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Le soleil avait des rayons inhabituellement acérés, en ce bon matin de juillet. Stanislas n'était pas habitué à une telle température; chaque pas qu'il faisait était, pour ne pas changer, toujours rempli d'un immense regret. Si seulement il pouvait rester à l'hôtel, et ne rien faire, avec la climatisation tout près de lui et un bon film d'action à la télé... Malheureusement, il doit encore supporter cette chaleur insoutenable; leur cible n'était toujours pas en vue.

Ils avaient bien essayés, tout deux, de demander à quelques passants s'ils connaissaient ce fameux mannequin. Certains disaient que oui, et qu'il n'était vraiment pas aussi loin qu'ils ne le pensaient. D'autres disaient que non. Ceux-là étaient probablement des touristes.
Maintenant Camille et Stan étaient sûrs d'une chose au moins; il était bien dans cette ville. Alors, d'un pas lourd et lent, ils continuèrent leur recherches.

“- Quand même... commença Camille, il n'y a pas beaucoup d'agitation pour ce Ophio... tu ne trouves pas ça bizarre ? ”

La remarque de la brune était totalement légitime. On pourrait s'attendre à un engouement de la foule face à une personnalité publique qui revient dans sa ville natale, après quelques temps.

“- Les habitants le connaissent tous, répondit le russe, la sueur ruisselant sur son front, donc ils s'en foutent. ”

Camille souffla un petit "c'est vrai", avant de repartir de l'avant. Tout le monde ici doit être habitué à ses vas-et-vient fréquents, alors qu'il ne soit là ou pas ne doit sûrement pas perturber leur quotidien.

Quelques minutes passèrent; minutes pendant lesquelles les deux amis n'arrêtaient pas de demander à chaque petit marchand s'ils avaient une idée de l'endroit où se cachait ce Ophio. Le temps passait d'une lenteur, qui pour Stanislas était insupportable. Ses cheveux étaient luisants de sueur, et ses mèches se collaient entre elles, chose qui l'agaçait tout particulièrement. Il ne faisait que supporter la situation, avec l'espoir que l'homme qu'ils traquaient allait apparaître devant eux, miraculeusement.
Quant à Camille, bien qu'elle soit contente de se balader un peu, elle commençait, elle aussi, à devenir impatiente. La seule chose qui la motivait encore était la présence du russe, ainsi que la glace qu'elle s'était promis à la fin de leur "chasse".

Après une énième visite de petites boutiques et autres échoppes, la chance leur sourit enfin.
Ils sont finalement arrivé à ce petit stand reculé, où l'on vendait des plantes en tout genre; il y avait notamment une grande variété de cactus mis en évidence, ou bien des plantes en pot dont Stan ne connaissait le nom. Deux personnes tenaient ce petit magasin; une femme, d'un âge assez mûr, aux cheveux blonds dont les reflets teintaient légèrement sur l'argenté, ainsi que présumément son mari, aux cheveux cette fois-ci, plus sombres. Ils étaient assis sur des chaises pliables aux couleurs vives, l'un somnolant, l'autre lisant un journal, un camion blanc garé derrière eux.

Camille s'approcha, faisant d'abord mine d'observer les cactus, avant de prendre la parole, d'un ton délicat.

“- Excusez moi... ”

Voyant que personne ne daignait même poser les yeux sur elle, elle se tourna vers Stanislas, le regardant, désespérée.

“- Peut être qu'ils ne parlent pas anglais...

- Si, c'est bon. Pardonnez moi. ”

C'était l'homme qui avait parlé, se réveillant ainsi de sa dite "sieste". Il remit ses lunettes en place, pour pouvoir mieux observer les étrangers se tenant devant lui.

“- Excusez ma femme, elle est sourde.”

En disant cela, il se redressa de son siège, plantant son regard dans les iris de Camille, puis dans celles de Stanislas, les épiant à tour de rôle,  mettant ceux-ci mal à l'aise.

“- Dit donc, vous n'êtes pas d'ici vous..., il se pencha vers Stan, avant de rigoler légèrement, vous transpirez beaucoup mon bon garçon, vous n'allez pas vous évanouir j'espère ! ”

Le "bon garçon" en question se sentit très embarrassé, n'étant pas à l'aise lors d'interactions sociales. Tenir une conversation n'était vraiment pas son fort, mais il se sentit tout de même obligé de répondre; alors il le fit avec un sourire qui se veuille poli.
Son amie, à côté, était très amusée de la situation, mais voyant la gène de son partenaire, elle reprit bien vite la situation en main.

“- En fait, nous aimerions savoir si vous connaissiez cette personne..., dit-elle en tendant son téléphone au gérant du stand, et si vous saviez éventuellement où l'on pourrait le trouver-

Avant qu'elle ne puisse finir sa phrase, le vieille homme la coupe subitement, laissant un moment de silence, avant qu'il ne rende l'appareil à sa propriétaire.

- Et bien, que voulez-vous à mon petit fils ?

- ... Quoi ? ”

Tandis que Stanislas et Camille se regardaient d'un air perdu, la femme, posa son journal sur le côté, et commença, elle aussi à les observer. Après quelques instants, elle fit un signe à son mari, qui prit la parole, subitement.

“- Vous n'avez pas l'air mauvais. Vous n'êtes pas de ses fans, n'est-ce pas ? ”

Le choc de la phrase précédente faisant encore effet chez les deux amis. Ils avaient enfin trouvé une piste interéssante, et se sentaient maintenant rassurés, de savoir qu'ils n'auraient plus à supporter de longues minutes de marche inutile, sous une étoile impartiale et torride.

“- Enfin... non, pas vraiment... Je veux dire...

- Vous êtes ses amis, c'est ça ? ”

L'occasion de répondre "oui" à cette demande leur était servie sur un plateau d'argent; alors ils n'ont bien évidemment pas hésités. Expliquer à ce petit couple de retraités la terrible réalité serait bien trop compliqué. Et puis, personne ne les croirait.
Alors, le vieux se dirigea vers le camion, et donna quelques coups dessus, visiblement adressés à quelqu'un.

“- Aller, sors de Ophio, y a tes amis...excusez-le, il est sûrement en train de dormir. ”

Ça y est. Ils allaient enfin le rencontrer. Qu'a-t-il donc de si particulier, au point que l'on demande à Stanislas, un excellent assassin, de le protéger ? A-t-il une notoriété si importante, au point qu'il doit être, par tous les moyens, mis en sécurité ? Tant de questions pouvaient être posées en ce moment même. Mais elles seront vite repondues, lorsqu'il sortira de ce van.
S'il daigne en sortir un jour.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 04, 2021 ⏰

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