Pasaulis

14-Aramis

Je suis inutile.

Même si je préviens Pakio, on ne pourra rien faire et il en voudra encore plus à Kaya ! Après je pourrais en parler à l'As ou la Dame Rouge ? Les Troupes doivent intervenir non ? Si Egan et Omi s'entendraient, on ferait un grand pas en avant pour le projet d'unification de Pasaulis !

Je remarque du coin de l'œil que ma voisine s'agite. Je sens que ce blanc la met mal à l'aise et qu'elle souhaite dire quelque chose.

Je tourne la tête et nous nous regardons dans les yeux. Comme à chaque fois, j'ai un frisson devant son regard bleu glacial. Au moins pour une fois, elle me regarde sans dégout ou agacement, j'ai l'impression qu'elle est juste préoccupée.

Elle ouvre la bouche en cherchant ses mots puis la referme et détourne le regard, l'air honteuse. Ses cheveux de jais tombent devant son visage.

- Tu voulais dire ? je lui lance pour l'encourager.

- Rien grogne-t-elle.

On ne va pas aller bien loin en continuant ainsi. Je m'étire en soupirant.

- C'est bientôt l'heure, me fait-elle remarquer. Tu devrais y aller.

- On va suivre le même entrainement, toi aussi tu dois venir.

La jeune fille fronce les sourcils et serre les dents.

Qu'est-ce qu'elle a ?

- Je sais que tu n'as pas envie d'être avec moi mais c'est comme ça, je suis...

- Ce n'est pas toi le problème punaise ! m'interrompt-t-elle.

Je me tais pour lui laisser le temps de s'expliquer. Je t'en prie Kaya, confie-toi un peu !

- Quand je suis avec des gens, bredouille-t-elle. Je me sens tellement oppressée ! J'ai envie de partir et d'être libérée de ce qu'ils pensent. Ca me coute de discuter avec quelqu'un, je trouve ça fatiguant. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais c'est comme ça. C'est moi, pas toi, le problème, ajoute-t-elle d'un murmure.

Elle ne redresse toujours pas la tête.

- Kaya, ici personne ne te veux du mal, tu peux nous faire confiance ! Tu peux au moins en parler à nos professeurs ! Ils t'écouteront et essayeront de t'aider. On n'est pas à Egan, tu n'es pas obligée de te méfier autant.

- Crois-tu vraiment que des gens horribles il y en a que chez moi ?

Elle se retourne vers moi en me fusillant du regard et ajoute :

- Je n'arrive pas à comprendre comment tu ne sens pas toute l'hypocrisie qu'il existe ! Parler, parler ! Tu n'as que ça en tête et ça te perdra Aramis ! Prend un peu de recul, tu es beaucoup trop naïf.

Ses paroles font écho à celle que me tenait Alya la veille.

Souviens-toi, souviens-toi.

- Je préfère vivre ainsi que d'être aussi reclus et sombre que toi ! je lui rétorque sans réfléchir.

Mince, je n'aurai peut-être pas dû répondre à ses piques.

- Kaya je ne voulais pas dire ça, pardon, je lui dis directement, en avançant ma main vers son épaule.

- Ne me touche surtout pas ! m'avertit-t-elle en l'écartant.

Je me retrouve bras ballants en ne sachant pas quoi ajouter.

Si on continue on sera en retard mais je ne veux pas finir cette discussion sur ça !

Le silence revient. Sur ce point Kaya a raison, parler avec elle est fatiguant et me vide toute mon énergie.