Mauvais rêve

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Mauvais rêve

Il fait sombre. Il fait noir. La terreur m'entoure et me lacère le visage. Ma robe de mariée est aussi lourde que du plomb et m'empêche de courir aussi vite que je le voudrais. Je sens que quelque chose ou quelqu'un me rattrape. Alors je cours, je cours comme je peux. Je me sens affreusement mal. Mes jambes sont en mousse et ma peau se déchire pour laisser mon sang gicler sur ma robe empoisonnée. Une voix m'appelle, m'ordonne de revenir à la maison. Mais je ne veux pas, je ne veux pas retourner dans ma cage. Je vois une lumière qui s'approche. Mais je fonce, je veux être libre...

Je me relève en sursaut. Dans le noir. Au milieu du lit de ma chambre d'hôtel. Ce rêve inspiré de mes pires craintes me donne des sueurs froides. Je me lève difficilement de mon lit en ayant le but d'aller me rafraîchir dans la salle de bain. Au bout de trois chutes au sol, je décide d'atteindre mon objectif en rampant. Une envie de vomir me prend aux tripes. Je me penche au-dessus de la cuvette des toilettes. Je me sens affreusement mal, et seule. J'en ai marre de cet état de crainte. J'en ai marre d'être loin de tous ceux que j'aime. J'ai terriblement envie de pleurer. Pourquoi suis-je partit comme ça, comme une voleuse ? Est-ce que ma famille sait que je suis partie ? Mon égoïsme me revient à la figure. Je me sens si seule et stupide dans ce moment-là, assise en plein milieu de cette salle de bain elle-même dans un hôtel dans une ville inconnue. Je n'ai pas envie de rester là, dans une souffrance que je me suis moi-même infligé. Dans cette inquiétude soudaine, une idée me vient. Je glisse jusqu'à mon téléphone et cherche dans mes contacts.

— Allô...

— Thomas

— Oui

— je te dérange

— Oui

— Ah désolé. J'ai besoin de toi, je n'ai pas envie d'être toute seule !

— ...

— Thomas ?

— ...

— THOMAS !

— Qu... Quoi ?

— Tu peux venir me chercher, s'il te plaît.

— Pourquoi ? Je dors moi !

— Je t'en supplie !

— Bon, j'arrive.

Il pleut dehors. Je m'abrite devant l'hôtel dans une tenue trop simple pour résister à se mauvais temps. Je grelote de froid tandis que j'attends qu'on vienne me chercher. Soudain, je vois une voiture noire s'arrêter devant moi. Par prudence, je regarde à travers la vitre, au cas où je tombe sur un inconnu louche. Je m'empresse de rentrer, car il pleut toujours dehors et surtout pour limiter la casse face à la bonne humeur de Thomas encore en plein sommeil. Une fois ma ceinture mise, il accélère, sans me jeter un regard. Je lance un petit salut, sans réponse. Je décide donc de rester discrète et muette.

— Pourquoi tu es venue ici ?

— Pardon ?

— Pourquoi tu es partit loin de tes amis, ta famille ton fiancé ?

Une hésitation laisse un long silence. Je respire profondément.

— Je n'aime plus Liam, j'ai rompu nos fiançailles.

Plus rien. Pas un mot, pas un bruit, rien. J'espère recevoir une réaction, en vain. Thomas reste de marbre, les yeux rivés sur la route. Je pensais me libérer en lui disant la vérité, mais je culpabilise de plus en plus. Des larmes coulent sur mes joues. Qu'est-ce que j'ai fait...

— Pourquoi tu as fait ça ?

— De quoi ?

— De t'enfuir ?

— Parce que... Je ne l'aime plus.

— Tu ne t'en ai pas aperçu avant ?

— Si, enfin... pas vraiment mais...

— Et il ne t'arrive pas de réfléchir avant de partir comme ça ?

— Si mais... Tout le monde était là, ils étaient si heureux...

— Qui ?

— Les invités de la fête.

— Quelle fête ?

— Pour mes fiançailles.

Thomas donne un grand coup de volant, me projetant sur la vitre. Il s'arrête sur le bord de la route, le regard toujours fixe.

— Donc tu es partit le soir où tu célébrais tes fiançailles, c'est ça ?

— Oui.

— C'est tellement cruel. Tes décevante parfois.

— ...

Et le silence recommence. Il repart sur la route, toujours de marbre. Pendant ces quelques secondes à l'arrêt, toute ce qui pensait, sa réaction s'est exprimée mais pas à l'extérieur, comme un ballon gonflé d'air et qui pourtant n'explose pas. J'aurais préféré qu'il me hurle dessus ou n'importe quoi d'autres, mais pas ce que je me reproche déjà. Je n'ai vu personne d'autres depuis mon départ, mais je sais qu'ils pensent la même chose.

— La prochaine fois, réfléchit avant de partir comme une voleuse malheureuse. Ta une vie toute tracée, alors suit là et arrête de pleurer.

J'essuie mes larmes avec la manche de mon gilet fin. J'en peux plus, je suis fatiguée.

Guimauve acideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant