𝖢𝗁𝖺𝗉𝗂𝗍𝗋𝖾 2

201 11 29
                                    

Retour en arrière : lendemain soir du meurtre de Eunjung.

《 Les "au revoir" les plus douloureux sont ceux qui n'ont jamais été prononcés ou jamais expliqués...》

Mon réveil sonne et dans la chambre, il fait très froid. Mes yeux n'ont aucune envie de s'ouvrir. Mon corps est lourd et les "bip bip" constant de mon téléphone crispent mes muscles. Cela commence sérieusement à m'énerver, je vais péter une durite. Je ne pense jamais à changer cette putain d'alarme !

- Ohh ta gueule...

Je n'ai même pas la force de l'insulter comme il se doit, ma voix est totalement endormie. Ma main finit par trouver mon portable et j'éteins rapidement le réveil, agacé.

Il est 23h30 et je dois bosser, travaillant de nuit dans un petit magasin au milieu d'une rue plutôt...mal fréquentée. C'est le seul travail que j'ai pu trouver et mes revenus sont "acceptable" pour vivre.

J'enroule mon corps gelé dans les couches de couettes qui recouvrent mon lit. La nuit c'est fait pour dormir. Je n'ai aucune envie de me lever mais j'y suis bien obligé. Je m'assois sur le bord de mon lit et passe une main dans mes cheveux, je soupire, pars prendre un gros pull et m'en vais dans la cuisine. Mes murs sont recouverts de papiers peints, à moitié déchirés pour certains et les meubles sont dans un assez mauvais état. Pour ce soir, je décide simplement de prendre une pomme, je n'ai pas spécialement faim. En ce moment, j'ai l'impression de perdre de plus en plus l'appétit. Je croque un morceau du fruit et me dirige vers la salle de bain pour m'habiller. Je me dépêche à cause du froid et enfile des vêtements chauds : un jean noir ainsi qu'un long t-shirt cole roulé de la même couleur que mon pantalon. Ma penderie n'est composée que de vêtements sombres, je n'aime pas attirer l'attention lorsque je sors dehors. Je quitte la salle de bain tout en prenant le temps de finir ma pomme et jette le trognon dans la poubelle. Je me chausse enfin et sors dans le froid du mois d'avril.

Je n'aime pas cette saison.

Je n'aime pas cet appartement.

Je me demande même si j'ai vraiment aimé quelque chose depuis ma naissance.

Mon enfance n'a pas été aussi "magique" que celle des autres gamins. Ma mère a quittée mon père qui devenait violent après avoir bu, et elle m'a laissé seul avec lui. Ce qui me servait de "appa" devait se décompenser pour calmer sa rage alors la plupart du temps, il cognait dans les murs faisant apparaître des fissures ou criait à pleins poumons sur ma mère. Un soir, Eomma était venue comme à son habitude pour me souhaiter une bonne nuit. Elle essayait de cacher ses bleus pour ne pas m'inquiéter mais je le remarquais. Cette nuit était la dernière que j'avais passée avec elle puisque le lendemain...elle avait disparu. J'avais attendu des heures qu'elle revienne à la maison, mais elle n'est jamais ré-apparue. A ce moment là, alors que celle qui me protégeait était partie, mon père s'en prenait dès lors à la personne qui vivait sous le même toit que lui.

Moi.

J'ai détesté ma mère pour être partie. Partie sans m'emmener avec elle ou même sans me dire au revoir. Je pensais que quelques jours plus tard, elle serait revenu avec du renfort pour venir me sortir de là. Malheureusement non. D'un autre côté, inconsciemment, j'avais compris son envie de partir et de ne plus jamais revenir pour ne plus continuer de vivre dans ce cauchemar. J'avais attendu des années, et puis je m'étais rendu compte que j'avais été trop con de l'attendre.

C'est à mes 15 ans que je me suis retrouvé vraiment seul.

Je rentrais d'une soirée et je n'avais trouvé mon père nul part dans la maison. Lui qui me frappait à chaque fois, j'avais le droit à un silence qui hantait toute la baraque. Je l'avais cherché dans les bars dans lesquels il avait l'habitude d'aller, ou même seulement dans des ruelles abandonnées. Mais personne. J'avais été laissé seul. Une seconde fois.

𝖲𝗍𝗂𝗅𝗅 𝖶𝗂𝗍𝗁 𝖮𝗇𝖾 "𝖬𝗎𝗋𝖽𝖾𝗋𝖾𝗋" | ʲⁱᵏᵒᵒᵏOù les histoires vivent. Découvrez maintenant