CHAPITRE 8

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              Je la reverrai un jour et tout sera différent. Elle sera toujours aussi belle, si ce n'est plus encore. Elle m'aura manquée, terriblement ; et je ne lui en voudrai plus, sûrement. Mais tout aura déjà été fait. Je l'aurai déjà aimée, déjà désirée et j'aurai déjà souffert.
Dans une autre vie nous nous aurions été heureuses, ensembles. Je le sais parce que j'ai vu cette vie, même si j'étais seule à la voir.
Peu importe pourtant, je n'ai pour ainsi pas de regrets et c'est probablement ce que j'ai pu tirer de plus grand de ce séjour avec elle.

Ces quelques jours à ses côtés m'ont été si merveilleux qu'il aurait été malvenu, presque déplacé, d'oser les ternir de regrets. Je ne voulais pas y toucher et encore aujourd'hui, je les garde précieusement dans un recoin de mon être ; ils sont une belle part de moi. Je les ai protégés de tout ce qui a suivi ; de tout ce qui aurait pu me les rendre détestables. Ils n'étaient pas l'illusion, seulement l'éclaircie. Ce n'est pas à elle qu'il faut reprocher le retour du mauvais temps.

Ces instants, je les chérie. Il y en a peu comme ça qui ne soient que du bonheur. Il ne faut pas risquer de les perdre pour des bêtises ; je m'en serai voulue.

Au fond pourtant je sais que j'aurai voulu, encore aujourd'hui, qu'elle me laisse l'inonder de ma tendresse, la recouvrir de mon amour. Je sais qu'une part de moi restera à attendre la déclaration d'amour qui n'est jamais venue ; parce que ce qui n'a pas eu lieu laisse un vide qui attendra toujours d'être comblé même si peu à peu, j'oublie son existence.

C'est cette part de moi qui s'accroche un peu plus que de raison à ces filles susceptibles de lui ressembler. La ressemblance est souvent bien maigre, une mèche de cheveux emmêlée autour d'un majeur droit et la voilà qui se réveille, insatiable, espérant tromper le manque.

Alors voilà, je suis dans mon métro et la tête contre la vitre, je peux presque ressentir le poids de la sienne sur mon épaule gauche. Je repense à ce sac Playboy qui vient de m'échapper.

Ce n'était pas elle mais c'était tout comme ; elle venait de me quitter une seconde fois.

03/05.03.2021

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