Prologue

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Le crépuscule tombait sur le pic des Enfers. Tout semblait calme. Pourtant, une jeune fille courait à pleine allure dans le bois qui bordait ce pic vertigineux. Les trois garçons du village, Peter, Léo et Eliot la poursuivaient. C'était de vraies brutes. Ces trois colosses terrifiaient tous les enfants du village. Et cette fois, ils s'en étaient pris à Louise. Elle n'avait que 14 ans, alors qu'ils en avaient 16 tous les trois. Louise essayait de semer ses poursuivants, mais sans succès. Ses longs cheveux blonds, qui lui arrivaient normalement à la taille, voltigeaient derrière elle et ses yeux bleus cherchaient désespérément une issue. Elle avait de l'endurance et courrait vite, mais elle ne pourrait pas tenir éternellement : elle commençait déjà à fatiguer. Or, ces trois colosses n'avaient peur de rien. Elle zigzaguait avec habilité entre les arbres, mais les garçons commençaient à la rattraper et sa tête à lui tourner. Elle eut alors une idée, qui lui semblait être sa seule issue : " Il faut que j'aille jusqu'au pic des Enfers, c'est ma dernière chance." Elle pris donc la direction du pic, et jeta un coup d'œil à ses poursuivants : " Encore quelques mètres et ils sont sur moi, se dit-elle. Il faut que j'arrive au pic avant qu'ils ne me rattrapent." À peine eut-elle pensé ceci que la forêt devint plus dégagée, les arbres se firent plus rares et le ciel s'éclaircissait à mesure qu'elle avançait. Elle puisa dans ses dernières forces et couru jusqu'au pic des Enfers. Enfin, elle le vit : un grand espace dégagé qui surplombait le paysage, des rochers de part et d'autre du pic, ainsi qu'un grand morceau de pierre, très fin mais assez long, qui sortait de la montagne et qui donnait l'impression d'une petite passerelle de roche sans rien au bout. " Voilà l'issue inespérée ! Peter, Léo et Eliot ne me suivront pas ici. En tout cas, je l'espère..." Louise ralentit un peu et marcha jusqu'au bout de la passerelle. Mais les trois garçons ne se laissèrent pas impressionner. Ils commençaient à s'engager sur le bout de roche quand une fissure apparut, en même temps qu'un craquement sinistre et sonore. Les trois garçons se regardèrent, et, d'un même mouvement, prirent leurs jambes à leurs cous. Louise resta là, se demandant quel miracle les avaient fait déguerpir. Quand son regard se posa sur la fissure, un frisson d'appréhension la parcourut. Le craquement recommença, faisant tomber le petit bout de roche sur lequel était placée Louise. Puis ce fut la chute. L'air fouettait son visage. Le vent gonflait ses vêtements, puis les dégonflait, comme si c'était un jeu. Malgré l'enthousiasme de " voler ", la peur gonflait les entrailles de Louise. Elle descendait en chute libre, il n'y avait rien pour la rattraper en bas. " Ça y est, c'est la fin de mon existence, se dit-elle. J'aurais aimé vivre un peu plus longtemps. Mourir à 14 ans, quand même..." Tout à coup, une bourrasque plus puissante que tous les vents qui s'amusaient à jouer avec elle la déstabilisa. Elle regarda à sa gauche et vit un éclat blanc et lumineux. Quand elle l'aperçut de nouveau, elle vit l'origine de ce miroitement : c'était un dragon gigantesque, d'un blanc de neige, les ailes grandes ouvertes, et qui fonçait sur elle, toutes griffes dehors.

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