Gruvia Week 2021

Tears

Je n'arrivais pas à pleurer. Aucune larme n'avait roulé sur mes joues, sans comprendre pourquoi. Mon coeur était pourtant brisé, alors pourquoi ?
J'étais vide, complètement. Plus aucune émotion animait mon corps.
Agenouillée devant la dalle en pierre, mon regard fixait ces deux mots qui me prouvaient que tu étais bien partit. Tout était calme, sans bruit, mais je cru entendre de nouveau ces murmures à l'enterrement.

"Je croyais pourtant qu'elle l'aimait, pourquoi ne pleure t'elle pas ?"

"Elle ne doit pas être bien triste."

"Peut être qu'elle ne l'aimait pas tant que ça." 

Je suis horrible, je suis un monstre qui ne pleure pas. 
C'était comme si mon corps n'avait déjà plus de larme sans en avoir versé. Et pourtant, je me sentais emprisonnée dans une bulle d'eau, noyée dans un océan sombre. Seule, éteinte, sans plus rien comprendre du monde. Je ne pouvais pas y croire, tout cela devait être un rêve, un autre monde cauchemardesque.
Mais les heures passées devant ta tombe ne te ramenaient pas. La nuit avait commencé à tomber, et mes yeux restaient encore secs, immobiles.

Je t'en pris mon corps, laisse moi pleurer. Laisse parler ma tristesse, évacuer cette réalité. Je veux pleurer l'homme que j'aime, je veux sentir ma vue piquée de mon désespoir. Je t'en pris, noie mon coeur de chagrin, laisse mes yeux déborder de peine, redonne moi mes sentiments.

Une goutte tomba sur ma joue. Mes doigts vinrent caresser ma peau et elle se dissipa sous mon toucher. Non, elle ne vient pas de mes yeux.
Mon visage se tourna vers le ciel, et une à une, d'autres gouttes tombèrent sur ma chair, sur mon corps à peine vivant.

Mes paupières se fermèrent. Le son de l'eau me rappela notre rencontre, nos souvenirs, notre amour. J'avais mal, j'avais si mal.
Et les gens ne pouvaient pas le savoir, car ils savaient lire les pleurs, mais pas les coeurs. Et de pauvres larmes n'auraient jamais pu décrire mon malheur.

Mon visage se deforma de douleur sous les images de ma mémoire. Il n'était plus là, il n'allait pas revenir, il était partit.

Un cri de désespoir s'arracha de ma gorge, ma tête se posa sur la pierre qui portait désormais ton nom. Et alors que je souffrais, mourrais de désespoir et de solitude; la pluie, témoignage de mon coeur, innondait mon être de ses larmes.

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