Chapitre 8 : Un marché est un marché

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[Tennessee, 15 décembre 1864]

Salazar entra le premier dans l'immense demeure. C'était une très vieille bâtisse, qui avait été rénovée par un riche entrepreneur avant d'être vendue une véritable fortune. Les murs étaient blancs, les colonnes étaient incroyablement grandes, et le porche était le plus grand que Caleb n'avait jamais vu au Tennessee. La nuit noire entourait le domaine, dont la superficie s'étendait à plusieurs hectares. Lorsque Caleb fut entré à son tour, ses yeux prirent une seconde entière pour analyser tout ce qui se trouvait dans la pièce, et ainsi établir un constat de l'état des lieux. Le mobilier était de qualité, majoritairement en bois d'ébène, avec divers bibelots pouvant aller jusqu'aux milliers de dollars confédérés.

En entrouvrant à peine les lèvres, Caleb émit un murmure si bas qu'aucun humain n'aurait pu l'entendre, dans sa langue d'origine qui plus est :

- Il me semblait, selon tes enseignements, que nous ne devions point intervenir dans les affaires des humains.

Salazar, de dos, lui répondit, avec un très léger sourire.

- Nous sommes des chasseurs Caleb. L'heure est venue pour nous de souper. Or, il me semble n'avoir seulement choisi qu'une proie de qualité.
- Ose me dire que des aspirations personnelles liées à cette guerre n'ont pas interférées dans ton jugement, Salazar.

Son créateur avança légèrement avant de se tourner vers sa progéniture.

- Fort bien. Je ne me prononcerais point.

Caleb esquissa un petit sourire plein de malice. Puis il remonta jusqu'à son créateur.

- Il est à l'étage.
- J'ai pu constater l'ignominie de son âme depuis l'extérieur.

Sa progéniture hocha doucement la tête, et la seconde suivante, les deux vampires se trouvaient devant une immense double porte en bois. Ils constatèrent les gravures, faites avec le plus grand soin, dans l'encadrure de la porte.
Salazar, dont les yeux restaient fixés sur la porte en bois dans la direction de sa proie, s'adressa à sa progéniture.

- Cependant Caleb, je dois te rappeler les valeurs que je t'ai inculquées. Lorsque nous sommes invités, nous devons nous tenir correctement à table.

Caleb esquissa un sourire très amusé en tournant la tête vers son créateur.

- Cette chose possède le plus grand nombre d'esclaves de cette partie de Nashville et est également un des principaux financeurs de John B. Hood n'est-ce pas ?

Pour toute réponse, Salazar hocha doucement la tête, tandis que Caleb posa ses yeux sur la porte. Juste derrière, le vampire pouvait entendre un léger ronflement, et un cœur battant un rythme régulier. Il plissa les yeux.

- En ce cas... je ne puis rien te promettre. Pardonne moi.

Puis lentement, les deux vampires pénétrèrent dans la chambre du maître des lieux.
Au dehors, dans des petits cabanons en bois, les esclaves, épuisés, fatigués, et enchainés, ne pouvaient entendre les hurlements étouffés que pouvait émettre ce qui était autrefois leur maître. C'est Ronna, la domestique, qui entra en première dans la chambre de l'esclavagiste. Elle hurla à s'en briser les cordes vocales lorsque ses yeux se posèrent sur le véritable massacre qui avait eu lieu dans cette chambre. Ses rétines étaient désormais imprégnées de sang, de chairs, et d'os.
Alertés par un message mystérieux, un groupe de soldats nordistes arriva au même instant sur le pas de la grande bâtisse.
Non loin de là, Caleb et Salazar, à l'abri d'un bosquet, couvraient des yeux les forces nordistes qui anéantissaient les gardes du domaine, et libéraient les esclaves de leurs chaînes.

Twilight ~ Night DawnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant