Chapitre 4 - Normalité ?

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Depuis que Silvie a appris que je savais lire, je m'isole plus, voulant me fondre dans la masse et me faire oublier. Je dois être un enfant normal pour ne pas causer de soucis à ma mère. Et puis comment je serais traité si je suis différent ? Mais cacher ne m'apporte rien non plus. Qu'est-ce qui est le mieux, se fondre dans la masse sans risque de représailles ou être différent et vivre avec le rejet et les insultes des autres ?

Jusqu'à là j'avais choisi la deuxième option, enfin c'était plus une obligation qu'un choix, et cela m'a assez dégoûté. On donne sa vie pour le bien de tous et en échange on reçoit des insultes et des jets de pierres ? Une vie comme ça m'a suffit, je me fondrais donc dans la masse, mon choix est fait. Bien que certaines choses resteront incompréhensibles, voir impossibles, pour moi, je ferais de mon mieux pour être "normal". Mais c'est quoi être normal ? J'ai toujours été comme quelque chose sortant de l'ordinaire, un bâtard des bas-fonds, un truand sans avenir, le soldat le plus fort de l'humanité, un monstre, tous ces termes ont été utilisés pour me définir mais aucun ne disait : C'est un homme ordinaire. Pour moi la normalité c'est faire comme les autres, la même façon d'être, les mêmes envies, les mêmes hobbies. Dans le doute je demande à Sylvie.

- Dis, c'est quoi la normalité ?

Prise par surprise, elle réfléchit longtemps avant de répondre.

- Chacun a sa définition de la normalité... Mais si je devais te l'expliquer je te dirais que c'est être comme les autres... Bien que ce soit plus compliqué.

- Explique.

J'ai tout mon temps, et elle aussi bien que je ne sois pas le seul enfant dont elle doive s'occuper. Pour une fois que je lui demande quelque chose, elle s'assoit et continue ses explications.

- Pour ma part, je pense que la normalité est un terme péjoratif, tout le monde est normal et différent à sa manière. Et puis si tout le monde était vraiment normal pour ceux qui l'entourent, on seraient tous les mêmes et il n'y aurait aucune diversité dans le monde. Ce serait bien triste. De plus, on ne peut pas savoir comment on serait, juste au niveau du physique par exemple, les asiatiques trouvent que les blondes n'ont pas une couleur de cheveux normale, au Moyen-âge on brûlait les rousses car on pensait qu'elles étaient des sorcières, les Africains ont tous des cheveux frisés. Tu comprends ?

- Donc il n'y a pas de définition pour la normalité. Ça veut dire que quoi que l'on soit, on se fera traité différemment par tout le monde, dans le bon comme le mauvais sens. Mais qu'est-ce qu'on doit être pour convenir à tous ?

- Et bien tu as en parti raison oui, et pour ta dernière question, si tu voulais vraiment convenir à tous tu dois t'adapter à chacun et te fondre dans la masse, mais c'est impossible, donc si tu veux une vraie réponse, je te la donne. Soit toi-même, fiche toi de l'avis des autres et vis ta vie comme tu l'entends. De toute façon tu ne peux pas changer ta façon d'être.

- En gros tu me dis d'être comme je suis car la normalité n'existe pas...

- Tout à fait ! Aller maintenant viens faire les activités, nous allons commencer.

Ça m'aide pas beaucoup tout ça... Chacun à sa propre perception de la normalité ? Alors que je fais le travail demandé, mon esprit divague, me demandant quelle peut bien être ma perception de la normalité. Je reste dans mes interrogations tout le reste de la journée.

Lorsque je rentre de l'école avec ma mère, je lui pose la même question qui m'est restée dans la tête toute la journée. Sa réponse se fit attendre.

- Pour moi la normalité n'a pas de définition précise. On dit souvent que c'est quelque chose qu'une majorité de personne a décidé de rendre normal ou non. Je dirais que c'est une opinion personnelle qui ne dépend simplement de notre vécu, notre éducation, notre culture et bien d'autres. On aura toujours un point de vue différent sur ce qui est normal ou non avec d'autre personnes. La normalité n'a rien de concret et n'est pas une chose acquise, personne ne peut décider de ce qui est normal ou non, ce serait comme imposer un point de vue. Si on veut aller plus loin on pourrait dire dans ce cas qu'il n'y a plus de liberté d'opinion.

Après la mort {EruRi}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant