même galère avec toi quand t'es malade ? T'es pire qu'un gosse. 
- Ferme là, Ré. Je vais pas être tendre. Je dois bosser aujourd'hui. 

Ruby ouvrit la bouche en voyant cette scène parce que depuis qu'elle était là, elle n'avait jamais entendu le sudiste avoir une voix aussi menaçante et contre sa volonté, elle fit un pas en arrière. Irène pourtant se contenta de pousser un soupire sans un mot de plus et puisque le portable du rappeur n'arrêtait pas de sonner, l'homme poussa un grognement terrible et au dessus de l'évier, sans savoir pourquoi, il exposa le portable dans la vaisselle. 

Le bruit était terrible et elle n'arrivait plus à savoir sur quoi se concentrer. Les filles pleuraient, Hakim avait débouler et essayer de les calmer alors qu'Irène et Deen se fixaient en silence, étrangement, et elle. Elle, elle était dans un coin, en pleine crise de panique devant le sang sur le long du bras du toulousain, devant les hurlements des filles et son excès de violence. Deen était gentil, pourquoi ? 

Pourquoi avoir péter un câble ? 

Est-ce qu'elle avait fait seulement quelque chose de mal ? 

Peut être qu'elle était de trop ici ? Il en avait marre d'elle et ça lui pesait sur la conscience ? 

- Désolé frère, murmura le sudiste. 
- T'es invivable quand t'es malade mon reuf, va falloir travailler sur ça. Parce que c'est ta fille que tu vas effrayer à force. 
- J'en ai déjà effrayé une ..., souffla-t-il et elle se crispa en sentant son regard sur elle
- Je m'en occupe, va te coucher. 
- Non, non, non ! T'as perdu pas mal de sang, tu manges un truc, tu restes assis et on verra ensuite. 

Un silence s'installa en fixant Irène tendre une assiette de pancakes. 

- En fait, t'as deux gosses à charge, Ré. 
- Tout à fait, trois avec le petit chat mouillé là, souffla la brune en s'approchant, Ruby ma belle, tout va bien, respire lentement. 
- silteplaitmefrappepas ...
- J'ai pas compris Ruth, faut que tu me parles plus fort. 
- J'ai pas fais exprès, me frappe pas ...
- Qu'est-ce que- Ruby, t'es avec moi, t'es en sécurité, il y a Hakim, tu vis chez nous. Personne ne va te frapper. 
- Haks. 

Elle n'eut pas besoin de le répéter qu'une grande main venait de se poser sur sa tête et un regard aussi sombre que l'encre venait de s'encrer dans le sien. Bien sur qu'Hakim était là, il était bizarrement toujours là. Elle ne comprenait pas trop d'ailleurs. Mais c'était rassurant : son côté grognon et détaché de tout lui faisait du bien. Et puis il était franc. Et sa chaleur était si protectrice. 

La crise était passé, mais le mutisme était revenu. Hakim était parti depuis une demi-heure après s'être parfaitement bien assuré que c'était ok pour elle. Irène avait suivit et elle devait s'occuper de Nahia pendant que Deen dormait à l'étage. Enfin, c'était jusqu'à ce qu'il se réveille. 

Il était venu s'assoir, à distance raisonnable et elle relâcha un peu d'air de ses poumons tellement le soulagement était palpable. Le nouveau Papa s'occupa un peu de sa fille avant d'aller dans la cuisine et de revenir avec deux tasses, dont une qu'il posa devant elle. Il avait un grand bandage le long de son bras. 

- Ruby, tu peux me regarder, s'il te plait ? J'aimerais te parler. 

Voix douce mais Jérémy aussi l'utilisait pour obtenir ce qu'il voulait. Elle ne devait plus se laisser faire. Secouant la tête, elle ne toucha pas à la tasse et croisa les bras sur sa poitrine dans un espoir de protection. 

- D'accord, est-ce que tu veux bien m'écouter ? Hoche la tête pour un accord, sinon, je te promets d'attendre que tu me parles la première. 

Fermant les yeux, elle prit un instant de réflexion. C'était Deen. C'était Deen. C'était Deen. Elle pouvait au moins écouter. Juste. Inspirant un coup, elle hocha la tête. 

- Je ne voulais pas t'effrayer, Glasgow, je suis vraiment désolé, j'étais pas énervé contre toi, je ne te ferais jamais du mal. J'sais que ... Ton ex a surement dû te sortir ce même genre de discours mais ... J'ai perdu le contrôle parce que je suis malade et j'ai horreur qu'on me casse les couilles quand je suis malade. Haks a raison quand il dit que je dois travailler sur ça. 

"Glasgow", elle avait esquissé un sourire parce qu'il n'y avait que le rappeur pour l'appeler par le nom de sa ville de naissance. Il avait un jour découvert son passeport et depuis, il ne la lâchait plus avec ça. Elle aimait bien au final, tout comme Hakim qui l'appelait 'By alors que tout le monde lui offrait un surnom en "Ru". 

- Est-ce qu'on fait la paix ? il tendit son poing, et dans un soupire elle tapa dedans. Cool, maintenant que c'est régler, pourquoi l'un des frère Akrour passe une nuit sur deux dans mon canapé, s'il te plait ? J'ai dit qu'on ramenait pas de chien errant ici. Ça casse les couilles, ça bouffe pour dix et ça pisse partout. 
- C'est moi le chien errant, pourtant. 
- Owh, détourne pas le sujet, miss, en plus tu sais que je te kiffe, et toi, t'as pas de queue à remuer. Tu le kiffes ? 
- Deen, elle leva les yeux au ciel, je sors d'une relation toxique, j'irais pas m'aventurer dans les bras d'un homme qui a besoin d'une femme stable pour sa gamine. 
- Tu marques un point, Capitale. Mais il avait un putain de suçon dans le cou. 
- Il a ken une meuf cette nuit. 
- Je suis largué. 
- Baaaah, on est sorti et il a ken une meuf, puis on est rentré. D'ailleurs, je peux te poser une question Mika ? il hocha la tête, tu fais une différence entre ken et faire l'amour ? 

Le trentenaire fronça automatiquement les sourcils avant d'hausser les épaules. 

- Ouais, fin la différence c'est les sentiments, chez moi. J'sais pas ce qu'il en est des autres, mais je le vois comme ça.
- T'as directement fais l'amour à Irène ? 
- Pourquoi on parle de sexualité, Glasgow ? 
- Je demande juste, souffla-t-elle les joues rougies
- Irène, c'était une évidence mais c'est compliqué. Du coup, non, j'ai pas réellement fait directement l'amour à ma femme. C'est aussi ça qui est bizarre, elle fronça les sourcils, c'est pas que les sentiments, c'est aussi ce que tu vas faire passer à ton partenaire à travers toi, genre un truc en plus, mais c'est inexplicable parce que c'est chimique. 
- Je vois, et c'est grave si on a ce passage tard ? 
- Non, c'est juste que t'as pas encore connu l'amour. Est-ce que, il fronça les sourcils, c'est la sexualité d'Hakim qui te fait te poser ces questions ? 
- Pas vraiment, c'est juste qu'hier on en a parlé, et il a dit à peu près la même chose que toi, j'avais juste besoin d'un autre point de vue, elle lâcha un sourire, pour être sur que c'était pas une disquette avec l'alcool. 
- Haks te disquette ? Deen lui lança un grand sourire avec un haussement de sourcils caractéristique 

Elle gonfla les joues et ne pu s'empêcher de suivre l'homme grisonnant dans son rire. Mais elle comprenait mieux le point de vue d'Hakim. Elle avait toujours été persuadée de faire l'amour avec ses partenaires et pourtant avec le recul, ce qu'elle avait vécu avec Jérémy n'était en rien de l'amour. Et elle était soulagée de se dire que cette relation n'était pas une relation "amoureuse" parce que ça voulait dire que son coeur pouvait être réparé.