KAREN MINEFIELDS – KATHRYN MINEFIELDS – ZACHARY FROST
NARRATEUR. – La femme arrive chez elle d'un pas lourd, lançant son sandwich à la poubelle en soupirant. Un silence lourd et inhabituel plane dans l'atmosphère, alors que Karen semblerait, pour la première fois, faire preuve de sensibilité...
*
KAREN MINEFIELDS, s'asseyant dramatiquement. – Pfff... Quelle journée pourrie... (Elle soupire avec insistance.) Que des cons dans la rue, et ce Frost que je ne peux pas me voir ! Et cette femme d'affaires, qui m'a attaquée... Elle me fait réfléchir... Pourquoi cette indifférence ? Face à moi qui obtient tout et qui fait trembler les gens ? Vraiment étrange. Flippant. Presque angoissant.
KATHRYN MINEFIELDS, arrivant, détendue. – Des accès de mégalomanie, Karen ?
KAREN MINEFIELDS, sursautant vivement. – Qu'est-ce que tu fous ici, Kathryn ?!
KATHRYN MINEFIELDS. – Je viens rendre visite à ma sœur adorée qui a des envies de meurtre et qui parle seule, quoi de plus normal ?
KAREN MINEFIELDS, soupire. – Tu m'énerves.
KATHRYN MINEFIELDS, faisant un clin d'œil. – C'est pour ça que tu m'aimes, non ?
(La sœur arrivante s'installe confortablement à côté de la femme d'affaires, qui la fusille du regard.)
KATHRYN MINEFIELDS. – La foudroyante et redoutée Karen Minefields, seule et pensive sur son canapé en plein après-midi, au lieu d'enguirlander n'importe qui, tant qu'elle enguirlande... La légende s'efface ?
KAREN MINEFIELDS. – Fous-moi la paix. J'ai bien le droit de rentrer chez moi en journée, non ?
KATHRYN MINEFIELDS. – Zen, Karen ! Je trouve juste ça inhabituel et étrange. Comme ta femme d'affaires.
KAREN MINEFIELDS, ahurie. – Tu la connais ?
KATHRYN MINEFIELDS. – Non. Tu en parlais toute seule.
KAREN MINEFIELDS. – ...
KATHRYN MINEFIELDS. – Et donc ?
KAREN MINEFIELDS. – Et donc elle m'a plaquée au sol.
KATHRYN MINEFIELDS. – Toi ?! Elle t'a plaquée, à toi ?
(Kathryn éclate de rire. Karen, d'humeur grincheuse, ne semble pas apprécier.)
KAREN MINEFIELDS, d'une voix geignarde, tentant de caricaturer sa sœur. – Oui, moi. Et alors ?
KATHRYN MINEFIELDS. – Ne me dis pas qu'elle n'avait aucune raison.
KAREN MINEFIELDS. – Elle a perdu son job, mais est-ce que c'est ma faute ?
KATHRYN MINEFIELDS. – Je suis prête à parier que oui.
KAREN MINEFIELDS. – Peut-être, mais je m'en contrefous.
KATHRYN MINEFIELDS, souriante. – Je suis prête à parier que non.
KAREN MINEFIELDS. – Tu m'emmerdes, à la fin. (Celle-ci lui sourit en coin.) Mais si tu veux vraiment savoir, c'est son changement d'attitude qui m'a déstabilisée. Elle était prête à me tuer, un déclic, et paf ! (Elle tape violemment dans ses mains.) La maîtrise émotionnelle d'un grand sage, et elle me dispense des philosophies à deux balles avant de partir, indifférente.
KATHRYN MINEFIELDS. – Mais quelles philosophies ?
KAREN MINEFIELDS, soufflant une fois encore, caricaturale. – Qu'elle ne s'abaisserait pas à parler à des personnes dont la philosophie n'était que la violence, blablabla... la violence n'engendre que la violence... gneugneugneu...
VOUS LISEZ
La Colère Humaine - Pièce de théâtre
Fiction généraleDans un Manhattan moderne aux employés et passants hétéroclites, une femme d'affaires et son assistant se confrontent au monde, méprisants de tous. Alors que leur passage ne laisse qu'un sillage rocambolesque de violence et d'insultes, des Newyorkai...