J'ai une assez grande imagination. Le genre d'imagination débordante qui vous sauve la vie quand vous êtes en classe. C'est vraiment fascinant à quel point nôtre imagination peut manipuler le temps, et le faire avancer plus rapidement. Enfin je n'en aurai pas besoin de toute cette imagination si j'étais parvenu à entrer dans une école d'art.
RECALÉ
C'est ce qui était marqué sur ma lettre de candidature à une école d'art où je rêvais de rentrer. J'ai dû relire le mot plusieurs fois avant d'enfin réaliser ce qu'il voulait dire.
Alors je suis bloqué dans une école de culture générale.
Je perds mon temps là-bas. Aucun moyen d'y exprimer mon esprit créatif. Alors je tue le temps en imaginant diverses scénarios afin d'éviter le lourd poid de l'ennuie.Je m'appelle Arthur, j'ai 21 ans et j'ai passé la semaine la plus merdique de toute ma vie.
Les emmerdes ont commencées Lundi.
J'ai reçu un appel m'annonçant le décès de mon grand-père. La cause de son décès ne m'a pas été communiquée. Grand-père Rales était un grand artiste ! Il était ma source d'inspiration, et j'étais son petit protégé, son "Préféré de la famille" comme il le disait si bien.
Mais maintenant, j'ai plus l'impression d'être la honte de sa descendance. Il était le seul membre de ma famille à vraiment comprendre ce qui se passait dans ma tête. Le reste de ma famille...
Disons que nous ne sommes pas en bons termes...
Ils me trouvent trop paresseux. Un "Bon à rien" comme ils le disent si bien.
Ils disent sans cesse que j'ai... la tête dans la lune.Mardi n'était pas meilleur. Alice, ma copine, m'a quitté pour avoir oublié son anniversaire. J'avais beau lui expliquer que j'étais perturbé par le récent décès de mon grand-père, elle m'a reprochée que je ne lui donnait pas suffisamment d'attention, qu'on ne faisait jamais rien ensemble, que j'étais impulsif et que je l'ignorais... Que je passe mon temps à avoir la tête dans la lune.
Mercredi a été horriblement long, puisqu'a eu lieu l'enterrement de mon grand-père. J'ai dû faire face à énormément de choses durant cette affreuse cérémonie. Faire face au cercueil de Rales. Faire face au regard de ma mère qui disait :
"Tu n'es pas dignes d'assister à son départ".
Faire face à moi-même et à ce que j'allais devenir. J'ai préféré oublier... et avoir la tête dans la lune.Jeudi, un repas de famille a été organisé en l'honneur du regretté disparu. Inutile de vous expliquer pourquoi j'ai passé l'entièreté du repas à regarder mon assiette en baissant les yeux. Je ne connaissais toujours pas les raisons du décès de mon grand-père. J'ai voulu demander la cause de la mort de Rales, mais je n'osais pas. Pas le lendemain de son enterrement. Pas avec ma famille. Mais cette question tournait en boucle dans ma tête. Alors j'ai rapidement craché :
- Qu'est-ce qui est arrivé à Grand-père Rales ?
Il eut un grand silence. Tout le monde avait soudainement arrêté de parler pour se tourner vers moi.
Le regard que ma mère m'a jeté à ce moment là m'a glacé le sang.
- Crise cardiaque. Il est mort il y a 5 jours. On ne l'a retrouvé qu'à partir de Lundi...
Répondit ma mère.
Puis l'ambiance est peu à peu revenue à son état d'origine.
Une crise cardiaque...
J'avais ma réponse. Et j'avais surtout envie de me tirer de cette foutu table.
Alors j'ai rêvassé jusqu'à la fin du dîner, en ayant la tête dans la lune.Vendredi, les choses ne se sont pas calmées. J'ai été expulsé de mon école pour avoir manqué de respect à un professeur. Je m'emporte TRÈS facilement. Résultat, je ne peux pas passer les tests de fins d'années.
