7. Adlicka

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Dans un lointain paysage structuré s'aperçoit une silhouette. De loin cette silhouette est négligeable, comme toutes les autres, mais une fois proche il est impossible de nier la connaître. C'est une jeune fille qui se promène dans les rues amènes du supermarché proche de son quartier, une jeune femme qui, comme on le dit, à tout pour plaire. Ou peut-être pas en fait.

Adlicka se frayerait, en temps normal, un chemin convoité entre elle et les autres, seulement un facteur l'en à toujours empêché : sa peau. En effet si la nature l'avait gratifié de ses atouts et de sa belle personne elle avait tout de même oublié le détail de sa coloration.

Jeune psychologue, Adlicka était un jeune femme tout juste sorti des bras frais de l'école. Elle n'avait pas eu le loisir de la compagnie parentale. Elle les avait perdu très tôt et tout dans sa vie n'était rataché qu'à sa propre expérience. Originaire de l'Afrique noire elle en était tout d'abord fière, puis complexée, réaction que favorisait son milieu blanc. Autour de cet univers toujours différent et rude, la jeune fille qu'elle était à l'époque se sentait seule au monde, livré à tous jugements néfastes. Elle en avait d'abord fait une force, pour honorer les vagues conseils dont elle se souvenait de sa mère. Mais avec le temps, lorsque le concret s'éloigne, difficile de garder à l'esprit l'essentiel. Elle avait néanmoins fait fi de certaines de ces remarques blessantes même si sa persécution ne s'arrêtait pas là, du moins elle l'avait fait pendant un temps. Son statut de fille unique la laissait comme démunie, et bien seulâbre. Bien sûr il y'avait d'autres femmes noires dans son quartier, mais le plus incohérent était leur similitude aux autres. Elle pensait trouvé en eux des amies, sinon de quelconques soutiens, mais était ce possible avec de tels esprits solitaires et restreints ? Elle ne se limitait pas seulement aux réprimandes de son entourage mais elle pensait que le monde l'en voulait d'être "noire" . C'était surement la seule pensée qui noyait sa tête de sujets peu plaisant, pendant toutes ces années déjà.

Elle était psychologue alors elle savait ce que c'était la tristesse, le mépris. Le jugement ordinaire et les idées reçues qu'elle décelait en ses patients n'étaient pas les seuls, il y'avait aussi l'énorme complexe de sa couleur. Cette femme de couleur comme on l'appelait se voyait souvent forcée à la réfléxion : Une femme De couleur. Le marron foncé qui versifiait la totalité de sa peau était-elle vraiment la seule couleur au monde? le blanc qui noyait celle de ses bourreaux n'en était-elle pas une aussi ? Pourquoi donc elle seule était qualifié de "coloré " ? Elle savait que ce terme, bien qu'honorable en soi par la différence et la gaieté dont il en avait le sens, était péjoratif. Elle aurait voulu comprendre comment une telle mentalité pour elle incohérente élisait domicile dans l'esprit de tant de gens. Si cela ne tenait qu'à elle-même elle se serait avouée la plus belle, la plus prestante, la plus magnifique, comme elle l'était sûrement d'ailleurs, mais comment se faisait-il qu'un côté naturel de sa personne- sa peau - annulait toutes ces éloges qui tout bas se lisait dans les yeux des plus sincères ?
La question la plus insensée à ses yeux était comment une psychologue qui faisait métier de comprendre les autres, n'arrivait pas à le faire avec elle même. Étais ce les sacrifices du métier ? A vrai dire est-ce vraiment capable de se comprendre soi même ? Adlicka savait que non, du moins, dans son cas elle le savait. Elle était tant attachée à ses coutumes, sa culture, ce qui la formait toute entière, et pourtant il y'avait les autres, les autres qui dans un cruel jugement, dans un cruel acharnement la rendait plus insignifiante qu'elle ne l'était vraiment. Ces autres qu'elle laissait lentement impacter sur sa pensée d'elle même. Saviez-vous qu'à un certain degré l'avis des autres, aussi piètre et malheureux qu'il soit devient nôtre lorsqu'on y accorde trop d'importance ? Qu'on en perd parfois l'appétit, jusqu'à se haïr d'être qui l'on est ? Qu'on pense chaque seconde aux regards foudroyants de chaque journée, ces regards qui secrètement vous invite à la fatalité ? Adlicka en savait bel et bien quelque chose et ces maintes réflexions lui en avait enlevé à sa vivacité du début. Elle faisait peine à voir là allongée sur son lit comme chaque après midi. C'était sûrement idiot mais elle laissait toujours passer la climatisation. Elle le faisait pour rafraîchir sa peau car elle avait bien entendu quelques fois, chez ses proches, que le froid favorisait une peau plus claire, et en ce moment c'est tout ce dont elle avait besoin. Ou peut-être avait-elle juste besoin d'une personne qui, au dessus des autres, l'apprécierait cela malgré sa peau...

Qu'auriez-vous fait ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant