Chapitre 2 : L'autre

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À peine furent-elles parties que Louise eut conscience de ce qu'elle venait de penser et elle comprit l'ampleur de ses paroles. Pour elle, cela exigeait beaucoup de responsabilités. D'abord, se nourrir. Pas de problème avec une dragonne. Ensuite, un abri. Vérity pourrait la couvrir, mais la dragonne ne serait pas à l'abri des intempéries. La dernière chose à prévoir, c'était du matériel. Un sac, une boussole, et tout le nécessaire pour son aventure. Et ça, même Vérity ne pourrait pas lui procurer. Elle devait absolument s'arrêter dans un village pour avoir des affaires. Or, la nouvelle de sa fuite ne mettrait pas longtemps à se propager. Elle devait donc s'arrêter dans le premier village qu'elle rencontrerait. Mais elle devait s'approcher sans sa dragonne, si elle ne voulait pas que le même événement qui eut lieu à son village natal se reproduise.
"- Je comprends que tu ai besoin de tout ça, mais je vais les effrayer. Ce n'est pas la peine d'y penser, même pas une seconde."
"- Mais si tu ne te montre pas, il ne pourront pas nous accuser ! "
"- Oui, c'est faisable."
"- On s'arrête au prochain village, alors ? "
"- Oui, d'accord. Tu as de la chance, je crois que je vois de la fumée, la bas. "
"- Pose-toi, je vais chercher le nécéssaire."
Vérity amorça un virage pour descendre en vrille. Elle atterrit dans un nuage de poussière, soulevant quelques rochers qui se trouvaient là. Louise mit pied à terre et rassura intérieurement la dragonne. Derrière eux, se trouvait une petite caverne, assez grande pour elles deux. Elles décidèrent d'un accord commun qu'elles trouveraient refuge ici le temps qu'il leur faudrait. Vérity rentra de son pas lourd dans la caverne, le dos toujours tourné et ne prononça plus un mot. Elle s'assit dans un grognement sonore. Louise tourna les talons et pris le chemin qui menait à la petite ville, croisant hommes et animaux qui empruntaient le sentier. Quand elle pu enfin voir en détails l'arche qui dévoilait la cité, elle l'examina, remarquant quelques scènes finement sculptées, représentant toutes un dragon se faire massacrer. Elle frissonna, puis passa sous l'arche d'une démarche rapide. Arrivé dans la ville, elle remarqua une boutique au couleurs vives, proposant du matériel d'expédition. Elle se fraya une chemin dans la foule abondante, et ouvrit la porte, qui grinça. Une clochette retentit à l'intérieur, et un vieil homme se précipita sur elle. Il n'y avait personne a part eux dans la boutique. Elle semblait sombre, sans aucune vie. Louise acheta des vivres, un sac et trouva du petit matériel utile à son aventure. Lorsqu'elle sortit enfin, elle constata que le soleil avait bien avancé dans le ciel. Elle repartit dans une rue parallèle à celle qu'elle venait de quitter. La foule était moins importante, et plus elle avançait, plus les personnes se faisaient rares. Trois personnes marchaient encore dans la rue, d'un pas rapide. Un cri vint soudain déchirer le silence, derrière elle. Louise se retourna vivement et aperçût un jeune homme, de son âge, qui se disputait avec apparement le patron de la boutique devant laquelle il se trouvait. Le propriétaire de la petite maison avait un air furieux, mêlé de crainte, contrairement au jeune homme, qui avait un air plutôt décidé. Ils parlaient vivement, et leur conversation n'avait en rien l'air courtoise. Louise s'approcha pour pouvoir écouter, et si possible, mettre fin à leur dialogue, intriguée.
"- Pourquoi vous ne voulez pas me vendre de votre matériel ?!?
- Je... Non, ce n'est pas ça... Mais je dois fermer ma boutique, répondit le malheureux vendeur, terrifié.
- Dites plutôt que vous ne voulez pas me vendre vos affaires. Vous avez vendu un objet à la personne qui était devant moi, et vous m'avez demandé ce qu'il me fallait !
Louise intervint, craignant que la discussion prenne un tournant plus périlleux :
- Que se passe-t-il ici ?
Le jeune homme se tourna vers elle. Il avait les cheveux noirs et les yeux verts, une large cicatrice lui barrant le visage. Il portait un jean bleu clair, avec un pull trop grand pour lui, d'une couleur noire, qui mettait ses yeux en évidence. Louise fut étonnée de voir un regard doux sur son visage, bien qu'il soit furieux. Un de ses yeux était caché par une mèche de cheveux noirs de jais. Il fit un mouvement brusque, laissant voir briller une bague d'argent à l'un de ses doigts :
"- Cet homme ne veut pas me vendre son matériel. Mais je ne veut pas vous induire dans cette affaire, demoiselle. Je vous en prie, continuez votre chemin.
- Où comptez vous aller avec ce matériel ? demanda Louise d'un ton brusque.
- C'est une question un peu personnelle... dit il en hésitant. Mais je veux aller jusqu'au pic de Neige.
Le vendeur le regarda comme si il était devenu fou. Louise enchaîna :
- Eh bien ! Quelle coïncidence ! reprit-elle d'un on joyeux. Je m'y rends aussi. Faisant le chemin ensembles, j'ai déjà acheté des vivres.
- Si vous le voulez. Un peu de compagnie sera la bienvenue.
- Très bien. Alors allons-y, ne vous occupez plus de ce vendeur. Au revoir, ajouta-t-elle d'un ton monotone à l'intention de ce dernier.
L'homme de la boutique les regarda s'éloigner, puis claqua la porte de sa boutique. Lorsque que nous passâmes sous l'arche, le jeune homme frissonna. Je l'interrogeais :
"- Comment s'appelle -t-il ?
- De quoi !?!?! Pardon, je ne vois pas de quoi vous parlez, mademoiselle.
- Je parle de votre dragon. Comment s'appelle-t-il ?
Le jeune homme me regarda et resta bouche bée.
- Alors ? renchainais-je. Quel est le nom de votre dragon ?
- Comment avez vous su ?
- Allons, c'est évident ! Tous les dragonniers se rendent au pic de Neige et votre regard l'exprime également.
- Comment allez vous m'accompagner ? Vous avez proposez de m'accompagner, mais puisque vous ne pouvez pas voler, comment viendrez-vous avec moi jusqu'au pic ?
Ils arrivaient à la caverne.
- Oh si, je peux voler, répondit Louise d'une voix énigmatique.
Le jeune homme paru perplexe. Louise s'enfonça dans la caverne et ressortit quelques instants plus tard sur le dos de Vérity, la couleur blanche de ses écailles ressortant dans la lumière rougeâtre du crépuscule.
- Alors ? Comment s'appelle-t-il ?
- Ildra. Elle s'appelle Ildra.
- Et vous ? Quel est votre prénom jeune homme ?
Il y eu un moment de silence, puis il parla, d'une voix douce :
- Mon nom est Max. Et si cela ne vous dérange pas, j'aimerais connaître le votre.
- Bien sûr ! Je me nomme Louise.
- Enchanté. J'appelle ma dragonne, si cela ne vous dérange pas.
- Je vous en prie. Mais tutoyez moi, s'il vous plait.
- De même pour moi.
Le jeune homme avança de quelques mètres, et resta silencieux. Louise savait qu'il appelait sa dragonne mentalement, tout comme elle pouvait communiquer avec Vérity par l'esprit. De puissants battements d'ailes se firent entendre, suivis aussitôt par un gigantesque dragon bleu marine, presque noir.

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