08 | 𝐀𝐋𝐎𝐈𝐒 & 𝐅𝐀𝐋𝐘𝐍

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La lumière du jour avait imprégné les rideaux pourpres de la chambre. Un rayon de soleil s'était infiltré dans la pièce encore sombre, traçant un sillon de chaleur sur la joue de Ciel.

Ce contact eut l'effet de tirer le garçon du sommeil. Avec fainéantise, il roula sous sa couette, serra son oreiller contre lui, espérant replonger dans le monde des rêves. Mais les bruits extérieurs du camping qui s'animait peu à peu tourmentaient déjà ses oreilles. Il grogna de frustration et se redressa dans ses draps, une moue terrible sur son visage poupin, un bâillement sonore s'échappa de ses lèvres.

La nuit était passée beaucoup trop vite à son goût. Le feu de camp de la veille s'était éternisé et l'avait privé de son quota habituel de repos. D'autant plus qu'aujourd'hui signait le commencement de leur randonnée au cœur de la forêt de Redwood. Il n'était clairement pas dans un état lui permettant de braver une journée comme celle-ci. Faire du sport en temps normal était déjà ardu, alors avec une nuit amputée de moitié, ça semblait absurde. 

Il entrouvrit légèrement les rideaux de la fenêtre pour y voir plus clair puis jeta un coup d'œil vers le lit adjacent. Les draps étaient vides. L'intrépide tête blonde avec qui il partageait son bungalow avait déjà déserté la chambre, sans doute allée prendre son petit-déjeuner.

Sans s'éterniser au fond de sa couette, le garçon décida de faire la même chose et partit à la recherche de ses vêtements, éparpillés négligemment aux quatre coins du lit. À croire que ses mauvaises habitudes le suivaient jusqu'en Californie. 

En sortant de la chambre, un étrange pressentiment l'assaillit. Le brouhaha avait disparu et il ne tarda pas à s'apercevoir qu'il était complétement seul. Croyant à une mauvaise blague, il s'avança vers les pavillons en bois sous lesquels étaient disposées les tables du petit-déjeuner. Mais en plus d'être vides, ces dernières reluisaient au soleil, comme fraîchement nettoyées par un employé. Ils avaient déjà remballé le buffet et personne n'avait eu la décence de venir le réveiller ?

Circonspect, il décida de faire demi-tour et de retourner vers son bungalow avec l'espoir que Lizzie y soit de nouveau et puisse éclairer sa lanterne. Mais alors qu'il revenait sur ses pas, il croisa la directrice Madame Nash qui courait dans tout les sens, en proie à une panique apparente. 

- Ah, je me disais bien qu'il en manquait un ! S'exclama-t-elle en apercevant le bleuté.

- Qu- Pardon ?

- Tu es en retard, Cen. Le réprimanda-t-elle, sans toutefois se départir de sa bonhomie naturelle.

- Ciel. Corrigea-t-il, agacé qu'on écorche son nom. Désolé, je-

- Oui oui, Ciel ! Va tout de suite rejoindre les autres dans le bus. Nous partons dans dix minutes. Il est déjà 9h35 !

Il tomba des nues à la connaissance de cette information. Pas possible... Il avait vraiment dormi tout ce temps ? Lui qui détestait être au centre de l'attention, il allait encore une fois s'accaparer toute celle des autres ! Il fallait vraiment qu'il passe cette satanée manie qui consistait à se ridiculiser en public.

Après un rapide détour à son bungalow, en vue de récupérer son sac de randonnée et ses chaussures de marche, le garçon se hâta de rejoindre la sortie du camping où un imposant bus était garé, la globalité de l'effectif  déjà comprimée à l'intérieur. 

Anxieux, il gravit maladroitement les marches du car en priant intérieurement pour que son absence soit passée inaperçue. Comme à son attente, les places avaient toutes été subtilisées. Il ne put s'empêcher de grimacer en voyant que Lizzie avait adopté Ryan comme voisin de siège, sans doute dans l'optique de lui soutirer des informations sur sa cacahuète Alois, avec qui il partageait désormais sa chambre.
La Japonaise Mitsuki avait élu domicile à côté de son jeune frère qui ne faisait que de bouger dans tous les sens et piailler de manière incessante, ce qui en agaçait plus d'un. L'exubérante rousse du nom de Falyn était quant à elle allongée de tout son long dans une rangée, monopolisant deux sièges pour elle seule, ses converses sur l'accoudoir en métal qui bordait le couloir et ses doigts vernis resserrés autour d'une canette de Coca-Cola.

𝟐𝟖𝟕𝟐 𝐌𝐈𝐋𝐄𝐒 [𝐂𝐢𝐞𝐥𝐨𝐢𝐬]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant