Chapitre Quatrième

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Au cœur d'insondables ténèbres, plus noires encore que la plus profonde des nuits, résonnait le tintement cristallin d'une goutte d'eau.

Minho restait là, immobile.

Son mauvais pressentiment persistait, immuable.

L'endroit dans lequel il se tenait, quel qu'il soit, n'était constitué que de ces angoissantes ténèbres. Il semblait n'y avoir ni haut, ni bas. Rien du tout, en fait. Seule, cette obscurité pressante, qui s'étendait indéfiniment de tous les côtés.

Soudain, dans les confins de l'horizon, parut une lueur rougeoyante. Bien que minuscule, elle détonait complètement sur l'océan de noirceur l'entourant, si bien que de loin, on aurait dit un incendie qui brûlait. Au fond de la nuit, la lumière se mouvait, dansait, sautillait. Une multitude de points noirs se détachaient progressivement sur le rougeoiement, bondissant dans les confins de cette étrange monde.

Il fallut un moment à l'adolescent pour comprendre qu'il s'agissait d'un troupeau en furie.

Et que ce troupeau, cet immense troupeau, était en train de lui foncer dessus.

Ils n'étaient plus qu'à cinq cents mètres.

Minho sentit un souffle de panique le balayer. Pétrifié, il regardait les bêtes monstrueuses fondre sur lui réduisant toujours plus la distance les séparant. Toutes semblaient tout droit sortie d'un de ces romans d'heroic fantasy, dont les couvertures colorées et extravagantes tapissaient les vitrines des librairies en centre-ville.

Certains de ces monstres ressemblaient à des singes, tandis que d'autres tenaient du chien, voire du loup. Minho en distinguait même quelques-uns ressemblant à d'énormes buffles, leurs sabots frappant le sol en cadence alors qu'ils chargeaient dans sa direction.

Il ne savait pas ce qu'étaient exactement ces créatures, mais une chose était sûre ; aucune ne figurait dans son manuel de biologie. Ces animaux étaient bien trop gros, bien trop extravagants. Leurs pelages et plumes arboraient un large éventail de couleurs, riches et variées. Et cela aurait presque pu s'en extasier, s'il n'avait pas été distrait par le souffle fétide de leur pulsion meurtrière, qu'il pouvait sentir sur son visage à mesure que le troupeau approchait.

Les monstres étaient désormais à quatre cents mètres.

Minho pouvait nettement voir leurs gueules béantes s'ouvrir, leurs puissantes mâchoires claquer avec frénésie. Il les voyait presque aussi bien que l'étincelle de folie qui illuminait leurs yeux, scintillant au fond de leurs regards déments. Ces animaux étaient comme possédés, complètement transportés par l'ivresse du sang.

Il n'y avait pas le moindre rugissement, pas le moindre bruit de de griffes raclant le sol. Seul, résonnait le ploc régulier de l'eau tombant goutte à goutte.

Trois cents mètres.

Les yeux grand ouverts, Minho regardait les monstres converger droit vers lui. Il savait que ces créatures venaient pour lui. Qu'elles venaient pour lui faire du mal, pour le tuer. Dès l'instant où le troupeau aurait franchi la distance qui le séparait encore de lui, Minho mourrait. Il sera sûrement lacéré par les griffes acérées de ces bêtes, si ce n'étaient pas leurs terribles mâchoires qui auraient raison de lui.

L'espace d'un instant, Minho se demanda s'il aurait même le temps de ressentir quelque chose. Sa mort sera-t-elle rapide et indolore ? Ou bien restera-t-il conscient pendant encore un long moment, et pourra ainsi sentir les monstres le déchiqueter, le dépecer, le mettre en pièce ?

Les monstres approchaient, irrévocablement. Ils étaient désormais si proches que Minho pouvait voir leurs muscles se détendre sous leur peau, au rythme de leur folle cavalcade.

𝔍𝔬𝑦𝔞𝔲 𝔒𝔟𝔰𝔦𝔡𝔦𝔢𝔫𝔫𝔢 ᵐⁱⁿʲⁱⁿOù les histoires vivent. Découvrez maintenant