35. GAME OVER.

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- Il est minuit." Avait lâché Shawn.

Il s'était figé devant moi et avait doucement glissé sa main sous mes cheveux, sur ma nuque. Son autre main avait repoussé les cheveux devant mon visage, et il avait attrapé mon menton.

On avait fini par s'embrasser.

Presque deux ans sans se toucher, s'embrasser, sans cette friction mortelle et délirante. J'avais réussi à le tenir relativement "loin" de moi depuis avril, mais j'étais à bout de forces. Et si nos amis avaient mis tous leurs efforts en commun pour que ce week-end nous rapproche, peut-être que c'était le signal. Le signe que c'était le bon moment.

Qu'est-ce que je raconte moi ? Il n'y a pas de bon moment pour nous.

Sarah s'était tue, enfin, et j'ai reculé mon visage lentement, comme dans les films quand deux personnages s'embrassent avant de séparer leurs lèvres avec une lenteur ridicule. Il a rouvert ses yeux : " Je peux plus continuer sans toi."

J'ai baissé la tête en me reculant, il a passé ses mains autour de ma taille : " Sarah, regarde moi."

Je l'ai violemment poussé en arrière : " Je ne m'appelle pas Sarah. "

Il a levé les mains en l'air, signe de soumission, et il a pris une voix douce que je ne lui connaissais pas : " Je suis désolé. Danila, je peux pas faire semblant encore, j'en peux plus, je sais plus comment..."

Je l'ai coupé en le giflant. Drama queen ? Oui.

Il a eu l'air excessivement surpris, j'ai froncé les sourcils : " Tu es un infâme personnage. T'es un monstre. Comment tu crois que je pourrai un jour avoir confiance en toi ? T'as vu comme tu traites ta meuf... Ta fiancée, Shawn, fiancée ! J'arrive pas à croire qu'on soit toujours bloqués sur le même problème : où est l'issue ?"

Il a enlevé sa main de sa joue, où je l'avais frappé : " Je sais pas quoi faire d'autre : si je t'ai pas toi, il faut bien que j'ai quelqu'un, tu crois pas ?"

Je lui ai mis un coup de pied dans le tibia : " Mais va te faire foutre, tu crois que les femmes sont tes objets ? Remarque, ça explique ton comportement avec moi, et aussi celui que t'as avec elle. Tu considères qu'on t'est dues, mais tu me rends malade. T'es un sociopathe, tu le sais au moins ?"

Il a baissé la tête, j'ai soufflé, pour essayer de me calmer : " Tant que tu seras avec elle, je ne cèderai pas. Même si tu la quittais proprement je ne sais pas si je me le permettrais. Et puis, tu sais quoi, je préfère passer ma vie avec Taylor qui ne me brisera jamais le cœur, plutôt que de passer les prochaines décennies à crever de désespoir avec toi."

Je me suis pris un gobelet neuf dans le sachet et j'ai attrapé une bouteille de rhum : " Le problème, c'est que je t'aimerai toujours un peu. C'était une mauvaise idée de venir ce week-end. C'est la dernière fois qu'on se voit en privé, Shawn."

J'ai attrapé du multifruit et j'ai préparé mon mélange dans mon verre avant de sortir fumer sur la terrasse. Il m'a rejoint juste quand j'allumais ma cigarette, il me l'a arrachée de la bouche : " Je ne suis pas d'accord."

- Rend-moi ma clope.

Il l'a mise entre ses lèvres avant de sortir un briquet et se l'allumer. J'ai soupiré et je me suis ressorti une cigarette. Il m'a fixée intensément : " Il est hors de question que j'abandonne. Je refuse. Et on dira à nos enfants que notre histoire est magique, sans leur parler de tout le mal qu'on s'est fait. Que je t'ai fait."

J'ai lâché un rire dédaigneux : " Si tu m'as pas rendue stérile avec tes coups de pieds dans le bide."

Il a fermé les yeux, je lui ai soufflé ma fumée au visage : " Ouais, ça aussi on leur racontera pas."

IRL [Magcon]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant