Chapitre 7 : JC m'appelle

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Un soir que j'avais tout prévu - je veux dire "programmé un plan avec un jeune homme charmant" - Jean-Christophe m'envoie un message de panique. Au téléphone il semble avoir pleuré. Tout bascule pour moi.


Un soir, JC m'envoie un message sur Messenger. Un curieux message qui me fait dire qu'il faut que je lui réponde tout de suite car il va mal.

- Tu es par là ?

- Tu veux que je sois où ? Je suis chez moi.

- Non rien alors, dommage.

- Tu aurais aimé me voir.

- Non-laisse. Je vais rentrer.

- Ça va ?

Il m'explique ensuite qu'il va mal. Il sort d'un rencart avec un mec plus âgé et ça s'est un peu mal passé à son goût. Il me dit qu'avant de rentrer chez lui il va aller rouler un peu sur l'autoroute pour se calmer. Je suis parcouru de frissons. J'ai peur qu'il fasse une bêtise et qu'il se plante. Il ne m'a pas vraiment raconté comment ça s'était passé. Je lui propose de se voir.

- Tu veux monter vers chez moi ? On peut se voir vite fais si tu veux.

- Je ne sais pas.

Normalement il ne m'aurait jamais dit une chose pareille. Je sens qu'il y a vraiment un truc qui cloche. Les messages écrits ne laissent que très peu passer les émotions. Je décide d'insister.

- Allez JC, monte et on se voit au petit parc.

Il finit par accepter. Je me rhabille - j'étais sur le point de me mettre au lit - et file au petit parc. Il y a quelques jeux d'enfants et le petit banc sera parfait.

L'air et frais et la lune illumine tout le terrain de jeu. Cette obscure clarté donne un sentiment étrange à la situation. Je suis un peu stressé car c'est la première fois que je vois JC pour autre chose que pour du sexe.

Je m'assois sur le banc et attends, plongé dans mes pensées.

Au bout de 5 minutes il arrive et sort de sa voiture assez nerveusement. Arrivé à mon niveau, je remarque qu'il a fumé dans sa voiture : ça aussi ne lui ressemble pas.

- Ça n'a pas l'air d'aller JC.

On se fait la bise et il s'assoit. Malgré l'obscurité, la lune me laisse deviner ses yeux brillants. Il a pleuré. Je m'inquiète de plus en plus.

- Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

Jean-Christophe me regarde droit dans les yeux : il a du mal à ne pas éclater en sanglons. Je prends sa main et la serre fort.

- Un truc grave ?

- Oui, enfin non. Mais si. Ça avait bien commencé.

Je comprends enfin :

- Un plan qui a mal tourné ?

- Oui.

En prononçant ses mots il éclate en sanglots. J'ai les larmes aux yeux, je voudrais le protéger, le serrer fort contre moi. Une sorte de pudeur m'en empêche. La situation est tellement surréaliste : nous nous rencontrons que pour des plans, on joue avec des scénarios et là il se confie à moi. Il faut que j'assure.

- Tu as été forcé. Il t'a fait mal.

JC se ressaisi et me raconte tout. Ses larmes se transforment en colère.

- J'espère que tu ne le connais pas et que tu feras jamais de plan avec lui c'est vraiment une ordure.

- Dis-moi.

- Ben on se parle depuis pas mal de temps il a des fantasmes maître/esclave. Moi tu sais ça me plaît mais ça reste un jeu. Tu sais, avec toi, on en parle, on s'excite en racontant parfois des trucs un peu hard mais jamais on le ferait.

- Je t'avais dit de te méfier.

Cette réplique-là j'aurais pu m'en passer : je m'en aperçois en le disant. Je ne vais quand même pas commencer à lui faire la morale alors qu'il a juste besoin de me raconter pour sortir toute cette merde de son esprit. Je me reprends.

- Désolé JC, vas-y dis-moi. Il t'a fait quoi.

JC a complètement séché ses larmes et me raconte en me regardant droit dans les yeux.

- On avait un peu déliré sur que je sois attaché et à sa merci. Il est balaise et viril. Tu sais que ça m'excite. On décide donc qu'il m'attendrait derrière la porte de chez lui et qu'il me chopperait et me mettrait des menottes. Ensuite qu'il me déshabille et qu'il me forcerait à le sucer. Il m'a envoyé plein de photos de son torse, ses muscles, sa bite, elle est incroyable...

- Il t'a pas enculé quand même !

- Ben si le salaud, putain vraiment depuis le début je lui avais dit que c'était pas mon truc que je le faisais pas. À un moment il a plus pu se dominer, ça a dégénéré...

- Tu lui as dit non.

- Non.

- T'as pas pu.

- J'étais terrorisé Sylvain tu comprends, je n'osais plus rien faire. Au début c'était bien, je bandais de ouf, ma queue mouillait à fond. Le scénario parfait. Il m'a calé dans le coin de la pièce, tout nu et m'a obligé à le sucer. J'étais constamment à deux doigts d'éjaculer. Et après il a commencé à trop me l'enfoncer dans la bouche. J'étouffais mais pas comme avec toi. Toi tu sens quand il faut me donner de l'air, lui non. Il a abusé. Après il me dit « tu la veux dans ta chatte hein ? » mais pas gentiment.

Là j'ai quand même dit NON mais après c'est allé vite. En plus j'étais excité et je me suis dit qu'il n'allait pas me pénétrer, qu'il allait faire semblant genre comme une fois tu m'as fait, la queue entre les fesses et c'est tout. Mais il m'a allongé sur le ventre et en trois secondes il a écarté mes fesses et planté sa bite dans mon cul mais violent tu peux pas savoir. Trop violent. J'ai gueulé ça le faisait marrer le con. Après je n'ai rien dit. Je me suis dit que si je me débattais ça allait être encore pire alors j'ai essayé de penser à autre chose pour oublier la douleur.

- Je suis tellement désolé que ça se soit passé comme ça la première fois...

Je n'ai rien trouvé de mieux à dire. Mais ça a fait mouche car il éclate en sanglot et tandis que son nez coule il me lâche :

- Oui Sylvain, avec toi j'aurais bien voulu, tu y serais allé en douceur. Putain.

On se serre dans les bras mutuellement. On reste encore quelque temps ensemble, à regarder la lune. Je lui dis qu'il faut qu'il aille porter plainte mais bien sûr il ne le fera pas. Personne ne sait ici qu'il est gay et qu'il se tape des mecs. Dans une petite ville, ce genre de nouvelles va vite. Il ne se sent pas prêt.

- Tu te sens de rentrer là, sans faire de bêtises, je veux dire, tu vas être prudent en voiture.

Jean-Christophe m'assure que oui. On se quitte en se faisant la bise. J'aurais voulu l'embrasser, je n'ai pas osé.


N'hésitez pas à me faire vos commentaires. Moi qui croyais pouvoir continuer à collectionner les plans sans sentiments, je suis mal ...

A suivre.

46 fragments d'inintimitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant