Chapitre 33

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ATTENTION : LEMON

Sabo

Il n'y avait plus que la douleur. Une douleur sourde qui envahissait son être, chaque cellule de son corps, chaque petite pensée. Il ne pouvait rien ressentir d'autre ; ni la faim, ni la soif, ni la fatigue. Elle maintenait pourtant éveillée, revenant avec plus de force à chaque instant de faiblesse. Il se sentait près de devenir fou tant cette douleur était puissante. Pourtant, il refusait de lâcher prise. Serrant les dents, il luttait contre l'inconscience, s'interdisant de flancher. Il était plus fort que ça. Il devait tenir, parce que ce n'était pas sa propre vie qui était en jeu. Il mourra de toute façon, qu'il parle ou non. Mais s'il se tait, il les sauvera tous les deux.

Il permettra à ses frères de vivre.

Sabo se trouvait dans une cellule. Il savait parfaitement où il était : dans les cachots du palais qui se trouvait à la Capital. Ça faisait maintenant sept ans qu'il était enfermé là. Il ne pouvait voir qu'un petit bout du ciel à travers un petit espace dans le mur. Une sorte de fenêtre juste assez grande pour laisser passer une personne. Il n'y avait même pas de barreau, comme pour l'inviter à sortir. Mais il non seulement il n'avait plus assez force pour bouger, mais en plus il n'avait aucune chance. Des gardes patrouillent constamment. S'il parvenait à se faufiler, il se ferait attraper immédiatement. Il avait déjà essayé de s'enfuir, sans succès.

Il faisait nuit dehors. Les rayons de la lune passaient à travers le petit espace dans le mur. La seule chose qui l'aidait à tenir debout ce sont les chaînes qui le maintenaient contre le mur. Il se sentait sale à cause de la sueur, de la poussière et du sang. Ses vêtements étaient en lambeaux, déchirés et tâchés du liquide carmin. Il était maigre et affaiblit. Il avait de nombreuses coupures sur le corps et des ecchymoses. Mais sa blessure la plus grave restait la brûlure sur son œil gauche. Il allait garder une marque. Il n'avait aucune idée de jusqu'où elle s'étendait, mais au moins il pouvait encore voire parfaitement.

Sabo avait perdu toute notion du temps. Ce sont ses géôliers qui lui ont révélé qu'il était là depuis sept ans. Il avait passé une grande partie de sa vie ici. Il était arrivé dans cette cellule à l'âge de dix ans. Il en avait maintenant dix-sept et il avait l'impression d'avoir tout oublié. Il ne se rappelait plus la chaleur d'un foyer, des rires, du bonheur. Il n'y avait plus que le froid, la solitude et les larmes. Ils avaient tout fait pour le briser, lui enlever ce qu'il faisait de lui la personne qu'il était. Nombreux sont ceux qui seraient devenus complètement fou à sa place. Mais Sabo s'était accroché de toutes ses forces. Il n'allait pas perdre cette bataille. On pouvait tout lui retirer, mais il y a une chose qu'il aura toujours : ses frères.

-Ace... Luffy...

Il se répétait en boucle leurs noms, profitant du silence dans sa cellule et de la solitude pour les prononcer à voix haute. C'était comme si le dire lui apportait un peu d'espoir. « Je fais ça pour eux » se disait-il. Chaque torture qu'il devait endurer leur permettait de vivre. Il se disait que chacune de ses douleurs valait un rire de Luffy et un sourire d'Ace. Ça le rendait heureux lui-même. Il avait l'impression de faire quelque chose de bien, de tenir son rôle de grand frère. Alors il s'efforçait de ne pas oublier qui ils sont. Ace et Luffy le maintenaient en vie. Il pouvait tout encaisser s'il se répétait leurs noms comme un mantra. Chaque fois que Lucci était venu s'acharner sur lui, il prononçait ces deux noms pour ne plus penser à la douleur.

Pour avoir la force de se relever.

Malheureusement, après sept ans, Sabo ne pouvait rien faire contre l'oubli. S'il était parvenu à se rappeler de leurs noms, il peinait à se souvenir de leurs visages. Il y a des silhouettes dans son esprit, mais il ne peut pas dire à qui elles appartiennent. Il ne voit pas leur visage, et même si elles bougent les lèvres, il ne se rappelle pas leurs voix. A quoi ils ressemblent, leurs gestes, leurs mots, comment ils sont ; il a oublié tout cela. Après tout ce temps, Sabo ne pouvait que constater avec peine que la seule chose dont il se souvenait vraiment, c'était justement ces deux noms. Alors il les chérissait encore plus, s'y accrochant pour ne pas perdre ses frères pour de bon.

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