Playboy

CHAPITRE 2

              L'après-midi ma sœur nous a accompagnées rejoindre une amie à Nation. C'était la première fois que nous faisions de l'escalade.

Après une courte explication des principales règles et consignes nécessaires pour une première grimpe ainsi qu'un rapide passage aux vestiaires, nous étions prêtes. Enfin presque. Il a encore fallu aller aux toilettes et, à l'aide d'un peu d'eau et de beaucoup de savon, tenter d'enlever ses bagues qu'elle ne retirait jamais. Dans la salle, les autres avaient déjà commencé et, cette ultime étape accomplie, nous avons pu les rejoindre sur le mur.

J'ai adoré découvrir cette pratique à ses côtés et partager cette expérience avec elle.

Evidemment, elle me taquinait encore. Me défiait, me provoquait. Sans même mentionner mon instinct de compétition et ma volonté toujours de réussir ce que j'entreprends, je voulais y arriver pour elle. Pour lui montrer que j'en étais capable ; pour l'impressionner surtout.

Il y a une piste que j'ai tout particulièrement eu du mal à faire. Beaucoup de mal pour être honnête. Mais il fallait que j'y arrive. Parce qu'elle était là et qu'elle m'avait mise au défi d'y arriver, je devais le faire. Et justement. Après plusieurs tentatives presque aussi douloureuses qu'infructueuses j'ai enfin pu y arriver sous son regard, à bout de forces et à bout de bras. Plus encore que la satisfaction d'être parvenue au bout de cette piste qui me posait problèmes, j'étais heureuse de lui avoir montré que je pouvais le faire, comme un gosse passe devant sa mère tout content de tenir enfin sur son vélo.

C'était génial. Malgré le monde nous avons pu passer quelques instants ensemble, des instants d'autant si précieux que la montre jouait contre nous et que, si elle venait à peine d'arriver, je savais qu'elle repartirai aussitôt.

Il y avait un canapé un peu à part. Et des coussins aussi qu'elle a rapidement commencé à me jeter à la figure. Elle aime bien jeter des coussins je crois.

Sur ce canapé, seule avec elle au milieu de tout ce monde, je me sentais bien. Comme si tout cela était normal ; que nous nous retrouvions dans cette salle d'escalade sans qu'elle ait à rentrer après chez elle, à plus de 300 kilomètres de là.