chapitre 2 : une nouvelle ville

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Je me redressais d'un bon en sueur sur mon fauteuil.  Encore ce cauchemar,  mes mains tremblaient et je reprenais difficilement mes esprits.  Pour oublier cette frayeur je me concentrais sur le paysage.  Les champs agricoles défilaient le long de l'autoroute,  au loin une masse grise s'agrandissait au fur et à mesure que nous approchions.  Les contours de la ville devenaient de plus en plus précis.  D'immenses immeubles disparaissaient dans les nuages noirs menaçants créés par la pollution des lieux.  Cette ville n'avait rien à voir avec l'ancienne elle semblait être plus sombre et...  dangereuse.  Même de loin elle ne semblait pas accueillante,  de fines gouttes commencèrent à tomber sur les vitres poussiéreuses du camion, puis vint l'averse.  Stanley se mit à jurer et ma mère alluma une cigarette en gromelant.  Les champs avaient laissé place à des maisons inachevées taguées de tout les côtés.  J'appercu quelques jeunes en groupes entrer dans l'une de celles-ci.  Ces maisons n'avaient ni portes,  ni fenêtres, ni crépi.  C'était juste des parepins liés par une fine couche de ciment.  Elles étaient semblables aux petites maisons en legos que je construisait petite. Nous quittons l'autoroute pour nous engouffrer dans cette marée d'immeubles.  Les passants sont nombreux malgré la nuit tombante.  Je ne suis pas habituée à tant de monde.  Les visages semblent être tous les mêmes,  concentrés sur eux-mêmes sans prêter attention à ce qui les entoure.  Personne ne sourit personne ne se parle... Ma mère se tourne vers moi. 

- Alors Sky que penses-tu de notre nouvelle ville? 

Elle semblait être de bonne humeur ce qui était plutôt rare ces temps-ci, j'aurai dû en profiter mais je n'y prêtais pas gare.

- Je la trouve laide et les gens ne me plaisent pas.  Répondis-je  sans même quitter la fenêtre des yeux. Je tournais finalement la tête vers elle pour m'apercevoir que son regard était devenu glacial et qu'apparemment ma réponse ne lui avait pas plu.  Stanley éclata de rire si soudainement que cela eut pour avantage de détourner son attention. 

- Hahahaha!!!  On voit bien que t'es qu'une gamine!  On est pas dans les quartiers touristiques fillette!  Tu croiseras pas de chinois avec leurs appareils photos en train de photographier des boulangeries!!!

Mon beau père s'esclaffa à nouveau. Son humour noircit encore plus mon humeur.  J'étais fatiguée pourtant je ne voulais pas fermer les yeux pour me retrouver à nouveau face à cet homme,  j'avais peur de dormir trop longtemps et d'avoir à prendre une décision. Vingt minutes plus tard nous arrivions au pied d'un immeuble d'une dizaine d'étages environ.

- On est arrivé!  Déclara Stanley fier de lui. Je sortis le plus vite possible du camion.  Mes jambes étaient complètement engourdies et je n'en pouvait plus de la puanteur provoquée par la quantité innombrable de cigarettes que ma mère avait fumé durant ce trajet interminable. Cependant je me retrouvais finalement encore plus écœurée,  mes poumons qui désiraient ardemment de l'air pur se retrouvaient confrontés à une odeur putride dans laquelle se mélangeaient des émanations des bouches d'égouts, de poubelles et de pots d'échappements. Pour combler le tout une bourrasque de vent vint soulever ma jupe, sans que l'on voit pour autant mes sous-vêtements, mais cela laissa l'opportunité à un vieux sac plastiques blanc et mauves de venir se coller à mes jambes. J'eu soudain l'affreuse impression d'être une algue sur laquelle viennent s'agripper des méduses portés par les courants marins. Un sifflement vient me tirer de mes pensées maritimes, je me retournais pour faire face à un garçon d'à peu près mon âge qui me regardais d'un air moqueur et quelque peu pervers, je dois bien l'avouer. Je me rendis alors compte que ma jupe volait toujours au grès de la bourrasque. je sentis le sang affluer vivement à mes joues et plaqua immédiatement cette dernière contre mes cuisses. 

- Mais non mademoiselle ne faites pas ça!  Ça vous allait beaucoup mieux avant!  Me cria t-il de l'autre côté de la route. 

Je le fusillais du regard et rentrais rapidement dans l'immeubles où, mes soi-disant parents s'étaient engouffrés. J'aperçu devant moi Stanley en train de parler avec le réceptionniste.  Je ne pris pas garde à ce qui m'entourait et les rejoignit précipitamment, morte de honte. Le réceptionniste semblait lui tenir des propos assez importants mais me voyant arriver il se tu et donna trois trousseaux de clés à mon beau père.  Celui-ci en remit une à ma mère et une à moi. Je remarquais le sien bien plus chargé que les nôtres mais ne dit pour l'instant, décidant plus tard de mener mon enquête de mon côté.  Nous prîmes l'ascenseur sans nos bagages qui seraient apparemment montées par la suite.

- À quel étage montons nous?  Demandais-je étant la plus proche des boutons. 

- Le 8eme.  Répond Stanley.

Je m'apprête à exécuter son ordre lorsque je m'aperçoit que pour accéder à cet étage il faut une clé c'est le même cas pour les deux suivants.

- Mais...

- En effet,  déclara t-il,  il faut une clé ici il s'agit de mon étage et tu n'es en aucun cas autorisé à y entrer.  Sarah tu as l'étage 9 et toi Sky le 10.  Je te laisse la terrasse panoramique,  le jacuzzi et tous les services illimités mais à une condition; tu ne dois jamais quitter ton étage.  Que je ne te trouve nul part ailleurs dans cet immeuble sinon tu sais ce qui t'arriveras. Des frissons parcoururent le bas de mon dos.  Ce n'était pas la première fois qu'il me menaçait et ni la première qu'il mettait ces dernières à exécution.  Je hochais la tête en déglutissant péniblement soutenant tout de même son regard. Ma fierté me l'imposait et c'était la seule chose que je pouvais faire face à lui. Cela le fit rire et il quitta l'ascenseur sans que j'eu le temps d'entrevoir l'intérieur de son appartement. Un grand silence s'installa.  Je ne parlais plus à ma mère depuis un moment sauf en cas de nécessité. Je pensais  qu'elle avait compris ou alors elle n'en avait rien à faire. Elle quitta à son tour l'ascenseur et je me retrouvais enfin seule.  Soufflant un grand coup je me rendis compte que j'arrivais de moins en moins à rester avec eux pendant de longs moments.  Je mis la clé dans la serrure de l'ascenseur qui se trouvait face au numéro correspondant à mon  étage.  C'est la que je réalisais quelque chose...  Mon "étage"?  Je cherchais à comprendre quand les portes de cette boîte de mouchoirs de luxe s'ouvrirent.  Je levai les yeux et...

double identitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant