Chapitre 3

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Le silence était aussi dur qu'effrayant. Peut-être était-il choqué ? En Kageyama, de multiples émotions cogitaient et s'entrechoquaient. Son sang était en ébullition, motivé par un désir insatiable de connaitre la réponse tant attendue. A vrai dire, il n'attendait pas une réponse en soit puisqu'il ne savait même pas ce à quoi il pouvait s'attendre. Mais quand bien même, quel était l'objectif d'Hinata en lui donnant ce silence en guise de réponse ? Il devait pourtant se douter que Kageyama avait des difficultés à livrer ces sentiments voire tout simplement ses pensées. Il l'avait expérimenté de nombreuses fois et s'était toujours questionné quant à l'origine de ce troublant mutisme qui touchait son ami. "Mais alors, ne sait-il pas à quel point on peut se sentir honteux où stupide après une telle confession" songea Kageyama. A ce moment, il ne souhaitait qu'une seule chose : disparaitre, se faire tout petit.

De plus en plus énervé par la situation et le long silence qui atteignit vite la minute, le passeur tourna les talons, montrant ainsi à Hinata qu'il s'apprêtait à partir. Il était si frustré et déçu qu'il ne s'attendait plus à rien. Quelque chose tapis au creux de son cœur et dont la faille qui le traversait prenait de plus en plus d'ampleur au fil des années, était désormais prêt à voler en éclat. Sa confiance en lui chuta de plus haut que la Tour Eiffel à plus bas que Terre. Pourtant, il se sentait aussi pitoyable, parce qu'il haïssait la possibilité que son seul réel ami puisse voir ce coté de sa personne, cette part du Kageyama honteux, fragile et incertain.

Empli d'un profond désir de fuite, tel une souris poursuivie par un chat, il parti en direction de la porte. Derrière lui, Hinata, bien que poursuivant son silence, tendait une main d'espoir et de réconfort. Une main agréable et forte qui attrapa la veste de son destinataire, comme liée par le fil rouge du destin, dont la seule voix était d'accomplir sa mission. Les frissons qu'entrainent une telle action se propagèrent tout au long de la colonne vertébrale du jeune garçon. Venant délicatement briser le silence sans fin dans lequel le gymnase était plongé, de doux sanglots parvinrent jusqu'aux oreilles de Kageyama. Bien qu'il ne comprenait pas ce qu'il avait pu faire de mal, les larmes de son bourreau lui firent ressentir une empathie et un soulagement étrange. Son cœur sauta quelques battements, ses mains tremblaient.

"Kageyama...parvint-il à articuler, la main toujours accrochée à la veste. Je crois que je n'ai jamais eu le courage de te le dire, peut-être par peur... Tu es beaucoup pour moi et tu comptes surement plus à mes yeux que je ne compte aux tient. Mais je crois que je tiens à toi sans doute d'une autre manière que tu ne pourrais le penser. Je suis peut-être perdu dans ce que je ressens, je ne sais même pas si je parviens à différencier les deux, mais je crois que je ressens plus que de l'amitié pour toi." Hinata termina ces quelques phrases, des larmes glissant tendrement sur ses joues encore rougies par l'effort précédent. Il avait peur sans doute, peur du rejet. Mais bien que cette peur portait un poids important sur sa conscience, il était soulagé. Les yeux toujours baissés vers le sol, il voulait à son tour disparaitre, mais le dos du passeur semblait l'en empêcher. Malgré sa largeur, il s'en dégageait un air apaisant.

Les mots qu'il venait d'entendre résonnaient toujours en Kageyama. Il ne s'attendait pas à ce genre de paroles. Surtout, il ne savait pas comment répondre. Comment répondre face à tant de tendresse ? Comment répondre lorsqu'on ne sait pas parler de ses propres sentiments ? Comment agir ?! Une terrible angoisse s'en prenait à lui, lui qui n'avait jamais fait face à un tel afflue de passion. Son corps bougea avant que sa raison ne puisse réagir. Après s'être retourné le plus rapidement,  prenant vivement les joues du rouquin en main, il attrapa ses lèvres. Naturellement, les bras du garçon, tout à fait stupéfait par la tournure des évènements, vinrent s'enrouler gracieusement autour du corps encore chaud de Kageyama.

Le temps s'était arrêté. Kageyama n'hyperventilait plus, Hinata dans ses bras, à ses cotés. Bien qu'il ne savait pas comment nommer ou décrire ses sentiments envers le garçon, il réalisa que la seule réelle manière de lui en faire part était de laisser son corps réagir. A ce moment la, il ne regrettait pas cette action. Il l'aimait depuis un petit bout de temps maintenant, mais ce sentiment était-ce de l'amour ? Il sentait le besoin de savoir.

Pourtant, l'instant qu'il vivait semblait si merveilleux et agréable qu'il s'oublia dans les lèvres d'Hinata, au gout salée par l'humidité des larmes. Il attrapa une des mains du petit Rouquin qu'il vint délicatement poser sur sa joue. La chaleur le surpris. C'était une chaleur agréable mais surtout pleine de tendresse.

Corps entrelacés, lèvres scellées, perdus l'éternité d'une nuit d'hiver, deux garçons s'embrassaient pour la première fois.

**

Après quelques secondes, partagées de ce qu'il y a de plus affectueux, les deux jeunes se séparaient. Dans le silence du gymnase devenu presque rassurant, seules des respirations légères pénétraient la planitude de l'ambiance. Au travers de la fenêtre, un rayon de la pleine lune éclairait les cheveux d'Hinata, les rendant flamboyants. Ses cheveux dont la couleur semblait être ce qui ressemblait aux multiples teintes d'un feu de cheminé, couvraient son visage. On y voyait pourtant à travers et on pouvait y deviner la couleur de ses joues. Il n'était cependant pas le seul.

Malgré leur séparation, l'atmosphère plongeait toujours Kageyama dans un merveilleux sentiment. Le choc qu'il avait ressenti en embrassant Hinata faisait opposition aux sentiments qui le tourmentaient quelques minutes auparavant. Il prit alors sa main et se dirigea vers la sortie. Dehors le ciel étincelait, la lune brillait.

"La Lune est magnifique ce soir, n'est-ce pas ?" dit-il d'un profond calme en regardant celui qu'il aimait, les yeux rivés vers le ciel étoilé.

Born to save youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant