Harry Lupin et son Pouvoir Alternatif

7. BANG Kaboum

Bang ! La porte d'entrée heurta la cafetière et Remus manqua de se faire décapiter par un gigantesque pendule de Newton amélioré, suspendu entre le placard à balais et la fenêtre du salon.

"Où est-ce que tu as trouvé un rouet ?!" demanda-t-il, à peine blasé en enjambant une roue de vélo accrochée à leur télévision par une corde de guitare raccordée à divers machines qui clignotaient.

Il alla dans la cuisine pour boire sa tasse de chocolat chaud qui avait refroidi depuis qu'il l'avait oublié sur le comptoir, ce matin-là. Non, il n'allait pas risquer de le réchauffer avec le micro-ondes, ça avait fait exploser le canapé, la dernière fois.

"C'est pas un rouet." répondit Harry dont la tête dépassait à peine de la machine à laver (qu'est-ce qu'il fichait dedans, ça c'est une autre histoire). "Enfin si, ça l'était… Jusqu'à ce que je le convertisse en rouage. J'avais besoin d'un relais entre le hamster et le radiateur."

C'est à ce moment-là que Remus remarqua la cage du rongeur dont la roue avait été reliée à divers câbles électriques branchés à une carte mère qui pendillait dangereusement entre le ventilateur et l'ordinateur. Il pressentait une catastrophe…

"D'où il sort, cet hamster ?!"

"Je suis premier de ma classe."

Sans doute que cette réponse avait un sens, Harry n'était pas du genre à expliciter les détails de son raisonnement et sa manière de penser était tellement atypique que Remus avait cessé de vouloir tout interpréter depuis longtemps.

"Je t'ai rempli une assiette pour l'apéritif."

"C'est des graines pour oiseaux…" constata Remus.

"Au moins, ça se mange. Je te rappelle que t'as confondu le céleri avec du bambou, la semaine dernière. J'ai failli me briser une molaire."

Remus renifla l'assiette, ça sentait moins fort qu'une litière pour chat (cette comparaison a du sens quand on sait que la nourriture pour oiseaux a la même odeur que les toilettes de leur prédateur) et il sélectionna une graine qui semblait plus molle que les autres. Mmmh… C'était moins pire que le lait périmé qu'il avait bu par erreur, une fois.

"Pas mauvais. Tu veux tester ?"

"Occupé, me dérange pas."

"Une dernière question…" (mmmrf, marmona Harry) "Où dois-je poser mes pieds pour rejoindre ma chambre sans tout faire péter ? Je n'ai pas fini de rembourser le canapé qui a explosé dans ta dernière expérience alors…"

"NE BOUGE PAS !" s'écria soudainement Harry, paniqué comme s'il venait tout juste de réaliser le frêle équilibre de son installation qui traversait tout le salon. "J'ai presque fini, de toutes les manières. Est-ce que tu pourras m'aider en appuyant sur le gros bouton rouge, là quand je serai enfermé dans la machine à laver ?"

Au lieu de lui demander 'mais qu'est-ce que tu fiches, bordel ?' ce que n'importe qui de censé aurait fait, Remus hocha la tête avant de froncer les sourcils sur un détail. Ah, non. Non, non, sans lui.

"Ton bouton s'appelle BANG Kaboum ?"

"Comment tu le sais ? T'as lu dans ma tête avec tes super-pouvoirs de sorcier ? Fais pas ça !"

"C'est écrit dessus : BANG Kaboum."

"Ah. Mmmh ? L'efficacité aléatoire des post-it m'intrigue..." songea Harry avant de préciser : "Ça ne va pas exploser, tu n'as rien à craindre pour le salon."

Comme ça ne servait à rien de lui expliquer qu'il s'inquiétait surtout pour leur santé à eux, Remus sauta cette étape et se demanda s'il valait mieux appuyer sur le bouton ou pas :

Pour : finir l'expérience amorce le rangement du salon.

Contre : ça risque d'exploser…

Pour : la dernière lune est proche et je me suis pas sûr de tenir jusqu'au bout du duel d'argumentation

Contre : ça va exploser !

Pour : si j'arrête l'expérience, je ne saurai JAMAIS comment c'est censé finir.

Contre : ON VA MOURIR !

Pour : la curiosité me tuera…

"C'est d'accord."

"Génial ! Il ne me reste plus qu'à réveiller le lézard."

"Inutile de demander d'où vient ce lézard, je présume."

"Latitude 51.507268 Longitude -0.165730"

"Tu es passé de trop vague à trop précis. La prochaine fois, essaie de me répondre avec un nom commun et/ou propre désignant un lieu."

"BANG Kaboum !" s'écria Harry comme signal après avoir refermé le couvercle de la machine à laver dans laquelle il s'était recroquevillé (heureusement qu'il était trop petit pour son âge)

Après des semaines... non, des mois de recherches, Harry allait enfin pouvoir expérimenter le terrible accident mi-technologique mi-chimique et mi-magique (si les pourcentages débordent, c'est normal… c'est un plan 150% plus cool que tous les autres) qui allait rectifier le destin que Lord Voldemort avait voulu lui arracher.

Peut-être n'y avait-il aucun remède à sa condition de Cracmol mais il pouvait devenir bien plus qu'un simple sorcier en mélangeant son ADN avec celui du lézard. Si la communauté magique ne voulait pas de lui, tant pis. Il allait obtenir... des SUPER-POUVOIRS !

Ça, c'était la théorie.

En pratique, la porte de l'entrée avait heurté la cafetière quand Remus était rentré de sa journée de travail et Harry avait été trop concentré sur le paramétrage du minuteur pour s'en rendre compte. S'il l'avait su, il aurait pu la recaler ou alors, il aurait rectifié la trajectoire des dominos. Au moins, faire en sorte que le laser ne pointe pas directement sur le grille-pain et… Pourquoi avait-il fallut qu'il installe ses fioles de potion juste en dessous des rideaux ? Inflammables, bien sûr, sinon c'est pas drôle.

La dernière pensée cohérente de Remus Lupin fut "À quel moment l'éducation d'Harry m'a totalement échappé ?"

La dernière pensée cohérente d'Harry Lupin fut "Désolé, Rem's, c'était une jolie tapisserie…"

En vrai, la dernière réaction de leur cerveau ressemble plutôt à "AAAH !" mais on aime se raccrocher à une phrase moins primaire et plus raisonnée alors accordons-leur ces réflexions qu'ils auront bien après le black-out.

BLACK-OUT