Mes chances de réussites sont 6 pieds sous terre maintenant. Je suis sortie de l'école pour tomber sur la bande d'abrutis qui m'ont tabasser et volés mon carnet de dessins. Je suis rentré dans mon appartement en piteux état. Il faisait déjà tard, je n'avais plus le temps de chercher mon carnet. Je me suis effondré sur mon lit, tombant dans un profond sommeil. Un long sommeil ou j'avais la tête dans la lune.Je me suis mis à chercher mon carnet samedi. Ruben, Timothé et Merlin, c'est les noms des trois enfoirés qui m'attendent à chaque sortie d'école pour me faire les poches. Je parviens généralement à les éviter en prenant les sorties de secours pour ne pas les croiser. Mais Vendredi, en accord avec ma fabuleuse chance qui n'a pas cessée de se manifester, ces fameuses portes de secours étaient fermées à clé. Je n'ai jamais tenté de me défendre contre eux. Je ne suis pas un grand sportif, et j'ai toujours eu peur d'aggraver les choses. Alors j'essaie de les éviter du mieux que je peux. Ces trois là traînent généralement dans un vieux parc abandonné dans les bois. J'ai rassemblé tout mon courage, et je me suis rendu au parc des ébauches. C'est le nom qu'on lui donne à présent. Ce parc était autrefois très visité, mais après un "incident" le parc a fermé, et fût abandonné. J'ai poussé les portes rouillées du portail qui donnait sur l'entrée du parc. L'endroit était désert. L'herbe atteignaient mes genoux. Un petit brouillard restait à mes pieds, et les arbres qui avaient poussés depuis des années cachaient le ciel. Il faisait sombre. Très sombre. Les jeux pour enfants étaient dévastés. Les tourniquets étaient renversés. Les toboggans étaient distordus. C'était un réel décors de film d'horreur. Je me suis dépêché de fouiller un peu partout, ne voulant pas me retrouver face à ces trois connards. J'ai cherché pendant 1 heure, avant de me rendre compte qu'il n'y avait qu'un seul endroit où je n'avais pas encore cherché. Le vieux puit qui se situait au centre du parc. Le trou du cul des Abysses comme je l'appelle. J'ai jeté un œil à l'intérieur, et il était là. Gisant dans la flotte du trou du cul des Abysses... J'étais dégoûtés. Je suis descendu pour le repêcher, et suis remonté avec la certitude d'avoir perdu des mois et des mois de travail.
- Ces 3 enfoirés sont allés trop loin. Si seulement je pouvais... si je pouvais...
J'étais tellement énervé que je n'ai pas directement remarqués que mon carnet, n'était tout simplement pas mouillé. Aucune page n'était abîmée. Enfaîte, il n'a jamais été aussi propre qu'à ce jour. On aurait même dit que des pages s'étaient ajoutées. C'était vraiment étrange, mais je n'y ait pas plus prêté d'attention. Puisque maintenant, tout ce que je voulais, c'était me jeter sous une voiture.
Ma vie est un calvaire. Je n'ai littéralement plus rien. Mon avenir, ma famille, mes amis. Plus rien.
J'ai repris la route pour rentrer chez moi à pied. Je marchais sur le trottoir.
Repensant à ce que j'allai faire à présent. Aucune réponses ne me venaient à l'esprit. J'allai continuer à vivre misérablement avec aucun moyen de changer les choses ? Aucune chance.
Je me tenais au bord du passage piéton avec d'autres personnes. Le feu venait de passer au rouge et les voitures défilaient. Ça m'a laissé le temps de prendre ma décision.
J'ai alors regardés mon carnet de dessins une dernière fois, et je me suis laissé tomber en-avant.
Le temps semblait marcher au ralenti. Je pouvais voir la voiture se rapprocher dangereusement de moi, près à l'impact. Je pouvais voir les pages de mon carnet voler en éclat et juste avant le choc, j'ai vu quelque chose. Je sais ce que j'ai vu. J'en suis persuadé. En regardant une des pages, j'ai vu un dessin que je n'avais jamais fait. Il représentait une silhouette étrange. Et au plus profond de moi. Je sais. Je sais qu'elle m'a regardé, et qu'elle m'a sourit.BAM
Et puis merde. J'emmerde la vie.