Chapitre 1: .

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        -Et il aurait dû! Si j'avais su je l'aurais laissé se noyer... Il n'avait qu'à mourir! C'est SA faute!

 La claque résonna longtemps à mes oreilles. Ma joue était en feu alors que le sang battait mes tempes. Sylvia n'avait pas retenu son geste. Ou n'avait pas voulu le retenir. Sa main m'avait violemment atteinte. Elle s'était relevée précipitamment, tremblante de rage, de frustration. Elle se tenait devant moi, la main toujours en l'air. Je ne sais pas si elle cautionnait son geste. J'avais été trop loin et tout avait dérapé. Je devrais avoir l'habitude maintenant. Ma joue rouge me brulait alors que mes yeux se brouillaient à nouveau. Le choc s'était répandu dans tout mon corps. Et ma raison me soufflait que je l'avais amplement mérité.

-Si c'est vraiment ce que tu penses, je ne veux plus jamais te revoir! Comment peux-tu souhaiter qu'il soit mort?!

Elle hurlait comme moi, sa voix crissait. Je sentais qu'elle se retenait pour ne pas dire des choses qu'elle regretterait. Elle était plus forte que moi à ce niveau-là. Sa bouche s'ouvrit et se referma comme si elle allait ajouter quelque chose. A la place, elle tourna les talons.

Même sans sa présence, rien ne changea sur la plage. Le vent continua à souffler, la mer à rugir et les vagues à déposer et à ramener des trésors de l'océan. Même moi, je restais là, perdue. Mes yeux s'étaient brouillés, ma joue me rappelait immanquablement notre conversation. Et les paroles de Sylvia ne cessaient de tourner en boucle dans ma tête.

-Pourquoi?

Je me posais cette question sans cesse. Mais elle n'avait jamais été aussi lourde que ce soir. La douleur dans ma poitrine s'était réveillée. L'impression qu'un trou béant la dévorait était de retour. Je me sentais littéralement à vif. Je ne souhaitais pas la mort de cet humain. Mais cela aurait été tellement plus facile si je ne l'avais pas sauvé! Si je n'avais pas été dans cette partie de l'océan, si j'avais obéit à mon père. A la fin, la faute m'incombait toujours. Et cela faisait mal. Autant que de savoir ce que j'avais perdu. Autant que de se dire que j'aurais pu le laisser mourir. Ma vue s'éclaircit un peu alors que des gouttes assombrissaient le sable. Sylvia avait raison. Et ça aussi, ça me faisait mal. Je me laissais tomber, les mains serrées sur la poitrine. Je me haïssais autant que j'aurais voulu pouvoir les haïr. Ce qui était impossible.

        Sylvia rentrait le cœur lourd. Rien ne s'était passé comme elle l'avait espéré. Elle était lasse. Elle s'en voulait un peu à l'idée de ce qu'elle avait proféré face à Merryl. Elle avait débité ses phrases aussi rapidement que ses sentiments lui permettaient. Elle avait voulu faire réagir cette petite sirène. Elle avait voulu voir qui elle était réellement. Elle savait que ce qu'elle leur montrait depuis qu'ils la connaissaient n'était pas vraiment elle. Cette fille pâle, fade, transparente. Tout ça n'avait rien à voir avec ce qu'elle attendait! Elle voulait tellement plus de celle qu'elle devait protéger. Même en sachant que c'était égoïste de sa part, elle ne pouvait pas accepter que cette fille soit réellement ainsi.

Elle savait pourquoi cette sirène avait été exilée, elle savait dans quelles circonstances. Et elle ne pouvait pas supporter de la voir se morfondre, pire d'en vouloir aux humains. C'était son choix. La sirène le savait. Sylvia voyait encore la fille de la mer les poings crispés et les regards lourds de sens qu'elle lui avait lancé. Elle avait pu y lire tellement d'émotions différentes. Tout les tourments qui pesaient sur elle, tout ce qu'elle retenait et cachait. Et le pire dans tout ça, elle l'avait vu totalement perdue. Cette fille voulait de l'aide sans se l'avouer. De n'importe où. Elle voulait juste que quelqu'un sois là pour elle. Sylvia le savait maintenant. Malgré tout le savoir la réconfortait à peine. Elle était aussi frustré contre cettee fille que compatissante. La colère, la rancune, la peur et la tristesse dominaient les sentiments de la sirène la désemparant et la rendant folle de rage. Comment avaient-ils pu la bannir? La laisser surmonter seule ses problèmes? Tout cela la dépassait. Ce n'était peut-être pas mieux sur terre... Mais Sylvia voulait croire en la bonté humaine. Quitte à se tromper. Un rire désabusé lui échappa.

-Après tout, je suis humaine. C'est dans notre nature de penser qu'on vaut mieux qu'ailleurs...

Blue Océan : Seconde partie: (en suspens)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant