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2019.

Les filles du S étaient arrivées et ça avait changé la dynamique de la maison. C'était plus bruyant, et surtout plus vacances. Il pouvait pas en vouloir à ses reufs de vouloir profiter de leurs petites gos mais ils avançaient plus vraiment les projets et ça lui rappelait surtout qu'il avait pas de meuf mais une gamine. 

Une gamine orpheline d'une mère. 

Comment on pouvait faire ça ? Lui, il aurait tellement kiffer grandir avec ses vieux, il aurait tellement pu sourire de fierté devant ses darons lorsqu'il avait ramener son premier cachet grâce au rap, après de nombreuses disputes surement. Alors oui, il avait toujours Yemma et bordel, qu'il aimait cette femme. Mais c'était pas vraiment la même chose. 

Et contrairement à la daronne de Noam, lui, il avait pas eu le choix de faire sans ses parents : mourir dans un accident, c'était pas volontaire. Par contre, elle, elle s'était barré sans scrupule. Et ça, c'était le pire. Personne lui avait dit de garder le bébé quand elle l'avait apprit, personne lui avait demander d'accoucher et d'élever un gamin si elle en avait pas les épaules. Et maintenant, en plus de détruire sa propre vie, elle avait chambouler la vie d'un inconnu. 

Et allez pas croire qu'il aimait pas Noam, c'était devenu son trésor, c'était juste qu'il avait du mal à concevoir qu'une femme puisse abandonner un être dont elle avait prit la décision de s'en occuper dès les premiers instants de sa vie. Était-ce une sorte de caprice ? Il aimerait tellement la confronter pour lui demander tout ça, pour comprendre et pouvoir répondre aux questions de sa gosse plus tard, parce qu'il lui cacherait rien. Il n'y avait aucune raison qu'elle ne puisse pas savoir que sa génitrice était une lâche. 

La blonde latine débarqua avec une moue soucieuse et s'installa contre lui, grattouillant le ventre de la petite dans ses bras, entrain d'engloutir son biberon. Et puis, il sourit en sentant les frissons lui dressaient les poils lorsqu'elle lui caressa sa nuque, le détendant par la même occasion. Elle avait vraiment pris ses aises avec lui, cette folle, c'était n'importe quoi.

- Elle est trop belle, sourit-elle, j'aimerais bien avoir une fille, je crois. 
- Laisse le temps au grec de s'habituer à son fils
, ria Haks
- Il s'en est bien occupé ? 
- Comme un daron, t'as pas a t'en faire, il gère trop avec les tipeus, Ken. Et puis, chaque soir, il prend un temps pour le passer uniquement avec lui, il lui parle de tout et n'importe quoi mais Ach, il aime beaucoup ces moments, ça se voit. 
- Il essaye de se racheter ... 
- Non, pas vraiment, c'est plus, il apprend à connaitre son fils
, Hakim ferma les yeux, Lui en veux pas trop longtemps ...
- Trois ans Haks. 
- Il est revenu aussi. 
- Et ? Je dois tout lui pardonner ?  

Le kabyle poussa un soupire du nez, faisant comprendre à la blonde qu'ils seraient jamais d'accord là dessus et le regard qu'il lui jeta fit comprendre à la demoiselle qu'elle était responsable de tout ça. Il lui avait dit dès le début que Ken la briserait. Il regrettait d'avoir eu raison, mais il était pas forcément surpris et il prendrait pas le parti d'untel. Il aimait les deux, il avait pas à faire un choix. 

Hakim reporta son attention sur sa petite famille et fronça les sourcils en voyant la petite brune à Hugz installée sur la table de jardin, le portable entre les mains et elle semblait trembler. 

- Elle t'inspire quoi ? demanda Charly en comprenant le sujet de ses observation.
- Elle planque un truc et j'arrive pas à déterminer les répercussions que ça va avoir. 
- Tu penses qu'il y en aura ? 
- Y en a toujours, Charles. Qu'importe ce qu'on fait, ça finit toujours par ressortir. On enterre pas des squelettes complètement. 

Il se redressa pour mettre sa gosse à coucher et en arrivant dans le couloir, il lâcha un sourire en voyant son frère bercer ses deux petits mecs comme lorsqu'ils étaient encore que des bébés. Le plus jeune lui offrit un sourire tout autant attendrit et après un échange silencieux, Hakim s'éloigna vers sa chambre, déposant sa princesse dans son lit parapluie, sachant très bien que cette nuit, comme toutes les autres avant, il récupérerait l'enfant pour la poser contre son torse.

S'assurant qu'elle ne se soit pas réveiller, il quitta sa chambre, récupérant le babyphone et descendit retrouver les autres. Il haussa un sourcils en voyant Deen avec une écharpe soutenant un petit corps contre son torse nu et il ne pu s'empêcher de sourire en voyant le sudiste embrasser tendrement le front de la plus jeune Samaras. Ils s'étaient vraiment bien trouvé ces deux-là. 

Il se décala légèrement lorsque Camille arriva en trottinant, soutenant son gros ventre et marmonnant qu'elle en avait marre d'aller pisser tout le temps. Il lâcha un petit rire en la voyant faire et rejoignis le gang des garçons installés à fumer autour de la table de jardin. Et comme toujours, la seule présence féminine acceptée depuis quelques temps, c'était cette brune trop silencieuse. Il haussa un sourcil en la voyant entrain de rouler un joint parfaitement, lui rappelant leur pote beatmaker. 

Et là, installée entre eux, le joint entre les lèvres, fixant le ciel étoilé en serrant ses jambes comme une gamine un peu perdue, il lui trouvait un truc mystique qu'il n'arrivait pas à définir. Elle dégageait une mélancolie destructrice et en même temps, elle avait ce rayonnement un peu discret. Elle était un bijoux usé, qui avait perdu de son éclat et avait déjà trop vécu. S'allumant une cigarette, le flash du briquet sembla la perturber parce qu'elle le fixait lui à présent. Et il ne baissa pas les yeux, c'était tellement pas son genre. 

La brune finit par baisser la tête timidement, jouant habilement avec son joint, alors qu'elle replacer une de ses mèches brune derrière son oreille. Et il ne pu s'empêcher d'avoir le ventre nouer en voyant le portable devant elle vibrer plusieurs fois, la lumière bleue reflétant sur son visage dans un air lugubre. 

Peut être qu'elle vivait simplement une rupture amoureuse douloureuse ? Mais il n'oubliait pas qu'elle était arrivée ici emplis de bleus et que Hugo avait été perturbé par ce qu'elle avait pu lui raconter. C'était suffisamment grave pour perturber leur beatmaker. 

- Frère, va falloir que tu te détendes, sah, ria une voix trop grave, deux fois que je te surprends entrain de la bouffer du regard, Mekra. Ça vire à l'obsession. 

Hakim gronda de prévention, il n'aimait pas ce genre de remarque, parce qu'ils étaient tous au courant qu'il toucherait plus une meuf de sa vie : Noam lui servait de leçon chaque jour sur son inconscience à pas avoir mis de capote. Il avait qu'une gamine et il comptait pas faire une équipe de foot. C'était pas au programme et ça l'avait jamais été. 

- Tranquille, soupira le sudiste finalement, t'es réticent ? demanda-t-il 

Et le brun lâcha un sourire en entendant ça, ils lui vouaient tellement une confiance aveugle pour les relations dans ce groupe, c'était impressionnant. Mais il avait pas forcément la réponse. Au début oui, mais elle avait prouvé plus d'une fois qu'elle avait sa place ici, elle s'ouvrait également de plus en plus et il pouvait pas négliger que leurs têtes à têtes certains soirs avec une bouteille ne lui avait pas permis d'en comprendre d'avantage. 

Alors il savait pas. 

Enfin, si, il avait toujours des réserves. Parce que la brune semblait cacher un lourd bail et il avait réellement peur des répercussions que ça pourrait avoir sur le groupe. Il fallait qu'il trouve avant qu'elle prenne trop de place. Il avait besoin de tout savoir pour pouvoir décider de si elle était fiable ou pas. 

Alors il jeta un regard au toulonnais et écrasa sa clope en même temps.

- Elle cache un truc, et le temps que je saurais pas, parce que ça a l'air déterminant pour elle, je serais toujours sur la réserve ouais. 
- Elle te parle déjà plus qu'à nous. Je peux t'aider, t'as quoi comme infos ? 
- Des bleus, une peur des mecs qu'elle connait pas du tout, des sms et appels tard la nuit, un Hugz cassé le temps d'une journée, un air d'écorchée vive.

Il lui pointa la demoiselle du menton en soupirant, qui même si il faisait trop sombre, semblait pleurer dans la pénombre. Et le regard qu'il échangea avec Bigo lui confirma que cette fille avait un placard remplis de squelettes. 

Mais avait-il réellement de tous les déterrer ? 

Il n'était pas sûr.


FélinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant