CHAPITRE 1

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              Elle me retient par le poignet, m'attire vers elle et aussitôt, m'embrasse. Je lui ai dit que je l'aimais. Elle a ri. Probablement alors que je ne l'aime pas, mais peu importe, puisqu'elle est avec moi. Rien qu'avec moi.

Elle est arrivée hier par le premier train. Il avait du retard et moi j'étais très en avance. J'ai attendu dans la gare puis sur le quai. Tout au bout du quai, au soleil. Elle était à l'arrière du train mais il était plus court que ce que je pensais. Alors, elle en est descendue tandis que je remontais le quai pour la retrouver. Finalement, elle était là avant moi.

Je ne sais plus ce que j'ai vu. Une valise rose je crois, une veste grise et des baskets blanches. Ses préférées. J'ai dû prendre sa valise. C'est ce que font les gens quand ils récupèrent des amis ou de la famille à la gare. Elle n'était pourtant ni l'un ni l'autre, juste un profil glissé à droite sur une appli de rencontre. Un profil qui m'avait séduite et que je menais désormais chez moi.

Nous marchions d'un bon pas dans les couloirs du métro, laissant derrière nous les quais noirs de monde de la gare Montparnasse. Elle n'était pas souvent venue à Paris et se jouait taquinement du comportement de ces parisiens qui remontaient l'escalier mécanique à pieds. Ses moqueries, quoique à peine dissimulées n'étaient pas désagréables et mieux encore, j'avais beau en être la véritable cible, je les aimais. Elle était là, à rire à côté de moi, et ça me rendait heureuse.

Le reste me parait un vide ponctué de taches colorées. Je n'ai plus beaucoup de souvenirs, le temps ou les larmes peut-être, les ont dilués. Cette matinée est passée comme le reste de son séjour, rapidement et sous un grand soleil. Nous avons joué aux cartes, sur mon lit, sur la terrasse, au parc. Elle déteste perdre. Je n'aime pas beaucoup non plus.

C'est au parc justement que nous avons déjeuné. Il y avait quelques autres personnes assises dans l'herbe, nous avions trouvé un coin légèrement à l'écart. Nous étions au début du mois d'août, il faisait chaud mais le temps n'était pas étouffant et un léger vent caressait ses cheveux. Elle était belle. Encore plus belle que ce profil avec lequel j'avais matché quelques semaines plus tôt. 

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