double identité

Chapitre 55 bloody room

Jake se trouvait dans une immense salle vide, des murs blancs, des fenêtres simples, sans rideau, la porte fermée et la lumière du jour qui filtrait à travers les carreaux propres. Tout semblait normal. Trop normal. Pas un bruit ne régnait sur les lieux, tout était beaucoup trop calme. Le garçon s'approcha lentement des fenêtres afin de pouvoir identifier au mieux le lieu dans lequel il se situait. Cependant à sa grande surprise, il ne vit rien. Seulement une étendue de blanc. Il n'y avait ni ciel ni terre, ni haut ni bas. Juste ce vide lumineux. Le jeune homme fut alors frappé par un détail qu'il n'avait pas de suite relevé. Il ne se souvenait de rien. Que s'était-il passé ? Pourquoi et comment était-il arrivé ici ? Tout semblait confus dans sa mémoire. Il laissa son front s'appuyer contre la vitre fraiche et poussa un soupir de désolement. Comment avait-il pu se retrouver dans une telle situation ? Il l'ignorait encore et était trop épuisé pour chercher des réponses qu'il ne trouverait sûrement pas ici. Soudain, alors qu'il sentait son esprit partir vers les méandres froids et calmes de l'inconscience, une tache rouge attira son attention.

Une mince gouttelette rouge vermeil, filait le long de la fenêtre. Jake la suivit tout le long de sa descente, sans s'étonner ni se questionner quant au fait de sa présence. Plus rien ne parvenait à susciter la moindre réaction chez lui. Il était comme une coquille vide, toute trace d'humanité semblait le quitter peu à peu. Cependant, tout aurait pu s'achever pour lui ainsi si une autre goutte rouge n'avait pas rejoint la précédente dans son sillon vermeil. Plus les secondes s'écoulait, plus les gouttes apparaissaient toujours de plus en plus nombreuses, venant à créer un ruissellement continu le long de la vitre de verre. Jake se sentit comme arraché de sa torpeur mortelle, comme si toute son attention devait être focalisée sur le liquide qui se déversait devant lui. Cela lui semblait extrêmement familier. Il avait déjà vu ce phénomène mais il ne parvenait pas à se rappeler où.

« Jake... »

Cette voix avait résonné comme un écho lointain. Son prénom ainsi murmuré en un souffle dans le vide. Mais quelque chose lui disait que cette voix ne lui était pas inconnue. Il fallait qu'il trouve quelque part au fin fond de sa mémoire engourdie, où il avait déjà entendu cette voix. Il ne savait pas réellement pourquoi, mais se rappeler de son propriétaire semblait capital. Guidé par son instinct, il se força à se souvenir. Il fallait que tout lui revienne en mémoire mais pour l'instant, seules quelques brides d'images lui apparaissaient. Des visages sans noms, des voix sans propriétaire. Plus rien n'avait de sens et sa tête commençait à le faire souffrir progressivement. Soudain, sans qu'il ne comprenne comment, une silhouette se dessina lentement au centre de la salle. Les contours, flous au premier abord, devinrent de plus en plus net, jusqu'à ce qu'un jeune homme fasse complètement face à Jake. Celui-ci, dont les souvenirs était complètement embués quelques instants auparavant, eut l'impression que l'on soulevait un voile recouvrant sa mémoire au moment même où son regard croisa celui du nouvel arrivant dans la pièce plus si vide que ça. Il le fixait, aucune expression sur son visage ne laissait apercevoir une quelconque émotion. Jake se demanda même si ce qu'il avait en face de lui n'était qu'une simple image. Mais les mots qu'il prononça lui assurèrent du contraire.

« Tu m'as tué Jake. »

« Alors que fais-tu encore ici ? »

«Je serais toujours à tes côtés. Je serai toujours là pour te rappeler le crime que tu as commis. Tu porteras à présent le poids de ma mère jusqu'à la fin de tes jours. »

Les mots restèrent bloqués dans la gorge du jeune homme. Que pouvait-il répondre à cela ? Sam le fixait toujours, ses pupilles sombres vides de tous sentiments, de toute humanité. A cet instant, il n'avait plus rien du tout d'humain mais ne ressemblait pour autant pas à un mort. Il était devenu un être totalement indéfinissable, il était juste là. Jake voulu faire un pas vers lui mais son image s'estompa à nouveau avant qu'il ne disparaisse en un nuage de fumé noire. Quand il réalisa qu'il était à nouveau seul, il tourna la tête vers les fenêtres d'où le liquide rouge n'avait cessé de couler. Jake réalisa alors qu'il s'agissait de sang.