Exécuteurs du Nexus, tome 1 : L'épreuve (en cours de réédition)

3 - une nouvelle dimension ?

Note de l'auteur : ce chapitre fait partie de l'ancienne version du livre. Je ne l'ai remis dans le fil de l'histoire que pour faire en sorte que les nouveaux lecteurs n'aient pas une transition trop abrupte entre le nouveau et l'ancien. Lisez ces chapitres si vous le souhaitez, au moins vous pourrez avoir une idée d'à quel point un auteur peut évoluer entre ses premières pages et son travail actuel. Attention, l'agencement des chapitres n'est pas équivalente entre les nouveaux chapitres et les anciens.

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Je revins avec mon appareil, et nous franchîmes tous deux cette porte vers un endroit qui nous était inconnu. En quelques dizaines de secondes la forêt avait apparemment eu le temps de passer du "beau temps ensoleillé" aux "nuages plus noirs que nature". Pas un oiseau ne gazouillait, pas une feuille ne bruissait, pas un son ne sortait de nos gorges, dans un premier temps. Ce fut Xenthores qui rompit le silence de cet événement historique de brusques cris de victoire, suivit des miens. La première téléportation que l'homme n'a jamais connu !

-Bon, me dit-il, dix minutes plus tard, dix minutes de pur plaisir. Faudrait savoir. Tu dis qu'il faut se dépêcher, et on traîne. Sors ton appareil et "basta" !

-Euh... ouais ! Assurément !

Nous avons fait quelques pas dans ce nouveau lieu, aussi émouvants que les premiers pas sur la lune, et on a pu constater qu'une copie du portail avait été matérialisée derrière nous, nous permettant ainsi une voie de retour. J'ai allumé mon appareil, et des données encore incomplètes se sont affichées sur l'écran, dans un double "bip" sonore.

-On va enfin savoir, déclamai-je... Quelles sont donc les coordonnées géographiques de cet endroit ?

-T'imagines, Thor' ? dans 50 ans y aura un musée tout autour, si ça se trouve ! les hommes de demain se précipiteront pour voir le premier point de téléportation au monde.

-Ouais, trop ! ai-je affirmé, en faisant perdurer l'ironie de mon ami.

Les données s'étaient enfin entièrement affichées sur l'écran. J'ai sorti un carnet et un stylo que j'avais eu le soin de prendre avant de traverser, et je commençai à noter. Pendant que je notais, je remarquai enfin que les données ne cessaient de se modifier aléatoirement. Il faisait de plus en plus noir, mais je pouvais affirmer que ce n'était pas à cause de l'heure ; un vif coup d'œil sur mon téléphone portable me permit de la vérifier, et, en cette saison, la nuit ne tombait pas aussi rapidement. C'était plutôt un énorme amas de nuages bien plus noirs que les précédents, en fait.

-Euh... mec ? T'as entendu ce grondement ? a demandé Xenthores.

-C'est le tonnerre qui gronde, mon pote, lui ai-je répondu tout en vérifiant les données qui ne cessaient de se modifier.

-Le tonnerre ? Pourtant le temps est au beau fixe.

-Tu rigoles ? ai-je lancé en regardant mon appareil. Regarde ; il y a tellement de nuages dans le ciel qu'on se croirait en pleine nuit ! Et j'ai bien l'impression qu'il y a beaucoup trop d'électricité dans l'air pour que mon localisateur reste stable...

-Je te jures que le ciel est bleu ! Et le grondement que j'entends est plus profond, plus... sourd ! je ressens aussi des vibrations dans le sol !

-C'est fou... on verrait deux choses différentes ? comme si on était chacun dans deux dimensions parallèles ?

-Je sais pas mais ça m'intrigue, a-t-il dit. Et si on allait plus loin ?

-Surtout pas ! cet endroit ne m'inspire pas confiance... l'orage qui se prépare pour moi, les secousses terrestres pour toi... Cela ne présage rien de bon ! Retournons au por... LE PORTAIL !

-quoi, le portail ? s'est-il demandé en se tournant vers notre machine. Ah oui... Merde. Bizarre.

-C'EST TOUT CE QUE TU TROUVES A DIRE ??!!?? ai-je braillé d'une voix suraigüe.

En effet, la porte s'était refermée derrière nous. La matière blanchâtre et irréelle la composant avait disparue. J'ai couru vers la machine et l'ai analysée : il fallait faire vite avant que quelque chose de louche s'abatte sur nous. Pourtant, tous les leviers, tous les boutons étaient restés en place, rien n'avait changé. Je suis allé au levier d'activation, toujours levé, l'ai rabaissé pour le relever afin de relancer le système. Mais rien ne se passa.

-On est bloqués ici, ai-je affirmé.

Le désespoir me gagna.

Xenthores a voulu me répondre, mais il fut soudain pris de convulsions. Je l'ai soutenu en lui demandant :

-Qu'est-ce qu'il se passe ?

-Oh, j'en sais rien ! affirma-t-il avec une ironie non contenue. Demande plutôt à cette bonne vieille terre subissant un séisme ou bien à l'énorme panache noir qui s'élève dans le ciel, ils en savent sûrement plus !

Au même moment, l'orage s'est déchaîné. Je suis d'accord pour être électrophile, mais un orage de cette violence aurait pu faire flancher les plus durs à cuire de cet univers. La foudre éclatait chaque seconde dix fois autour de nous... Où que je regardais, les éclairs m'aveuglaient et même en me bouchant les oreilles, le tonnerre me perçait les tympans. Dans ce chaos électrique j'ai fini par éprouver une sorte de satisfaction, moi qui ai toujours trouvé les éclairs impressionnants et puissants, dans le sens de "fascinant", je me retrouvais dans un orage plus imposant que cent cumulonimbus rassemblés au même endroit. un cri me vint par miracle ; celui de Xenthores. Pas un cri de détresse, non, plutôt un rugissement qui semblait vouloir dire, en langage barbare : "VIENDEZ-Y ! JE VAIS VOUS DEFONCER ! VIENDEZ-Y !"

Sombrant à peu près dans la folie à cause du chaos qui m'entourait, je me mis à rire démentiellement. Et, alors que j'entendais Xenthores hurler de douleur, le temps sembla se ralentir, à ce moment-là je pus voir un éclair plus puissant que les autres me frapper avant de me faire évanouir dans cet orage qui se déchaînait autour de moi. Le tonnerre se dissipa, les éclairs ne me gênèrent plus, et l'orage semblait se calmer. Mais ce n'était que parce que je m'éteignais, à petit feu. Je me sentais léger, fier d'avoir créé une merveille de technologie avant ma mort. Et alors ma conscience s'est éteinte.

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