La lumière du jour filtrée par les volets de ma chambre est la seule source d'éclairage de la pièce. Je suis réveillée depuis un bon bout de temps déjà, mais je n'ai pas encore rassemblé assez de courage pour quitter mon lit.
Le regard fixé sur le plafond, je réfléchis.
Aujourd'hui, j'irai en cours. Ce qui signifie que je reverrai Allison, qu'elle ne m'adressera pas un mot et que je m'en voudrai encore plus pour ce qui s'est passé hier.
À vrai dire, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Enfin, je n'ai dormi que deux heures ; après quoi, je n'ai fait qu'essayer de trouver une manière raisonnable de l'aborder aujourd'hui à l'école. Elle ne voudra sûrement pas m'écouter, elle me fuira même, alors je me doute que ça ne sera pas facile.
Quoi qu'il en soit, je ne suis pas près d'abandonner. J'ai longuement réfléchi à ma conversation avec Liam, hier, et j'en suis arrivée à une conclusion : bien que j'aie du mal à l'avouer, Liam a complètement raison et ce, sur absolument tous les points évoqués dans cette discussion.
Je vais récupérer ma meilleure amie.
Sans attendre que mon réveil sonne, je sors du lit en direction de la douche. Alors que l'eau fraîche s'aventure dans tous les recoins de mon corps plus que frêle, une sensation de brûlure, bien que faible, se fait ressentir au niveau de mes poignets.
C'est vrai que je n'ai pas tellement pris la peine de désinfecter en profondeur. Il faudra que je m'y mette dès mon retour de l'école.
Entre-temps, je me vêts d'un ensemble kaki assez confortable, passe un coup de peigne à mes cheveux et enfile rapidement mes Vans. Ce n'est pas comme si quelqu'un prendrait la peine de s'attarder sur ma tenue, et même si c'était le cas, je ne vais pas vous cacher que je m'en fiche un peu. L'essentiel, c'est que je me plaise à moi-même.
Mon sac à dos accroché à mon épaule droite, je souffle un bon coup avant de me décider à évacuer ma chambre. Heureusement pour moi, le couloir est complètement vide : aucun signe de présence humaine à l'horizon.
Je soupire de soulagement et m'aventure enfin dans les escaliers.
Contrairement à l'étage, le rez-de-chaussée est éventuellement bruyant. Mon cœur se serre immédiatement lorsque j'entends la voix grave de mon beau-père. Je tressaille malgré moi. Toutes les parcelles de cet homme m'effraient.
J'essaie, malgré tout, de garder mon sang froid et marche tête haute vers la porte d'entrée.
— Ah, tiens, Shae, m'interpelle Arthur.
Je sursaute légèrement et dévie mon regard sur lui. Il me regarde, un sourire hideusement faux plaqué aux lèvres. C'est fou comme il me paraît tout d'un coup laid. C'est sûrement parce que sa personne me répugne du plus profond de mon être.
Son regard bleu perçant me scrute de haut en bas, sans aucune gêne. Puis il replonge en moi et un frisson horriblement glacial me parcoure l'échine. Je sens ma colonne vertébrale se congeler. J'ai peur. De lui.
— Oui ? bafouillé-je.
Ma voix n'est plus qu'un murmure.
— Tu ne déjeunes pas avec nous ? dit-il, me désignant du bras la table à manger.
En regardant dans la direction qu'il m'indique, je suis surprise de voir ma mère, Anaé ainsi que James et Greg, les autres enfants d'Arthur, assis à table, tout sourires. Mais ce n'est pas ça qui m'intrigue le plus. C'est plutôt l'attitude du quarantenaire devant moi. À cet instant précis, je me pose une seule et même question :
Comment est-il possible de contenir autant d'hypocrisie dans un seul corps ?
— Alors ?
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À Fleur De Maux
Novela JuvenilParfois, lorsqu'il y a marée haute dans son océan de douleur, Shae a envie de parler de ses maux, de se confier aux autres. Mais elle a peur. Elle ne veut pas être un fardeau pour ses proches. Alors elle se renferme, elle garde sa douleur comme un s...