Alex angoissait. Il aurait aimé dire qu'il allait mieux mais ce n'était pas le cas. Non, il était dans un métro alors que ses côtes ainsi que sa cage thoracique semblaient se recroqueviller sur eux-mêmes et qu'il se sentait incapable de respirer correctement. Pourtant, il se contentait de regarder ses pieds, gardant une mine sans expression mais au fond de lui, rien n'allait et il était étonné de ne pas encore avoir fondu en larmes. Et Dieu savait comment il en ressentait le besoin.
Sa vie n'avait plus aucun sens.
Il avait l'impression que tout avait rechuté et que rien ni personne ne pouvait l'en sortir. Et c'était dur à vivre. En fait, plus ça allait et plus il était l'ombre de lui-même. C'était comme si le peu qu'il avait construit s'était écroulé tel un château de carte sous la brise du vent.
Il voulait juste en finir.
Aujourd'hui était un jour où il voulait en finir car il avait l'impression de mourir à petit feu et que jamais il ne pourrait être heureux. Depuis décembre, tout semblait hors contrôle et qu'il retombait dans ses vieux démons.
Mais il ne voulait pas être le Alex d'avant.
Il voulait être heureux, il voulait arrêter de souffrir et que quasi tout le monde finissait par s'en prendre à lui parce qu'il n'était pas assez ceci ou bien trop cela.
Le métro s'arrêta à une station et l'homme se leva pour en sortir tandis que de nombreux usagers y entraient. Il donna un coup de coude accidentellement à quelqu'un mais il n'y prêta pas plus attention.
Ce fut avec une certaine hâte que l'homme remonta à la surface, le bruit de la ville lui heurtant les oreilles mais au moins il pouvait respirer l'air frais, le sentir sur sa peau. Il mit son casque anti-bruit, ce qui atténua le son puis il marcha en direction du parc afin d'y trouver un banc. Il avait besoin de s'asseoir.
Il avait aussi besoin d'une pause. Ce n'était pas vivable de souffrir autant.
Alex trouva finalement le banc et s'y installa avec un certain soulagement. Il posa ses coudes sur ses genoux et prit sa tête dans ses mains tandis que son t-shirt lui collait à la peau. Il avait chaud, il se sentait fiévreux et vraiment, à cet instant précis, il aurait voulu cesser d'exister. Ce serait plus simple ainsi. Plus personne ne lui en voudrait, plus personne ne le blâmerait et surtout, plus personne ne le considérerait comme une honte.
Oui, Alex Anderson se sentait comme une honte aux yeux de tous. Ce n'était pas pour rien qu'il ne voulait plus se regarder dans un miroir. Il en était venu au point où il voulait lâcher sa transition. Limite, il regrettait de ne plus être l'adolescent qu'il avait été même si cela impliquait être une fille.
Peut-être que c'était mieux ainsi d'ailleurs, non ?
Peut-être que la honte partirait ?
Peut-être qu'on l'aimerait plus ?
Peut-être c'est ce qu'il était ?
Ces questions lui faisaient mal. Au fond de lui, sous son crâne, ces questions avaient l'effet d'un pied de biche qui tentait de forcer une porte.
Mais non, sa transidentité faisait bel et bien partit de lui. Tout comme son autisme, tout comme sa dépression et tous ses autres troubles qu'il préférait oublier tant que ça ne lui gâchait pas la vie. Pourtant, cela lui était bien plus simple de penser de cette manière et de continuer de se sentir comme un enfant parce qu'il n'était pas capable de faire quoi que ce soit. Rien que de sortir du lit lui avait mis trois jours. Il n'avait juste plus la force pour quoi que ce soit.
Il avait l'impression de mourir à petit feu.
De tomber dans un abîme sans fin.
Que personne ne lui tendrait la main pour le sauver.
Son portable vibra dans sa poche et il lui fallut plusieurs secondes, qui lui parurent longues, pour finalement s'extraire de sa torpeur et d'en sortir le téléphone. Son cœur se serra lorsqu'il vit le visage de son mari sur son écran et il se retrouva dépourvu. Alors il ne répondit pas. Il ne s'en sentait pas le courage et il ne voulait pas montrer à quel point il se sentait misérable. Il ne voulait pas être une honte pour lui.
Il tint son téléphone dans sa main et avec l'autre, retira ses lunettes afin de se frotter les yeux. Alex Anderson, l'être pitoyable qui fait tout ça pour de l'attention, pensa-t-il avant de se pincer l'arête du nez.
L'homme ne savait pas quoi faire. Il se sentait comme un bazar ambulant. Il n'était que l'ombre de lui-même et il cherchait désespérément la force de donner le coup de pied qui pouvait le sortir de la noyade.
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Welcome to my life
General FictionRecueil d'OS sur Jack et Alex aka les deux personnages qui rythment ma vie depuis plus d'un an. Il n'y a pas besoin d'avoir lu quoi que ce soit comme histoire les ayant tous les deux, je me base sur une version qui m'est propre.