Chapitre 2

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Pdv Wolfgang

Bon. Il est vrai, j'avais craqué. Je n'avais pas réussi à tenir plus d'une nuit. Me voilà donc à nouveau ici, accoudé au bar et un verre à la main, en train d'écouter jouer le bel Antonio Salieri. Pourtant j'avais réussi hier, mais aujourd'hui je n'avais pas pu. Lui et sa musique m'intriguaient et je voulais en savoir plus.

Le voir sur scène faisait ressurgir en moi des sensations fortes. La combinaison de la musique et de sa voix m'envoutait et j'étais touché par toutes les émotions qu'elle dégageait. Quand il jouait, tout autour de moi disparaissait, il n'y avait plus que lui, sa guitare et sa magnifique voix.

La prestation s'arrêta, à nouveau, beaucoup trop rapidement et je rouvris les yeux, que je n'avais même pas le souvenir d'avoir fermés. Il avait visiblement remarqué ma présence car, après avoir rangé son matériel, il se dirigea dans ma direction et s'assit sur une chaise haute à ma gauche, ce qui me fait extrêmement plaisir: je ne pensais pas qu'il viendrait naturellement me voir alors que nous ne nous étions vu qu'une fois. Je lui fis un grand sourire. Il me le rendit, commanda un verre avant de tourner la tête vers moi.

- Tu es tout seul?

Une légère culpabilité s'empara de moi, il est vrai que j'aurai pu proposer aux autres de venir avec moi. Mais bon, c'était légèrement trop tard maintenant.

- Ah euh...oui. Je n'ai pas vraiment pensé aux autres. dis-je un peu gêné.

Il me sourit et but une gorgée. Mes yeux se portèrent sur ses lèvres, puis sur sa gorge, son cou et remontèrent vers son visage. Il me regardait d'un regard doux et bienveillant.

- Bon! déclara-t-il. La dernière fois nous avons parlé de tout le monde sauf de toi. Alors vas-y! Parle-moi de toi.

Suite à cette phrase, une très longue discussion eut lieu et nous avions été sorti de force à 2h du matin soit l'heure de la fermeture. J'avais adoré parler avec lui: il était très cultivé, s'exprimait vraiment bien et n'était jamais à court de sujet. C'était vraiment quelqu'un d'incroyable. Il était spécial et j'avais envie de le découvrir. Je voulais passer du temps avec lui et je n'hésiterai pas à revenir demain pour réitérer cette soirée.

Pdv Antonio

Il est vrai que le premier soir, j'étais surtout aller le voir par politesse: je n'étais vraiment pas habitué aux rapports humains et le fait qu'il soit là sans Florian ou les autres m'avait fait stresser. Mais j'avais pris sur moi. Et j'avais bien fait! En effet, il était revenu les deux soirs suivants et j'avais vraiment passé des bons moments, peut-être même les meilleurs depuis assez longtemps. Nous avions énormément parlé.

Wolfgang m'avait dit qu'il venait d'une petite ville dans laquelle il avait passé son bac et essayé de faire des études. Mais il avait été renvoyé de toutes ses écoles à cause de son comportement: ce qu'il faisait ne lui plaisait pas et il préférait découvrir la vie extérieure plutôt que de travailler. C'était une belle morale, mais malheureusement, il a dû en subir les conséquences. En effet, au bout de son troisième renvoie, son père l'avait envoyé chez sa grande sœur, ici à Vienne et avait coupé tout contacts avec lui.

Depuis, il avait d'abord travaillé en tant qu'assistant dans la boite de marketing de sa sœur, mais il trouvait ça "ennuyant à mourir". Il avait finalement trouvé un poste auprès des enfants dans une maternelle où  il se plaisait bien. J'avais également appris qu'il savait jouer du piano et de la basse et qu'il avait déjà écrit quelques compositions mais que, malgré les encouragements de ses amis, il ne s'était jamais réellement lancé dans le domaine.

J'avais été vraiment heureux d'en avoir autant appris sur lui. Il avait visiblement un passé bien rempli et ça me faisait très plaisir de voir qu'il n'avait pas eu de mal à s'ouvrir à moi. Et ça ne faisait que raviver encore plus ma curiosité. Ce n'était pas quelqu'un de banal et ça me plaisait.

En revanche, le seul sujet que nous n'avions pas abordé était celui des relations amoureuses. De mon côté, il ne m'avait pas demandé, de toute manière, il n'y avait pas grand-chose à dire. Et du sien, je n'étais pas plus avancé qu'à notre première rencontre. Je ne savais toujours pas à quelle orientation il appartenait et la remarque que Florian avait faite quelques jours plus tôt ne m'aidait pas vraiment. J'espère qu'un jour, quelqu'un pourra m'informer là-dessus.

Le barman venait justement d'annoncer la fermeture. J'enfilai ma veste et me dirigeai vers la sortie pendant que Wolfgang était allé payer les boissons. Une fois dehors, je sortie une cigarette, l'alluma puis pris une bouffée J'entendis la porte s'ouvrir, ce qui m'indiqua que mon compagnon était sorti.

- J'y pense! s'exclama-t-il. Demain c'est ta dernière soirée dans ce bar! Du coup, j'amènerai les autres!

En effet, demain c'était samedi, et comme le dimanche le bar ne faisait pas de représentations, demain était donc ma dernière dans ce bar.

Son attention me faisait vraiment plaisir. Il est vrai que j'aimerai bien revoir les autres même si, j'avais énormément apprécié ces moments à ses côtés. Sans m'en rendre compte, je commençai à m'attacher à cet énergumène qu'était Wolfgang. J'étais bien avec lui, juste tous les deux, à parler. J'avais une sensation des plus agréable quand j'étais avec lui: comme si quelque chose nous liait.

J'acquiesçais, et il finit par rentrer chez lui, me laissant là, souriant béatement. J'avais vraiment hâte d'être demain soir. 

Debout les fousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant