La lumière

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    La voiture s'arrête. Un souffle de fatigue traverse mon corps tremblant. J'ai passé toute la nuit sur la route à réfléchir à mon acte. Qu'est ce que j'ai fait ? Était-ce la meilleur solution ? Je sors de la voiture et me retrouve dans la rue d'une ville dont j'ai vaguement entendu le nom de la part de mon instinct. L'air marin flotte autour de moi. Je marche en direction de la lumière.

    Subitement, des mains glaciales et électriques parcourent mon corps des pieds jusqu'à la racine des cheveux. Je sens le sang mélangé à des débris de verre courir dans mes veines. Ma peau me pique comme si on me transperçait de milliers d'aiguilles. Mes mains tremblent comme des feuilles d'automne sous le vent. Une lame formée de sons négatifs me tranche la tête et me hurle « cours ! », « fuit ! ». Un mélange de sentiments fourmille dans mes tripes. Un champ magnétique veut m'empêcher de bouger. Pourtant, je lutte de toute mes forces. Il faut que j'avance. Il faut bouger, changer le monde... Il faut que je change mon monde.

   La lumière m'éblouit. Je me retrouve dans une rue piétonne remplie de magasins, de cafés et d'humains. Je déambule tel un zombie, cherchant dans ma mémoire pourquoi j'ai voulu venir ici. Cette endroit est agréable. Tout le monde à l'air d'être en vacances, sauf certaines personnes en costume cravate qui courent contre la montre. J'ai l'impression d'être une tâche noire sur un drap rayonnant. On me regarde bizarrement. Peut être parce que ce n'est pas habituel de voir une fille en tenue de soirée à 8h du matin. 

   J'entre dans une boutique de vêtements qui m'a l'air sympathique et entends la vendeuse me saluer avec du Soleil dans la voix. Je lui souris faiblement et me perds dans les rayons. Après mûre réflexion, j'opte pour jean, baskets noirs, tee-shirt jaune, veste en jean et lunettes de Soleil. Je remercie mon moi du passé d'avoir voulu prendre de l'argent dans mon sac « au cas où ». Je me change dans la cabine et me rends compte qu'il me faut un plus grand sac pour mes anciens vêtements.

    Je sort enfin avec un magnifique sac rose pale. Je retrouve la joie de vivre et me promène d'un pas assuré, mais je ne sais pas où je vais. Ce n'est pas grave, avec ce qui s'est passé j'ai bien le droit de me détendre !

    Par contre marcher pendant 3h c'est quand même épuisant. Je m'assoit sur un banc et admire les vagues séparée de moi par la plage. Un instant j'oublie ce qui s'est passé. Je me laisse emporter par la douceur du vent. Soudain, mon nouveau super sac vibre. Je l'ouvre et attrape mon téléphone.

-Allô ?

-JULIE ! C'EST ANNE-MA... »

J'ai raccrochée, trop de stresse. Mon cœur bat à tout rompre. Je mets en doute les raisons de mon acte. Je ne sais pas quoi faire. La panique me gagne. Je me mets à marcher de plus en plus vite, la tête baissée. Je me sens honteuse.

    D'un coup, je percute quelqu'un. Je recule et tombe à terre. Je reste assise quelque secondes le temps que le flou autour de moi disparaît. Les larmes m'empêchent de réfléchir calmement. En levant la tête, j'aperçois la main tendue de l'inconnu. J'accepte son aide et me relève difficilement. Je décide de regarder cette inconnu dans les yeux. Je voudrais le remercier, demander si il va bien, m'excuser, raconter ma situation. Je me rends compte que la solitude me ronge. Je lève la tête et rencontre les yeux de l'in...

C'EST PAS VRAI, C'EST PAS VRAI, C'EST PAS VRAI !

   Je n'ai jamais couru aussi vite. La panique que je pensais déjà forte viens de tripler. Dès que j'ai vu ce fameux inconnu, tout mon corps s'est figé quelque secondes. Il n'a pas eu le temps de me demander si j'allais bien que j'étais déjà parti. Ça y es, je sais pourquoi je suis dans cette ville que je ne reconnaissait pas, c'est grâce à lui ou a cause de lui. Mes jambes me font mal, je sue a grosse goutte, tout le monde me regarde bizarrement. J'aurai pu m'exclamer, pleurer de joie, tomber dans ses bras comme autrefois mais je ne l'ai pas fait.

    Ça y es, je n'en peut plus. Mes jambes tremblent tandis que je m'assois sur un des derniers bancs situés au centre ville. Au loin, des lotissements sont construits. Je vérifie que l'on ne m'a pas suivi avant de me détendre. Je ferme les yeux et me masse les tempes pour oublier ce qui vient de se passer. Quand je relève ma tête, j'aperçois l'enseigne d'un hôtel. Je prend mes affaires et me dirige vers ce bâtiment, tandis que la vie continue.


Guimauve acideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant