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“- Stan ? Stan ! ”

À l'entente de son nom, le russe relève la tête et ouvre ses yeux, pour tomber face à Camille, les sourcils froncés et un air exaspéré au visage.
Elle était tournée vers lui, une main encore sur le volant.

“- Il faut que tu arrêtes de dormir dès que tu en as l'occasion ! ... Aller, on est arrivés. ”

La brune avait garé la Honda sur le parking, près d'autres voitures de vacanciers. Elle avait eut du mal à trouver de place, le lieu étant l'un des plus emblématiques de Santorin.

Stanislas tourna la tête vers la vitre. La première chose qu'il remarqua sans trop d'efforts était le soleil, grand et radieux, qui surplombait la plage entière de sa lumière.
Les enfants couraient de part et d'autre dans le sable, sous la surveillance de leurs parents. On entendait leurs cris si distincts et grinçants jusqu'à l'intérieur du véhicule, et cela l'agaçait déjà.

Il sentait que la journée allait être longue. Alors, avec un soupir, il ferma les yeux à nouveau, essayant de fuir la réalité. Mais ce n'était bien évidemment sans l'intervention de Camille, qui le frappa au front avec sa bouteille d'eau.

“ - Ah non tu commence pas hein !! ” lui crie-t-elle.

Alors, forcé de suivre son amie, Stanislas se lève, las, sans grande conviction, et avec une désagréable douleur sur le haut du crâne.

Il ne voulait pas bouger de son siège, blotti confortablement et à l'abri de la lumière. Il déteste l'été.
La plage est, surtout, l'une des choses qu'il hait le plus dans ce monde, en plein mois de Juin.
Il hait le soleil et sa chaleur insoutenable. Rien que l'idée de se dénuder le repoussait. Et ce n'était pas par pudeur, mais plus par prévention ; il a une peau sensible et fragile. Les rayons de ce monstre de feu sont perçus comme une agression, et même la plus compétente des crèmes solaires à du mal à accomplir son rôle, face à ce problème.

Stanislas hait aussi les enfants. Ils le répugne, et il a toujours envie d'en frapper un. Alors être ici est un véritable enfer pour lui.

“- C'est bon ? Tu as fini de rêvasser ? J'ai un peu besoin de toi là !”

Effectivement, Camille était déjà en train de décharger l'arrière de la voiture. Elle avait entrouvert le capot et sorti les sacs de plage, ainsi que la glacière. Maintenant, il lui fallait de la main d'œuvre pour transporter tout cela.

Le russe se décida enfin d'ouvrir la portière, et de venir l'aider.
Dès l'instant où son pied se posait sur le sol, il regretta toutes ses décisions passées, et surtout celle de venir ici. Mais il ne pouvait plus rien y faire désormais; il lui fallait accepter son destin, qui était de passer l'après-midi avec sa fière acolyte.

Contrairement à Stanislas, Camille, elle, adore l'été et ses petits plaisirs; elle avait déjà tout prévu. Travailler son bronzage estival tout en lisant son magasine préféré, siroter un cocktail exotique aux couleurs éclatantes, faire fantasmer tous les garçons de la baie sur elle, et peut être même se rapprocher du russe.
Elle était prête, revêtue de son plus beau maillot, à conquérir le sable et ses habitants.

Elle est un peu comme le “contraire” de son ami, alors qu'elle fût sa surprise lorsqu'il lui a proposé de venir en voyage ici, en Grèce. Mais elle savait très bien que ce n'était pas pour une raison aussi innocente que “de simples vacances”.

Ils trouvèrent donc une place, après quelques minutes de recherche sur une plage bondée, près des rochers et d'une famille avec deux enfants, pour le plus grand bonheur de Stanislas. Ils posent donc leurs sacs, et sortent leurs serviettes, qu'ils étendent respectivement, sous certains regards indiscrets. Après tout, quelques-uns peuvent très bien les trouver attirants, tandis que pour d'autres, ce n'était que de la simple curiosité ou le fruit du hasard. Mais il était vite clair que le corps svelte de Stan, et les proportions généreuses de Camille ne laissaient pas les voyeurs indifférents.

“- Tu veux de l'eau, Stan ? ”

Le russe acquiesce, la langue sèche, et Camille ouvrit alors la glacière, pour en sortir une bouteille de thé glacé, qu'elle tend au garçon.
Elle ne pouvait s'empêcher de le fixer, lui, vêtu d'un sobre short noir. Il était rare, même pour elle de le voir aussi... Nu.

“- Qu'est-ce qu'il y a ? ” finit-il par lui demander, en ouvrant la bouche pour la première fois depuis qu'il s'était endormi.

Elle se sentit un peu gênée, mais lui répond rapidement qu'il n'y a aucun problème.
Stanislas retira le bouchon de la bouteille et prit une gorgée, sous le soleil ardent du Sud.

Il ne faisait que supporter la situation. Il ne comprennait pas l'engouement qu'ont les gens face au bord de mer. Pour lui, ce n'est rien de plus qu'une grande étendue d'eau inconnue et dangereuse.
Il fixait l'horizon à travers le verre coloré de ses lunettes, se demandant toujours ce que les gens, heureux et souriants, trouvaient donc à cet endroit de si particulier.

Perdu dans ses pensées, il ne se rendit pas compte que Camille lui appliquait de la crème solaire dans le dos. La fraîcheur du liquide lui faisait beaucoup de bien, lui qui cuisait sous la lumière. Puis quand elle eût fini, il lui en appliqua à son tour.
Elle avait défait le nœud de son maillot, pour que son bronzage soit bien uniforme, et impeccable. Elle était donc allongée, les seins contre la serviette, et les cheveux, posés avec soin sur le côté.
Elle espérait secrètement que cette vision ferait au moins rougir le russe, mais c'est plutôt l'Étoile dans le ciel qui réussi à le faire changer de couleur.

“- On visitera le centre un autre jour, n'est-ce pas ? ” demande-t-il, en rangeant le flacon de crème.

“- Oui, aujourd'hui on profite de la mer et du soleil ! ”

Profiter”... Stanislas se demande s'il y arrivera dans de telles conditions. Entre le brouhaha de la foule et le calme contrastant de la nature, en plus des rayons du soleil, semblables à des coups de poignards sur son corps...Il sera dur pour lui de “profiter”.

ὄφιςOù les histoires vivent. Découvrez maintenant