Il disparaît de la pièce pour se rendre dans ma chambre et revient avec un pull. Il dépose une troisième couverture sur moi. Alors « à nous deux » veut donc dire ça. Je souris discrètement et enfile difficilement le pull, il m'aide à le descendre le long de mes flans. Je m'attarde sur son visage, les bouts de verre sont toujours plantés dans sa joue, il n'a pas nettoyé son visage donc le sang a un peu séché. Il se laisse ensuite tomber à côté du canapé, sa main passe dans ses cheveux. Ses cernes sont marquées, il est épuisé et ça se voit mais il garde la face. Lui aussi a eu un accident après tout mais il semble si invincible.- Je suis restée longtemps inconsciente ?
Il secoue la tête.
- Il faut que je regarde tes côtes.
Je fronce les sourcils.
- Je préfère aller à l'hôpital.
- Tu ne peux pas y aller. Tu vas devoir porter plainte et tu ne veux pas porter plainte.Les larmes me montent aux yeux quand je pense à la personne qui est derrière l'accident.
- Je suis désolée.. pour ce qui est arrivé. Tu ne devais pas être là.
Après un silence interminable il met un genou à terre, il commence à soulever les couettes en me demandant la permission d'un regard. Je hoche la tête, intimidée. Il soulève mon pull mais tombe sur mon corset.
- Enlève-le.
Le timbre de sa voix me fait frissonner. Je m'exécute malgré la gêne. Il a la décence de regarder le sol, j'apprécie. Lorsque j'ai fini, ses doigts parcourent mon abdomen de façon purement médicale. Ma peau est rouge et risque de devenir violine. Je supporte difficilement son toucher mais le contraste avec sa peau tatouée me fascine. Cette fascination s'interrompt brusquement lorsqu'il commence à appuyer.
- Aïe ! Non mais ça va pas !
Il recommence à un autre endroit, je serre les dents en le fusillant du regard.
- Il a frappé qu'une seule fois ?
Je hoche la tête.
- Je pense pas que ce soit cassé. T'as de l'arnica ? En pommade ou homéopathie..
- Donc je suis censée te faire confiance ? je le coupe. Je vais aller à l'hôpital demain.
- Ils ne feront rien de plus, il faut du repos et des antis-douleur.
- Ça peut avoir touché mon poumon ou un vaisseau sanguin.Il soupire, lasse. Il s'assied sur le sol en prenant appui contre la table basse, son bras droit repose sur son genou relevé. Son regard me fait rougir, le charisme qui émane de lui à ce moment me donne chaud. On dirait qu'il peut lire à travers moi sans grande difficulté.
- Fais ce que tu veux. murmure-t-il. Si t'as l'argent pour aller à l'hôpital vas-y. Mais ils vont te poser des questions.
Je déglutis et me redresse en grimaçant.
- Qu'est-il arrivé à mon père ?
- Il s'est barré.
- Tu l'as laissé partir ?Il acquiesce.
- Merci.
Il lève les yeux au ciel en soupirant et se relève. Son corps me domine.
- Je sais que tu ne comprends pas mais il représente la sécurité pour Léo. S'il lui arrive malheur, Léo sera placé, ce serait compliqué pour que je récupère sa garde. Pour l'instant c'est comme ça.
Il s'assied sur la petite table et son visage se retrouve en face du mien, ses doigts se croisent et ses bras reposent sur ses cuisses.
- J'en ai rien à foutre.
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À travers l'ombre
RomanceLina est téméraire et se bat pour les gens qu'elle aime. Que ce soit pour Léo, son petit frère, dont elle veut récupérer la garde ou bien Nate, son meilleur ami, qui ne peut s'empêcher d'attirer les ennuis. Jusqu'au jour où il l'introduit à Kellan...