10. ᴇʟʟᴇ

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Il fait nuit noire, tellement noire que même la lumière émise par la lune n'arrive à rien y faire. Je suis allongée sur mon lit, la tête à la renverse, et je regarde par la fenêtre.

Je n'ai cessé de recevoir des messages de Liam, auxquels je n'ai pas répondu, évidemment. Au bout d'un moment, j'étais tellement exaspérée des notifications que j'ai fini par le bloquer et fermer mon ordinateur. Il faut savoir que je suis quelqu'un qui déteste le bruit, c'est de nature. Je n'aime pas non plus être harcelée.

L'envie de désinstaller cette application me triture l'esprit, mais j'ai promis à Allison. Elle me l'a installée il y a à peine deux jours. Si je m'en débarrasse aussi vite, elle pourrait se sentir vexée. Je la connais.

Ma soirée est plutôt maussade. Enfin, ce n'est pas comme si c'était la première fois, mais j'avoue avoir envie de faire quelque chose d'un peu joyeux aujourd'hui. Ça changera de d'habitude.

Malheureusement, je ne peux pas sortir avec mon beau-père et ma mère à la maison. Si jamais ils le découvrent, je peux dire adieu à ma vie. Néanmoins, mon envie de sortir me fait presque convulser. Il faut dire que je n'ai jamais autant eu envie de m'évader qu'aujourd'hui. Je ressens ce besoin exprès de respirer. De l'air frais, pas l'odeur de renfermé qui perdure dans ma chambre.

Si je veux sortir, il me faut d'abord évaluer le pour et le contre de mes actes.

M'éloigner d'ici me permettra de prendre de l'air ainsi que du recul face à toute cette situation. Toutefois, si je le fais, je risque de me faire tabasser à mort par Arthur. Il s'en fout de ma vie mais ne rate visiblement aucune occasion pour m'en faire voir de toutes les couleurs.

Et puis tant pis, s'il me frappe à mort, la police ne manquera pas de l'emprisonner et, ainsi, Anaé sera hors danger. Mourir m'importe peu en fin de compte, ce n'est pas comme si je n'en ai pas envie, je n'attends que ça.

Doucement, j'ouvre la vitre de ma fenêtre, en prenant soin de faire le moins de bruits possible, et m'élance au travers de celle-ci.

Ma chambre est au deuxième étage, mais il y a une échelle soudée au bâtiment permettant à quiconque serait en bas d'accéder au toit de la maison. Je peux ainsi m'en servir afin d'atteindre le sol, chose que je fais sans plus attendre.

Une fois en bas, je pousse un soupir de soulagement. Après un dernier coup d'œil à ma fenêtre, je fais le tour de la maison et m'élance sur la voie principale.

Sentir l'air frais pénétrer dans mes poumons au travers de mes fosses nasales m'est plus que satisfaisant, surtout en pleine nuit.

La route est sombre et vide. Heureusement que j'ai pensé à prendre mon téléphone portable. Il y a un parc de jeux pour enfants non loin de ma maison, je pense que je vais y aller.

J'aurais bien appelé Allison pour qu'elle vienne me rejoindre, mais il se fait tard et je doute que ses parents la laissent sortir. Non pas qu'elle soit aussi prisonnière que moi, mais sa mère est toutefois très stricte concernant les horaires de sortie. Elle ne lui donnera jamais la permission de le faire en pleine nuit. Néanmoins, je lance quand-même l'appel.

— Allô ? confère-t-elle après avoir décroché.

Sa douce voix sonne flou dans le combiné.

-— Salut.

— Shae ? Tu vas bien ? Pourquoi tu m'appelles à cette heure ?

— Je t'ai réveillée ?

— Non, mais il se fait quand-même tard. Tu ne m'as jamais appelée à une heure aussi tardive.

— Désolée.

— Ce n'est pas grave. Où es-tu ? J'ai comme l'impression qu'il y a du bruit à côté de toi.

À Fleur De MauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant