Chapitre 3 La mission

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Je descendis une marche. Comme à son habitude, la cave était sombre, une unique ampoule grésillait au plafond et l'air était imprégné d'une odeur d'humidité et de moisissure. Mes pas progressèrent, passant d'une marche à l'autre. Qu'est-ce que je foutais la ?!

J'observais autour de moi, aux aguets, comme si je prenais place sur un champ de bataille. L'homme était assis dans l'angle du mur au fond de la pièce, la tête posée sur la pierre, un militaire inconscient. Ses pieds étaient attachés et ses mains ligotées devant lui. Le côté droit de son visage était tuméfié et du sang coulait de son oreille. Des mèches blond clair tombaient sur son front.

Les battements de mon cœur redoublèrent d'intensité et ma bouche s'ouvrit de stupeur. Son uniforme était noir et portait plusieurs récompenses de guerre dont le sigle de la croix de fer et de l'aigle Allemand. Son col présentait l'insigne des deux éclairs. Mes yeux s'écarquillèrent.

Merde, un SS !

Ils avaient emmené un SS ici ? Dans ma maison ?

Je reculai jusqu'à sentir les briques froides derrière moi. Ils étaient complètement inconscients ! Cinglés ! Irresponsables !

Je posai une main sur mon cœur, haletante, puis je me décidai à avancer de plus près. Ma curiosité me tuerait un jour.

Il ne réagissait pas. Il était mort ? Ou peut-être était-ce une feinte ? Il attendait surement que je m'approche davantage pour me renverser et me prendre en otage ?

Mais qu'est-ce que tu racontes, Danielle ! Ça se voit qu'il est sonné.

Je m'agenouillai, à quelques mètres, le plus discrètement possible, le regard fixe. Sa poitrine se soulevait sous sa respiration lente. Malheureusement, il était toujours en vie.

Sa veste était ouverte et je pouvais y déceler, sa chemise et ses bretelles tachées de sang. Ses galons d'épaules et ses insignes sur sa poitrine semblaient indiquer qu'il était officier.

Putain ! Un gradé en plus de ça !

Son corps fit un mouvement. Je sursautai et pris mes jambes à mon cou. Je refermai la porte de la cave à clef et partis me réfugier dans ma chambre, sous les rires de Patrick et de ses acolytes.

Je m'adossai au mur de ma chambre et me concentrai sur ma respiration.

Il fallait que je me calme, ma réaction était disproportionnée, qu'est-ce qui me prenait ? J'avais peur d'un homme attaché et inconscient maintenant ? Je lâchai un soupir et je posai une main sur ma bouche. C'était une pure folie de l'avoir ramené ! Que voulaient-ils faire avec lui ? Lui soutirer des informations ? Se venger ? Se défouler ? Et si la Gestapo débarquait chez nous ?! Ce n'était pas un simple petit soldat de la Wehrmacht, c'était un officier SS !

Patrick ne se rendait compte de rien, il n'avait aucune conscience du danger ! Mon dieu qu'avions nous fait...

Mes membres se durcirent, et une bouffée de chaleur enflamma mon corps. Il était hors de question que je me défile et laisser Patrick commettre une telle folie !

Je descendis dans le salon avec la ferme intention de régler cette histoire.

— Bon, qui s'en charge ? demanda une voix rauque.

— Gribouille va le faire, hein ? T'aime bien ça, faire parler les Fritz !

Je me plaçai devant eux, les mains sur les hanches. Ils n'avaient pas bougé de leur chaise et tenaient dans leur main un verre d'alcool.

Il fallait que j'intervienne. Je devais m'imposer. Ils devaient comprendre que la situation était grave.

— Qu'est-ce que ça veut dire ?! Un officier SS ?! Vous avez perdu la raison ou quoi ? Vous avez enlevé un nazi pour le mettre ici ? m'interposai-je, furibonde.

La rose ne fleurit qu'en hiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant