Sans détours

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La réalité ne touchait plus les deux duos de colocataires.

Les portables d'Aurélien et de Gringe avaient tant sonnés qu'ils avaient fini par les éteindre. La joie battait son plein dans leur location.

Un soir, Guillaume sorti fumer. Il rentra, les yeux rouges. Léona se mit à froncer les sourcils en le voyant rentrer.

"Qu'est-ce qu'il se passe ?" demanda-t-elle.

Guillaume s'assit à sa place dans le canapé, en silence.

"Mon frère a refait une crise psychotique, il est retourné à l'hôpital."

Léona hocha la tête. Elle prit la main de Guillaume et l'entraina dans leur chambre, pour qu'ils puissent discuter tranquillement. Solia et Aurélien restèrent tous deux sur le canapé sans un mot. Ils laissèrent la réponse de Guillaume s'étouffer lentement dans l'air.

La rouquine se leva, et elle entreprit de ranger tout ce qui trainait, dans le salon puis la cuisine.

Aurélien ne bougea pas pendant quelques minutes puis il la rejoint dans la cuisine. Il prit Solia dans ses bras, alors qu'elle lui tournait le dos. Sans un mot, il posa sa tête sur l'épaule de la jeune femme. Elle reposa délicatement ce qu'elle avait dans les mains sur le plan de travail devant elle. Ils restèrent là, sans bouger pendant quelques longues minutes.

"Ne me laisse plus."

La voix de la rouquine avait résonné comme une faible supplique. La tête baissée, elle ne bougea pas d'un cil. Aurélien non plus, pendant quelques secondes, puis il resserra un peu plus fort son étreinte sur la jeune femme.

"Je suis là." murmura-t-il à son oreille.

Solia se tourna lentement vers lui, puis elle leva ses yeux embués de larmes. Aurélien lui sourit doucement et essuya ses larmes. Il saisit ses hanches et la hissa sur le plan de travail où elle s'assit.

Aurélien prit son visage en coupe entre ses grandes mains. Il vint coller son front à celui de la rousse, et y déposa un doux baiser.

Ils restèrent là, silencieux, collés l'un à l'autre, savourant leur présence à chacun, profitant de l'instant présent tel qu'il était.

A quelques pas de là, Léona et Guillaume étaient allongés l'un contre l'autre dans leur chambre, leurs jambes emmêlées. Guillaume avait raconté toute l'histoire autour de sa famille, son frère, son enfance. Il parlait, encore et encore. Léona l'écoutait, d'une oreille, et de l'autre, elle écoutait son cœur battre dans sa cage thoracique. Il battait la chamade au rythme de son récit.

Léona emmêlait ses longs doigts aux cheveux du brun, dans de petits mouvements circulaires, dans le but de l'apaiser. Cela devait marcher, car son agitation ne durait jamais bien longtemps, il se calmait vite au bout de quelques secondes, et il reprenait alors son exploration des courbes de Léona qu'il dessinait du bout des doigts, le long de son dos. Elle frissonnait alors, silencieuse.

Le récit de Guillaume s'acheva. Léona avait les yeux fermés, concentrée. Ils restèrent muets, mais elle se redressa délicatement pour le regarder dans les yeux. Elle ne prononça pas le moindre mot. Ils restèrent à se regarder dans les yeux, et finalement, Guillaume rompit le silence dans un soupir.

"On devrait préparer nos affaires, on rentre demain..."

Léona prit une expression surprise, avant d'arquer un sourcil.

"C'est toi qui propose ça ? Eh bien... les choses changent vraiment."

Elle se leva alors, aidant le brun à en faire de même et ils rassemblèrent leurs affaires, sans faire de distinctions entre celles de Guillaume et celles de Léona.

Une demi-heure plus tard, ils étaient de retour dans le salon qui était également la destination d'Aurélien et Solia. Leurs joues rougies les trahissaient, mais personne ne fit la moindre remarque à ce propos.

Ils profitèrent de leur dernière soirée au calme, loin de la réalité, autour d'une pizza. Le monde pourrait s'effondrer, ils n'en auraient pas été touché le moins du monde.

J'ai tendance à bloquer. [Fanfic Bloqués]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant