𝔍𝔬𝑦𝔞𝔲 𝔒𝔟𝔰𝔦𝔡𝔦𝔢𝔫𝔫𝔢 ᵐⁱⁿʲⁱⁿ

Chapitre Sixième

— Votre accord, je vous prie...

La mâchoire de Minho chuta. Complètement estomaqué, il ne pouvait que regarder Hyunjin poser son front sur ses chaussures, envoyant toute fierté au diable alors qu'il se prosternait littéralement à ses pieds.

Il n'y avait pas besoin d'être bien intelligent pour savoir que ce geste était témoin d'une marque de soumission totale ; les paroles qui l'accompagnaient d'ailleurs ne faisait que donner une dimension encore plus solennelle à la situation.

Quant au cerveau de Minho, celui-ci était à deux doigts de saturer, tant le jeune homme se posait de question. Pourquoi Hyunjin s'inclinait-il devant lui ? Pourquoi s'adressait-il à lui de cette manière ? En quel honneur Minho méritait-il d'être vouvoyé, de se faire appeler « Maître » ?

Qu'est-ce que tout cela signifiait, à la fin ?

Est-ce que c'était une sorte de blague ?

Brusquement, Minho sentit poindre l'imminente envie d'éclater d'un rire nerveux. La situation aurait difficilement pu être plus étrange, et Minho commençait sérieusement à en avoir assez. Il devait avoir l'air d'un bel imbécile, planté à l'entrée de la classe les bras ballants, tous les regards tournés vers lui et son petit ami disparu depuis plus d'un an miraculeusement réapparu et agenouillé devant lui, après lui avoir clamé à haute voix obéissance et fidélité.

Si c'était une blague, elle était vraiment de mauvais goût.

À moins que Minho n'était en train de perdre la tête. Peut-être ces dernières années de tourments et de psychose avaient finalement commencé à sérieusement affecter son esprit. Peut-être qu'au final, Minho était tout simplement dingue.

Il savait déjà qu'il n'avait rien d'un adolescent normal, aussi bien physiquement que mentalement. Les autres enfants n'avaient cessé de le lui répéter, de même que ses professeurs, les autres adultes et même ses propres parents.

Alors, pourquoi pas ?

Mais, manifestement, Minho n'avait pas le temps de psychoter sur ces... détails. Il le comprit lorsque Hyunjin redressa subitement la tête, lui décochant un regard agacé à travers les mèches sombres lui tombant devant les yeux :

— Votre accord, vite, si vous tenez à la vie !

Le ton du jeune homme était si impérieux, que Minho ne put s'empêcher de sursauter. Clignant des yeux, il hocha la tête sans réfléchir.

— Euh, oui... tu as mon accord, céda-t-il.

À peine eut-il prononcé ces paroles, qu'un étrange vertige le saisit. Il lui sembla que quelque chose passait au travers de son corps, quelque chose qui lui glaça le sang et fit se dresser ses cheveux sur sa nuque. Pendant un instant, tout devint noir devant ses yeux.

Dans la salle de classe, l'odeur de la mer se fit plus forte.

— Non mais, ça va pas tous les deux ! s'égosilla la voix de la professeur d'anglais, quelque part derrière Minho. On peut savoir ce que vous fabriquez, là ? Lee Minho, j'exige des explications ! Voilà donc votre plan depuis le début, n'est-ce pas ? Et Monsieur Hwang était votre complice ? Vous aviez tout planifié !

Manifestement, Minho n'était pas le seul à perdre la boule.

Quittant la fenêtre brisée contre laquelle elle s'était penchée, l'enseignante fondit sur Minho tel un rapace, l'air furieuse. Elle tendit la main pour attraper le roux par le bras lorsque Hyunjin s'interposa entre eux, la foudroyant du regard :

— Cela ne vous concerne aucunement, assena-t-il d'un ton qui n'admettait aucune réplique. Retirez-vous !

— Mais de quel droit me parlez-vous sur ce ton ? Et d'où sortez-vous, d'abord ? Que signifie toute cette histoire ?