7. ʟᴜɪ

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— Tu as rencontré une fille sur SpeechApp ? s'écrie Éloïse, surprise.

— Ouais.

— Je suis choquée.

— Oh, ça va, ce n'est pas comme si j'étais incapable de me faire des amis.

— Désolée.

Son ton est moqueur, mais j'en fais abstraction. Au fond, elle n'a pas complètement tort sur le fait que je suis asocial.

— Et elle est gentille ? Aimable ? Sympa ?

— Mystérieuse, surtout.

— Elle s'appelle comment ?

— Shae.

— C'est tellement beau comme prénom.

Je ne dis rien, ne trouvant rien à répondre. C'est vrai que c'est un joli prénom, même si son hôte n'est pas des plus agréables. Hier soir, après qu'on se soit échangé nos prénoms, j'ai tenté d'aller un peu plus loin, mais elle était froide, distante, et je n'allais tout de même pas continuer à lui écrire sachant pertinemment qu'elle me répondait en prenant sur elle ?

J'avais envie de la connaître un peu plus, la trouvant bien trop renfermée sur elle, mais à quoi bon si elle n'en avait pas envie ? Je n'allais pas la forcer.

Avec Éloïse, nous nous installons à nos sièges habituels dans la salle de classe, attendant patiemment l'arrivée de notre instituteur. Half, quant à lui, est absent. Je suppose que c'est à cause de ses problèmes familiaux. Je lui ai envoyé un message il y a presque une heure de cela mais je n'ai toujours pas de réponses.

Le cours ne tarde pas à commencer, et malgré tout, mes pensées vagabondent vers d'autres horizons. En particulier sur cette fille.

Elle doit avoir de sérieux problèmes pour vouloir mettre fin à sa vie, et j'aimerais bien l'aider, mais ça va être compliqué puisqu'elle ne semble pas enjouée à l'idée.

Et puis bon, il faut bien que quelqu'un fasse le premier pas, non ? Je sors mon téléphone portable de la poche de mon pantalon, et tout en le cachant en dessous de la table, j'ouvre ma boîte de messages avec Shae.

Salut, tu vas bien ?

Je ne m'attends pas vraiment à recevoir une réponse, mais au moins j'aurais essayé.

— Monsieur Payton ?

Je sursaute et range rapidement mon téléphone portable en entendant la voix de mon professeur me ramener à la réalité.

— Oui ?

— Pouvons-nous savoir ce que vous faites sous cette table ?

— Je refaisais juste mes lacets, excusez-moi.

— Pas de soucis, mais essayez de vous concentrer un peu plus sur le cours.

— Oui.

Mon aisance dans mon mensonge prouve que j'ai déjà dû mentir plusieurs fois de cette manière, soit pour éviter d'avoir des soucis, soit juste pour ne pas avoir à faire des choses dont je n'ai pas envie. Néanmoins, lorsque le professeur a le dos tourné, je me dépêche de jeter un œil à mon téléphone portable, mais découvre sans réelle surprise que je n'ai aucune nouvelle notification. Un soupir s'échappe malencontreusement de ma gorge et je couche une nouvelle fois ma tête sur la table.

Je savais qu'elle ne me répondrait pas de toute manière, mais même si j'en avais déjà conscience, je suis un petit peu déçu. Peut-être parce que j'aurais aimé faire un peu plus connaissance, et ainsi, avoir moi-même quelqu'un à qui parler. On dit que se confier à des inconnus nous aide à aller beaucoup mieux, et Éloïse et Half ont beau être auprès de moi, je ne me sens pas apte à leur parler de tout ce que je ressens. J'ai toujours ce sentiment de les emmerder avec mes problèmes alors qu'eux aussi ont une vie à eux. Ils ont aussi des soucis.

À Fleur De MauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant