Chat du Nord, chat du Sud [LGDC fanfiction, En Pause]

Chapitre 5

Plume d'Herbe était sorti du camp depuis quelques minutes. Il marchait avec hâte dans la plaine au climat presque désertique et à la chaleur brûlante, tout en pensant à sa tendre Pluie Rare qui allait beaucoup lui manquait. Il refusait catégoriquement de renoncer à son dessein pour son amie qui était d'ailleurs comme une sœur pour lui, mais il était tout de même préoccupé et embêté par l'idée de la quitter sur une mauvaise note.

Alors que le jeune matou gravissait une dune composée de sable et de terre, il réussit à sortir le souvenir de son amie de sa tête et se dit que, comme la nuit n'allait pas tarder à tomber, il fallait qu'il trouve rapidement un endroit où dormir, où cas où il y aurait des prédateurs dans les parages. Il marcha encore quelques minutes, fixant le ciel bleu virant peu à peu au orange-rouge et se recouvrant d'étoiles scintillantes, toujours profondément triste et parallèlement à ce sentiment, réellement excité par le fait d'entreprendre un périple.

Plume d'Herbe finit par trouver un creux suffisamment large dans une dune pour pouvoir y dormir. Il y avait une entrée par laquelle on pouvait voir les plaines et le ciel, mais une partie du creux était invisible de l'extérieur : ainsi, si quelque chose ou quelqu'un venait à passer devant l'abri du jeune chat, il ne le verrait pas. Cela ne l'empêcherait pas de le sentir mais après tout, tous les animaux n'avaient pas un bon odorat et puis, c'était toujours mieux que rien.

Voyager, c'est aussi prendre des risques. Plume d'Herbe resta quelques instants allongé sur le dos, à fixer le plafond de sa mini-grotte, la tête pleine de questionnements sur ce qui allait se passer ensuite : risquait-il fortement de mourir ? Trouverait-il un autre endroit que les plaines presque désertiques dans lesquelles il avait toujours vécu ? Rencontrerait-il d'autres groupes de chats, ou alors peut-être des solitaires ? Reverrait-il un jour son Clan natal ? Et si oui, Pluie Rare lui pardonnerait-elle son départ ?

Malgré toutes ces questions, l'ex-guerrier s'endormit rapidement, exténué par sa longue journée chargée en événements.

Le matou ouvrit alors les yeux dans un rêve. Il se trouvait couché au milieu d'un paysage qu'il ne connaissait pas : rien d'étonnant à cela, il ne connaissait que le "presque désert". Il se releva et observa de ses yeux jaunes perçant ce qui l'entourait : des sortes de... grandes dunes, très grandes dunes, sur lesquelles des arbres qu'il n'avait pour la plupart jamais aperçu nulle part étaient plantés. Une espèce de poudre blanche recouvrait le sommet des grandes dunes, et les arbres qui s'y trouvaient.

Plume d'Herbe était lui-même sur une dune géante, mais plutôt vers le bas. Voir un autre paysage en rêve signifiait-il qu'il était réellement certain qu'il n'y ait pas que celui qu'il avait toujours connu ? Il ne fallait sans doute pas trop prendre cela au sérieux, après tout, ce n'était qu'un rêve. Le jeune matou était tout de même heureux de voir autre chose, alors il décida de profiter de ce songe inhabituel pour explorer les environs.

Il grimpa sur un rocher afin d'escalader petit à petit la grande dune sur laquelle il était apparu. Le climat ici était d'ailleurs bien plus froid que chez lui, le corps du jeune Plume d'Herbe était parcouru de frissons dus à cette température très fraîche. Plus il montait, plus le froid devenait intense et comme, en plus d'avoir extrêmement froid, il était déjà fatigué par son ascension, il fit une pause, s'asseyant sur un rocher appuyé contre un arbre.

Juste après avoir repris son souffle, alors qu'il voulut reprendre sa quête vers le haut de la grande dune, il fut comme téléporté et apparut au sommet d'une de ces grandes dunes. Il jeta un coup d'œil rapide vers ce qui l'entourait : il y avait toujours ces dunes, mais cette sorte de poudre blanche qui les recouvrait n'était plus là et le climat était un peu plus chaud, bien que toujours trop froid.

L'attention de Plume d'Herbe fut alors captée par un miaulement aigu provenant de la droite. Il se retourna brusquement et vit, non loin d'ici, une jolie chatte au pelage blanc zébré de gris. Au-dessus d'elle, un grand matou aussi noir que Plume d'Herbe lui-même et aux yeux ambrés brillants lui assenait des coups de griffe. L'ancien guerrier se précipita vers la jeune chatte qui tentait de se défendre, mais qui ne faisait pas le poids face au matou au pelage noir de jais.

Connaissant plusieurs techniques de combat, Plume d'Herbe sauta sur le grand chat noir, qui n'avait même pas remarqué sa présence. Il feula quand il sentit le corps du jeune matou tomber sur son dos. Il voulut se retourner pour lui griffer le dos, mais Plume d'Herbe fut plus rapide et le fit tomber à la renverse, profitant de cette position pour lui labourer le ventre tandis que la jeune femelle se dégageait du grand chat, surprise par l'arrivée inattendue de son sauveur.

Même si celui-ci avait réussi à prendre par surprise le grand mâle noir, son adversaire était un habitué des combats et il ne tarda pas à prendre l'avantage sur Plume d'Herbe, essayant de viser ses yeux pour le rendre aveugle. Plume d'Herbe parvint à temps à mordre jusqu'au sang l'oreille gauche du chat afin de le distraire. Cela fonctionna deux ou trois secondes, un temps suffisant pour que Plume d'Herbe puisse zébrer son corps d'encore quelques coups de griffes, mais pas suffisant pour lui permettre une véritable victoire car le matou noir se releva d'un seul coup, libérant son ventre du poids du jeune chat pour se jeter sur lui l'instant d'après.

Le combat dura un certain temps. A un moment, Plume d'Herbe prit la décision de tenter quelque chose : transpercer le ventre de son adversaire, lui assurant ainsi une mort par hémorragie. Il hésita quelques instants tout en continuant à se défendre. A l'endroit où il vivait, il y avait parmi les règles imposés le fait de ne pas tuer son adversaire à moins de ne pas avoir d'autres choix. Avait-il un autre choix ? Probablement, le grand matou aux yeux brillants accepterait sans doute de le laissait s'en aller, mais alors la jolie chatte, qui observait le spectacle avec des yeux ébahis au lieu de s'enfuir, se ferait rattraper, à un moment ou à un autre, par le grand matou noir. D'ailleurs, celui-ci risquait de vouloir faire un compromis avec le jeune guerrier avant de le laisser s'enfuir, et il n'était pas vraiment d'humeur à faire des compromis...

De plus, Plume d'Herbe ne vivait plus dans les Clans, alors il n'avait pas besoin de respecter ces règles, qui n'étaient plus les siennes. Et il se rappela également que tout cela n'était qu'un rêve, seulement le fruit de son imagination alors qu'est-ce que cela bien provoquer s'il tuait le mâle noir ? Désormais sûr de sa décision, Plume d'Herbe essaya de mettre au point des stratégies pour arriver au brisage de nuque, mais ce n'était pas chose facile car son adversaire était coriace et mieux entraîné au combat que lui.

Seulement, il ne se doutait probablement pas de jusqu'où allaient les intentions du jeune chat à présent. Plume d'Herbe, avec beaucoup d'efforts et de persévérance finit par réussir à trouver une stratégie à pratiquer très rapidement pour mettre le matou noir sur le ventre. Une fois cela fait, Plume d'Herbe appuya tout son poids contre le dos de son adversaire pour l'empêcher de bouger et tordit sa nuque, qui émit un craquement indiquant qu'elle venait bel et bien de se briser.

Le mâle noir cessa immédiatement de bouger et Plume d'Herbe s'écarta de son corps inerte. Il tourna les yeux vers la jeune chatte aux jolis yeux verts, s'attendant à la voir recroquevillée, tremblante d'inquiétude causée par le combat acharné qui venait de se dérouler. Mais ce n'était pas le cas, la chatte était fièrement relevée, une lueur de reconnaissance dans les yeux. Elle se rapprocha du matou et lorsque ses moustaches effleurèrent celles de Plume d'Herbe, le jeune mâle fut parcouru d'un frisson.

-Merci, grand guerrier, dit-elle solennellement.

A l'instant où la chatte grise et blanche finit sa phrase, Plume d'Herbe se réveilla, toujours dans le creux dans lequel il s'était endormi. Il respira profondément, secoué par son rêve qui ne manquait pas d'évènements à la fois terrifiants et excitants. La voix de la jolie femelle résonnait encore dans sa tête, cette phrase qu'elle avait prononcée semblait se répéter à l'infini dans son esprit. Mais ce n'était qu'un rêve...