Deux âmes solitaires

Jupiter

Rose s'éveilla cette fois dans la cage, de légers bruits étouffés de vie dans le campement, parvenait à ses oreilles. Encore un peu sonnée, elle poussa de petits grognements de douleur et réussit finalement à se mettre debout dans cette cage, où elle n'avait même pas la place pour faire un seul pas.

« Vous en avez mis du temps ! s'exclama une voix dans l'ombre. »

La terrienne la reconnut sur le champ, elle était la seule voix qu'elle avait pu entendre sur cette planète depuis qu'elle était arrivée.

« J'espère que vos quartiers vous conviennent, ajouta, ironiquement, l'indigène en entrant finalement dans le champ de vision de Rose.

-Je vous le répète : je ne vous veux aucun mal, je viens en paix, tenta-t-elle de lui expliquer.

-Qui êtes-vous, et que cherchez-vous ? questionna le jupitérien en s'approchant brusquement de la cage et en faisant disparaître son sourire moqueur de ses lèvres. »

Il fixait maintenant Rose, non pas d'un air mauvais, mais plutôt interrogateur. Ses yeux la scrutaient d'un regard noir, exigeant une réponse et vite. Rose se redressa face à son geôlier et reprit ses esprits. Elle serra les poings : elle devait appliquer le protocole de rencontre avec des formes de vie moins développer.

« Je suis une agente de l'Autorité de Variations Temporelles et je suis ici pour une mission de la plus haute importance, déclara-t-elle en tentant de réciter au mieux les phrases simples que l'on lui avait appris à la formation d'entrée à la TVA.

-Et pourrait-on connaître l'objet de cette mission ? interrogea le chef de la tribu, en reprenant son air malicieux.

-Je... Je ne peux pas vous donner plus de... détails, bégaya-t-elle légèrement face aux expressions instables de son interlocuteur.

-Sachez, petit cafard, que j'obtiens toujours ce que je demande, déclara-t-il trop posément. Alors si vous ne souhaité pas que j'use de la manière forte, vous avez intérêt à répondre à mes questions.

-Je... reprit Rose sans vraiment trop être sûr de sa future réponse. Je peux seulement vous dire que je suis chasseuse de prime, expliqua-t-elle plus calmement.

-Oh ! s'exclama-t-il. Et qui cherchez-vous ?

-Je ne peux pas vous le dire, s'empressa-t-elle de répondre.

-Dans ce cas je me chargerais d'aller moi-même chercher cette information dans votre ridicule petit crâne ! lança-t-il en serrant les dents et en faisant jaillir dans ses mains, comme par magie, la dague de Rose, que les gardes avaient probablement confisqué à cette dernière en la capturant. »

Rose se plaqua contre une paroi de la cage, impressionnée par le ton employé par l'indigène. Il semblait réellement enclin à la torturer. Elle tenta de répliquer mais aucun son n'osait passer la barrière de ses lèvres. Le reptilien continuait d'avancer doucement vers sa prisonnière, un air sadique scotché au visage.

« Je... je ne... je ne peux rien... vous... vous dire, se remit à bégayer la terrienne. »

Le jupitérien ne cessa pas pour autant sa lente démarche vers la cage. Ses pieds trainaient au sol, le couteau était pointé sur Rose et celle-ci s'aplatissait de plus en plus contre les barreaux de sa prison, qui lui parurent, soudain, très amicaux, comparés au sourire sadique que lui lançait son interlocuteur.

« Pitié... souffla-t-elle, le visage crispé de peur, les yeux clos et le menton rentré dans ses épaules, persuadée que sa fin était proche. »

Soudain, le reptilien se stoppa net. Son sourire sadique disparut sur le champ et il fixa Rose d'un air presque choqué, emplis d'incompréhension. Il recula. Rose se risqua à ouvrir un œil mais elle ne put qu'apercevoir le reptilien s'éloigner à grandes enjambées. Elle s'affaissa dans sa cage, à la fois soulagé qu'il ne l'est pas touchée, mais également intriguée par l'étrange réaction de son tortionnaire. Elle se recroquevilla sur elle-même et, comme c'était la seule position possible dans cet habitacle, recolla ses genoux contre son torse. Épuisée par les évènements, elle s'endormie, finalement toujours coincée sur cette planète.