IRL [Magcon]

13. SWEET LIES.

Mercredi 7 septembre, 10:04 pm, hôpital.

- Mange, ça va refroidir." M'avait dit Shawn.

Qu'est-ce qu'il fout la d'abord ?

J'ai attrapé ma fourchette avant de piquer dans un brocoli à l'apparence un peu tristounette, sans le lâcher du regard, au bout de quelques secondes, ou minutes, ou années lumières, de silence, il a décidé de l'ouvrir : " Comment vas-tu Danila ?"

J'ai alors reposé mon couvert avant de lui jeter un regard neutre : " Pourquoi t'es la Shawn ?"

Oui, je suis une ingrate, une connasse et tout ce que vous voudrez, mais il n'a absolument rien à foutre ici.

Il a baissé les yeux et j'ai ressenti une pointe de culpabilité.

Je m'en tape.

Il s'est léché les lèvres : " Je m'inquiète pour toi tu sais, et puis j'ai réfléchi à ce que tu m'as dis à la soirée de Lele.."

- Envoie le chier." Siffle Sarah.

Non.

Je me suis mordu la lèvre : " Et qu'est ce que tu en as pensé ?"

Il avait relevé la tête mais son regard se voulait fuyant : " Que je suis vraiment le plus gros con des États Unis d'Amérique, et du Canada. Et maintenant j'en fais les frais."

- Bien fait pour ta gueule." Chantonne Sarah, moqueuse.

J'ai préféré le laisser continuer, prise d'un élan de je ne sais quoi. Le premier qui dit pitié, tendresse ou quoi que ce soit, je le fracasse.

Shawn a alors poursuivi : " Et je sais que tu ne reviendras que très difficilement sur ta décision, que j'ai laissé passer ma chance quand je l'ai eu il y a presque deux ans, mine de rien, mais la vérité c'est que j'ai eu peur."

Je n'ai pas pu m'empêcher d'ouvrir la bouche pour commenter, mais il m'a coupée de court : " Non ne m'interromps pas s'il te plaît, j'aurais jamais le courage de tout t'avouer sinon."

J'ai acquiescé et l'ai laissé poursuivre : " Pour tout te dire, depuis que je te connais in real life, tu me fais quelque chose. Tu m'as toujours fait de l'effet, quand j'ai parlé de toi à Bart pour qu'il t'intègre au tour, puisque je te rappelle que je t'ai pistonnée hein, un peu de gratitude ne serait pas de refus..."

On a eu un même rire un peu étouffé. Sarah a fait une grimace de dégoût : " Putain, je sens que ça va être long et dégoulinant de niaiserie."

Il a repris : " Bref, quand j'ai parlé de toi à Bart, je me doutais que j'allais pas pouvoir m'empêcher de te tester, mais j'étais bien loin de la réalité, j'étais à des années lumières de penser qu'on aurait ce genre de relation, j'ai jamais su la définir d'ailleurs : est-ce qu'on se déteste si fort qu'on est attiré l'un par l'autre, ou est ce que c'est parce qu'il y a cette tension sexuelle permanente et cette forte attirance en général qu'on en vient à se détester ? On a commencé par s'envoyer bouler, puis à s'envoyer en l'air, parfois juste on se réveillait dans le même plumard, sans même savoir pourquoi, à se lancer des piques à longueur de journées, à se chercher, d'abord par méchanceté, puis par jeu, pour voir jusqu'où ça pourrait aller. On a commencé à se chopper, d'abord bourrés, puis sobres, jamais on l'a assumé, et on l'assume toujours pas.. Pourtant tout le monde est parfaitement au courant qu'il y a un truc pas clair entre nous."

Il a baissé la tête avec un petit sourire adorable : " Je crois que mon moment préféré c'est quand on a fait l'amour après être entrés par effraction dans cette suite au dernier étage, à l'hôtel, juste avant de se retrouver comme des cons à s'enfermer dans une chambre froide. Tu m'avais fait super peur avec ton bad... Et puis tu t'es mise à évoquer l'idée d'un nous, et je me suis bloqué. Tu peux pas imaginer comme je m'en mords les doigts aujourd'hui, j'ai tellement été con, si j'avais eu des couilles j'aurais assumé ce que je ressentais pour toi, que t'étais ma crush depuis plusieurs semaines déjà et je t'aurais pas laissée filer. T'es une perle, Danila, et tu t'étais trouvé ta paire, Pierce. "