Après la mort {EruRi}

Chapitre 26 - Déclaration

PDV Erwin

Mon dieu... Tout m'est revenu. Absolument tout. Tous ces temps de guerre qui m'ont forgé, peu à peu jusqu'à m'achever. Je crois bien que j'étais mort de l'intérieur depuis longtemps, et cela ne faisait qu'empirer à chaque personne qui perdait la vie pour cette noble cause que représentait le bataillon d'exploration. Ma quête de savoir ce qui se cachait derrière ces murs était ma seule raison de vivre, et Livai ne m'a jamais abandonné, même lorsqu'il a compris que mes intentions n'étaient pas aussi louables que je lui ai longtemps fait penser. Il est toujours rester avec moi. Comment ai-je pu l'oublier ? Il était toujours avec moi, même maintenant, et je le voyais bien lors de mes premiers souvenirs, ceux sous forme de rêves. Je me sens tellement indigne de toute sa confiance qu'il m'accordait, car j'ai bien compris une chose lors de mon rétablissement après le match. Lui se souvenait de moi. Il ne m'aurait jamais interpellé en plein milieu de la rue autrement. Je revois encore son visage se décomposer lorsque je lui ai demandé qui il était, mais surtout en voyant Cécile. Notre relation entre lui et moi n'a jamais été explicitement exprimée, mais elle était bien là, plus forte que tout, même si je crois que Livai ne s'est jamais rendu compte que ses sentiments, si il les avait compris à l'époque, étaient réciproques. Et moi j'ai brisé ce lien si fort en me mettant avec cette femme, qui s'est révélée d'une jalousie maladive. Ceci dit, je crois que dans un certain sens elle me faisait assez penser à lui, des cheveux corbeaux, une petite taille, son attention envers moi. Sauf qu'elle n'était pas lui, et que c'est pour ça que tout s'est effrité une fois que je l'ai revu. Je suis désolé Cécile...

Mais à présent je me souviens de lui, et je ne l'oublierais plus c'est indéniable. Je prends ses petites mains dans les miennes, confirmant que tout cela est bien réel. Son visage me prouve qu'il est troublé, c'est vrai que je n'étais pas aussi direct il y a quelques jours, mais ce n'était pas vraiment moi. Ceci dit, je remarque maintenant que ses sentiments à mon égard restent inchangés, et j'en suis très heureux. Je ne cesse de le regarder, contemplant son visage qui m'a tant manqué.

- Erwin ?

Je souris en remarquant qu'il rougit, bien que très légèrement. J'ai toujours été le seul à lui faire cet effet là, ce que j'ai toujours trouvé très flatteur. Lui est resté le même, je le vois dans ses yeux. C'est bien mon Livai... Je ne veux pas le laisser partir. Dans notre précédente vie, je n'ai jamais osé lui dire, par peur de le perdre ou que cela change son comportement lors de nos sorties hors des murs, mais ici la mort ne rôde plus. Il n'y a plus aucun risque, et je veux le savoir avec moi.

- Dis Livai... Je peux te parler ?

Il y a trop de monde ici, et trop de bruit. J'aimerais vraiment être en seul à seul avec lui pour ne pas être dérangé par l'un de ses clients, ce que j'ai à lui dire est très important et suscite toute son attention. Un sourire m'échappe alors que je constate qu'il est gérant d'un salon de thé, je me rappelle que ça avait été sa réponse à l'interview avec le journaliste lorsque celui-ci nous avait demandé ce que l'on aurait fait si nous n'avions pas rejoint le bataillon d'exploration. En réfléchissant, je m'aperçois que tous mes camarades de combat se sont tous rassemblés, comme par magie. Pourtant mon intuition me fait dire que la chance n'y est pas pour grand-chose. Livai détourne le regard, regardant la salle bruyante en silence.

- Je ferme pendant 3/4 d'heure ce midi... Tu peux attendre jusque là ?

Il semblerait que je doive attendre la fin de son service pour qu'on soit au calme rien que tous les deux, donc je prends mon mal en patience.

- Bien sûr ! Merci.

- T'es bizarre... T'es sûr que ça va ?

Le doute se lit aisément dans son regard, ou du moins c'est le cas pour moi. Il s'est toujours soucié de moi, et voir que ça n'a pas changé m'enchante plus que je ne le pensais.