Twilight ~ Night Dawn

Chapitre 17 : Promesses

Ses prunelles ne pouvaient s'en détacher. Il était juste là, devant lui. Depuis un an que cette douleur palpitait dans sa poitrine et dans son esprit, il ne pouvait déterminer si cet instant était pire que les autres. Sur le point d'imploser, il ne savait si c'était de douleur, de joie, de tristesse ou d'allégresse. Sa présence suffisait à rendre l'atmosphère étrange, à la fois tendue, électrique, et en même temps si belle et si merveilleuse. En réalité, lui-même ne pouvait croire à ce qu'il voyait.

Son corps refusait de lui obéir. Il ne savait aucunement comment réagir. D'ordinaire, il ne restait jamais indécis, il savait parfaitement ce qu'il devait faire et comment le faire.

Mais les larmes de Seth, à genoux devant lui, avaient suffi à le désarmer. Alors il demeurait immobile, les mâchoires serrées, ne pouvant détourner les yeux. Son murmure, secoué de larmes et de sanglots, fut étouffé par cette main qu'il plaquait devant sa bouche, empêchant sa tristesse d'exploser devant l'immortel.

- Tu es... revenu... C'est impossible... c'est un... rêve... ?

Instinctivement, Caleb serra le poing, s'empêchant de courir à ses côtés, et de l'entourer de ses bras de marbre glacé.

Seth demeurait à genoux, sur l'herbe du jardin du Chef Swann. L'immortel ne pouvait croire que le jeune homme devant lui était le jeune louveteau qui lui avait demandé de veiller sur lui durant une nuit complète, un soir d'hiver. Il était plus grand, et sa musculature s'était largement développée. Ses yeux, dont la tristesse avait coloré d'un bleu violacé durant douze mois, laissaient des larmes rouler sur ses joues, plus creuses qu'auparavant, pour finalement se perdre dans la fine barbe de trois jours qui recouvrait le bas de son visage. Caleb avait quitté un jeune garçon, et retrouvait un jeune homme.

Il ne su comment, mais une force invisible fit avancer son pied droit, puis le gauche. Sans que sa volonté ne puisse interférer dans le contrôle de son corps de glace, il avançait, lentement, laissant la pelouse défiler sous ses pas légers et silencieux. Jamais, en dehors de la chasse, ses yeux ne fixaient quelque chose avec autant d'intensité. Mais d'où venait cette force ? D'où venait cette puissance qui l'obligeait à avancer, à parcourir les quelques mètres qui le séparaient de lui. En son fort intérieur, le vampire ignorait s'il souhaitait aller plus vite, ou au contraire reculer, le plus possible. Mais il demeurait spectateur de son propre corps, qui rejoignait celui qu'il s'était efforcé d'oublier.

Son odeur... cette odeur qu'il avait tenté d'annihiler et d'enterrer au plus profond de lui, et pourtant qui était restée en suspens dans son esprit, l'enivrait, le caressait, l'entourait. Cette odeur, qui lui avait semblé nauséabonde aux premières effluves, paraissait désormais un doux parfum, apaisant son âme, et son désir de sang.

Jamais, durant sa longue vie de chasseur nocturne, il n'avait connu un instant aussi long. Et pourtant, bien trop rapidement à son goût, il se trouvait à quelques centimètres de Seth, qui restait à genoux, assailli par ses larmes et ses sanglots.

Les yeux rouges et ors du vampire s'écarquillèrent lorsque les mains de Seth, qui avaient conservé cette finesse et cette douceur, attrapèrent le bas de son pantalon pour l'attirer à lui. Les poings serrés, et le visage contracté pour retenir ses émotions de couler, Caleb se tenait droit, debout, enlacé à la taille par le jeune loup qui mouillait le bas de son tee shirt avec des larmes salées et amères.
Il ne savait que faire. Le noyer sous les excuses ? Le supplier de le pardonner ? Lui demander s'il avait pensé à lui durant ces douze mois ? Que faire ? Quoi dire ? Il n'en savait rien. Avec Salazar, tout paraissait si évident. Nul besoin de se parler, simplement de s'effleurer, de se regarder.