CHAPITRE 7

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              J'ai multiplié les rencontres. Je ne me souvenais plus même des prénoms des filles auxquelles je parlais. Je suis allée jusqu'à imaginer lister les différents sujets de conversations que j'avais eu avec elles pour pouvoir y faire références sans risquer de me tromper de fille.

J'ai détesté agir de la sorte, mais je ne me sentais capable de rien d'autre. La fille dont je voulais ne voulais pas de moi. Je n'avais qu'un trou à combler et je m'y essayais autant que possible. Sans succès.

J'ai probablement à ce moment laissé passer de très belles personnes. Des personnes sûrement en mesure de me donner ce dont j'avais besoin, mais je n'étais pas en mesure de leur apporter quoique ce soit. J'en ai blessée et j'en suis sincèrement désolée.
Pour aimer il faut un cœur et on m'avait pris le mien. Ou alors l'avais-je donné trop vite.

Peu importe l'origine du mal, j'avais beau me croire en convalescence, je ne voulais pas guérir. J'aimais mon mal jusqu'à le chérir et je continuais malgré tout à attendre qu'elle me recontacte. C'est moi qui étais partie ; parce que je voulais qu'elle me retienne. C'est une erreur parfois de penser que les gens réagiront si on s'en va; on peut tout aussi bien les arranger. C'était le cas où ça ne l'était pas, et peu importe finalement puisqu'elle n'est pas revenue. C'est moi qui suis retournée vers elle. Je l'ai même préférée à mon égo.

Ici encore je ne me souviens plus de tout ; c'est sûrement pour le mieux. Seuls des mots restent, des mots dont je ne veux plus qui s'obstinent à garder la place qu'ils se sont faite dans ma tête même après que j'aie enfin pu les déloger de mon cœur. « J'ai quelqu'un tu sais ».

Il m'a fallu tout ce temps, tous ces silences, toutes ces absences et jusqu'à cette phrase pour enfin comprendre. Comprendre qu'il n'y aurait rien, jamais rien et qu'au fond, je le savais déjà.

C'est là que j'ai commencé à faire des rencontres ; à vouloir avancer, non pas pour l'oublier, mais parce que c'était la seule façon de ne pas reculer. 

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