XIII : "Invité" :

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-Satsuki... Oï, Satsuki, tu pourrais au moins répondre.

La concernée ne daigna même pas de lever les yeux de sa lecture. Après le "léger incident" de l'arrêt de bus, elle était rentrée en trombe chez elle, ou plutôt chez l'horripilante personne qui se trouvait justement être celle qui l'avait mise dans cet état, ce qui était extrêmement frustrant et énervant.

C'était pour cela que puisqu'elle ne pouvait pas fuir, elle avait juste décidé de l'ignorer.
En rentrant, elle avait d'abord filé dans la douche et avait lavé ses vêtements tachés, puis s'était installée dans le canapé avec un livre et un plaid, et faisait alors abstraction de toute présence extérieure.

Aomine poussa un énième soupir, toujours plus fort que les autres, et se jeta dans le canapé avec ennui.

-C'est bon, j'ai déjà dit que j'étais désolé. Ça arrive, ce genre d'incident.

Elle ne releva les yeux que pour lui renvoyer un regard plein de jugement et d'indignation.

-Ça "arrive"? Désolé, mais je ne connais pas beaucoup de personnes assez stupides pour éjecter les gens par terre, sans oublier que si on en est arrivés là c'est parce que vous avez réussi à vous faire virer d'un café, et tout ça a cause de qui ? On se le demande..

-Bah oui, tout ça c'est de la faute de Kise, je suis bien d'accord.

Sa colocataire haussa un sourcil à demi outré, comme si néanmoins plus rien ne pouvait la surprendre.
Visiblement, il y avait quiproquo sur le gêneur, mais Daiki préférait penser que tout n'était pas que de sa faute.
Satsuki, quand à elle, n'avait plus la force non plus de commencer un débat, premièrement parce que c'était sans espoir et deuxièmement car au vu de son état mental actuel elle risquerait de rendre l'âme.

Ils se renforgnèrent donc dans un silence morose, du moins jusqu'à ce qu'une sonnerie reconnaissable résonne dans l'appartement, faisant instinctivement dériver leur regard vers l'entrée.
Ils regardèrent la porte, puis se regardèrent, puis regardèrent la porte, puis se regardèrent.

-Tu y vas.
Tranchèrent-ils en même temps.

Suite à cette coordination un peu trop parfaite, il se dévisagèrent en plissant les yeux, comme s'ils jugeaient leur adversaire, près à étaler leurs meilleurs arguments afin de ne pas être celui qui devrait se lever pour découvrir qui les dérangerait à une heure pareille.
Ce fût Momoi qui pris l'initiative de commencer.

-C'est ta maison, tu y vas.

-Tu squattes, tu y vas.

-Je ne vois vraiment pas le rapport.

-Puisque je t'offres un toit et que en plus c'est toujours moi qui fait à manger, tu pourrais au moins faire un petit effort et répondre aux voisins quand ils sonnent.

-Cette histoire de nourriture est totalement hors sujet, et puis je ne connais pas les voisins.

-Moi non plus.

-..Mais c'est tes voisins.

-Et je te dis que je ne les connais pas. En plus, ils ne sont jamais venus nous voir en 3 ans, alors il n'y a aucune chance que ce soit eux. Ça doit être la pizza qu'on a commandé il y a 4ans, il fallait bien qu'elle arrive.

-Et bien, si c'est vraiment ça, nous savons pertinemment qu'en tant que goinfre tu vas en manger les 9 dixièmes, et que comme d'habitude il ne restera pour moi plus que la croûte. Donc, c'est ta nourriture, tu dépenses ton énergie.

La mine outrée d'Aomine montra bien qu'il était plus touché par l'accusation absurde de sa coloc que par la préoccupation du livreur, et son cerveau dû beuguer à force de chercher trop d'arguments (le pauvre, il ne réfléchissait pas souvent) puisqu'il resta ainsi, pendant quelques secondes assis sur le canapé, à essayer de trouver une quelconque excuse à son comportement.

Au bout de la 4ème sonnerie, et voyant que son hôte n'était toujours pas sorti de son état Error404, Momoi finit enfin par se lever et se traîna machinalement vers la porte, tout en se disant que la journée ne pouvait pas être pire dans tous les cas.

A peine avait elle ouvert la porte que ses yeux devenaient ronds de surprise face à l'invité inattendu qui était planté là avec un grand sourire.

-Ah, Sats' tu réponds enfin ! Je commençais à croire que cet espèce de bousier t'avait fait quelque chose, un peu plus et j'appelais la police !

Visiblement, le son de la voix du nouvel arrivant n'était pas étranger aux oreilles du locataire, et cette appellation dénigrante non plus, car cela sembla réveiller brusquement Daiki, qui se redressa du canapé à la troisième vitesse pour hurler à Satsuki de fermer la porte au plus vite.

Malheureusement, son appel de détresse fut inutile puisque quelques secondes plus tard, la porte se refermait bien, mais au détail près que l'intrus était à l'intérieur et non pas à l'extérieur de l'appartement, comme Aomine l'aurait souhaité.

Au moment où il vit ce visage bien trop horripilant et familier à son goût surgir dans le salon, sa propre tête se décomposa et il envisagea rapidement l'idée de se jeter par la fenêtre avant de se rappeler qu'il habitait au rez-de-chaussée.

C'est ainsi qu'il su qu'il était définitivement en enfer, et ses craintes se confirmèrent en entendant à nouveau la voix de Satan en personne.

-Salut le Bousier, je viens remettre un peu d'ordre à cette situation plus que catastrophique.

Malgré Momoi qui essayait tant bien que mal de s'interposer entre son frère et son ami, les deux ne semblaient pas se lâcher du regard, c'était à croire qu'ils faisaient un concours intérieur qu'eux seuls pourraient comprendre. La jeune fille finit enfin par reculer, comprenant qu'elle ne pourrait décidément plus rien faire pour améliorer la situation, et se laissa tomber dans le canapé avec lassitude.
Avec du recul, elle se trouvait bien naïve d'avoir cru que la situation était à son plus bas quelques minutes plus tôt ; à présent, par contre, elle pouvait en être certaine : c'était la pire soirée possible qui s'annonçait.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 03, 2021 ⏰

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Aomine & Momoi : vivre ensemblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant