Pasaulis

9-Kaya

Autour de moi se dessine de grands sapins noirs sur un sol recouvert d'épines. Dans le ciel obscur, des nuages gris cachent la lune et me laissent entrapercevoir quelques étoiles à l'air fragile.

Il fait froid mais ça ne me dérange pas. Je crois distinguer un lac derrière les troncs, je vais y aller, de toute façon ça ne servirait à rien de rester sur place.

Plus je m'approche du bassin, plus les sapins s'éloignent des uns des autres. Le lac est entouré par une plage de galet, à la rencontre de l'eau et des cailloux apparait la silhouette blanche d'un loup assis.

Wirgo fixe de ses prunelles dorées les vaguelettes qui s'échouent avec douceur sur ses grosses pattes. Arrivée à sa hauteur, il n'a pas l'air de m'avoir vue, je l'interpelle :

- Salut.

Brusquement il tourne son museau vers moi, il est tellement grand que je sens son souffle sur mon menton. Je le trouve... différent. Il dégage quelque chose de plus sérieux qu'il en a l'habitude. L'heure n'est plus au taquinage à ce que je comprends.

Kaya, regarde.

Sa voix devenue caverneuse résonne à m'en faire frémir. Il me montre un petit point de lumière camouflé entre les branches des bois de l'autre côté du lac. Je plisse les yeux, je devine que c'est un feu lointain. Je détourne le regard, je ne me sens pas bien. Une boule dans mon ventre est née dès que j'ai posé les yeux sur ces flammes.

Ce feu avance bien plus vite que tu ne le pense, et va finir par nous atteindre. Il ne craint pas l'eau.

- Et alors ? On ne peut pas bouger ?

Alors que je viens de terminer ma question, j'entends des crépitements dans mon dos.
Je me retourne et j'en tombe des nues.
C'est quoi ce bordel ?

En quelques secondes, et sans que je l'aie remarqué, nous nous retrouvons entourés par un mur brulant.

- Il faut que je le traverse pour prouver mon courage ?

Wirgo me fixe sans répondre, derrière lui, avance sur l'eau, le feu déterminé.

Mon angoisse grandit pendant que le temps passe, je crois que ce n'est pas véritablement le feu qui me procure ce sentiment, mais plutôt ce qu'il contient.

Les flammes les plus proches prennent de la hauteur, jusqu'à une bonne tête de plus que moi.

Je ne sais pas quoi faire ! La peur me submerge, mon Guide est déjà happé par le brasier mais ne réagit pas. Je respire avec difficulté et mes yeux me piquent. Pourquoi il m'abandonne comme ça ?

Wirgo à complètement disparut. Je crie en sentant la morsure sur ma jambe, puis l'autre, ensuite dans tout mon corps.

Je ferme les yeux, je souffre au martyre. J'ai tellement mal. Je tombe sur les galets noircit, je vais mourir ? La douleur me consume, les souvenirs m'assomment.

Je l'entends sortir une lame, je tremble. Il faut que je me reprenne putain, je dois être forte ! L'homme me prend le menton et j'imagine son regard froid derrière le bandeau qui couvre le mien. Il fait glisser lentement sa main sur tout mon corps presque nu, j'en frémit de dégout.

Le tranchant du couteau se plante dans ma cuisse, je serre les dents, une larme coule sur ma joue.

- Déjà ? fit-il dédaigneusement.

Je sens le métal sortir de ma jambe. Il me caresse doucement mon cou et sans me laisser souffler plonge la dague dans le haut de mon bras gauche et il l'a fait s'enfoncer jusqu'au poignet. Le sang vient couler jusqu'à mes pieds. Je dois accepter la souffrance, je le dois, je le dois, je le dois ! Je ne suis pas faible et je vais leur montrer.