Drogo & Nina (Is It Love? Drogo)

L'antre du vampire

 Il me court après et me rattrape d'une main ferme sur mon bras. Je crie et me débats, je griffe son visage dissimulé sous une capuche. Il ricane et me gifle, se rapproche de moi, me susurre que je suis à lui. Il m'insulte. J'essaye de le repousser. Je joue des pieds et des mains mais il est trop fort. Je crie à nouveau, jusqu'à ce que ma gorge brûle. 

J'ouvre violemment les yeux et m'adapte à la pénombre. Mon cœur bat la chamade à s'en déloger de ma poitrine. Putain ! Je grince des dents et dégage une mèche de mes longs cheveux noirs de devant mes yeux. Je suis poisseuse, je me sens sale. 

Redressée à moitié dans l'énorme lit aux draps crème de ma chambre, je me tourne vers mon réveil. Les chiffres rougeoyants de l'appareil me renvoient l'heure. 4h05. Génial, il est bien trop tôt pour se lever et prendre une douche. Bien joué, cauchemar à la con ! 

Je grimace, la peur encore bien présente au ventre. Allez, t'es plus une gamine Nina. Sur la table de chevet, à côté du réveil, un petit ours en peluche me juge de ses grands yeux noirs sans expression. Bon, si, je suis une gamine. Incapable de résister, je m'en empare et le berce contre moi. Évidemment, ça ne me distrait que très sommairement de mon récent songe. Je replace Mr Teddy (original, le nom, je sais...) sur son piédestal improvisé et m'extirpe des draps. Mon débardeur noir a l'effigie de mon personnage de manga préféré me colle à la peau, mais il est hors de question que je m'en débarrasse. Je préfère me passer un peu d'eau sur le visage, je sais que ça me fera du bien. 

Dans la salle de bains attenante, le jet frais de l'eau s'écoulant du lavabo m'arrache un soupir de contentement. Je mouille mes mains et mes avant-bras, puis passe mes doigts rafraîchis sur ma nuque raide. Ça me détend dans l'instant. Désolée Mr Teddy, mais ça c'est plus efficace. 

Le miroir devant moi me renvoie une jeune femme au sourire sarcastique et à la mine crayeuse. On est loin des teints éclatants des acteurs de films Hollywoodiens, là. La tresse que j'avais faite pour dompter mes cheveux s'est ouverte pendant la nuit. Mes mèches se déploient comme un drap noir autour de mon visage et dans mon dos, chatouillant la naissance de mes reins. Entre moi et la nana dans The Grudge, qui est la plus effrayante ? Je me détourne de mon reflet avec un claquement de langue. 

De retour dans la chambre que j'occupe, je regarde le lit aux draps défaits. J'ai manifestement voulu disputer un match de boxe dans mon sommeil. L'idée de me recoucher maintenant me débecte. Et puis, j'ai la gorge sèche. Je décide de descendre à la cuisine pour aller boire un coup. La bouteille de jus de pommes dans le frigo semble m'appeler de l'étage du dessous, je me sens soudain assez motivée. Je checke une nouvelle fois le réveil  - 4h10 -  et hausse les épaules : je peux sortir comme ça, aucune chance de croiser l'un des frères. 

Je me rends tout de même sur la pointe des pieds à la cuisine. Le manoir de mes employeurs est plongé dans une ambiance légèrement creepy... ou alors c'est le souvenir de mon cauchemar qui me le fait voir aussi lugubre. Je presse le pas et arrive à ma destination. Mon salut se présente devant moi : le frigo. J'en sors la bouteille de jus de pommes et constate une nouvelle fois qu'elle est la seule à remplir le frigo. Au moins, ils essayent de donner le change. Je soupire. 

Depuis que je connais la nature des frères Bartholy, mes chers employeurs, il me faut sans cesse ce genre de petits rappels pour réaliser totalement. Bois et remonte te coucher, Nina. J'obéis à mon ordre interne et savoure la douceur et la fraîcheur de ma boisson. 

Quand je rince le verre que j'ai utilisé et que le silence se fait, une angoisse sourde prend possession de moi. Qu'est-ce que je fous en culotte et débardeur dans la cuisine du manoir à 4h du matin, bordel ? Les murs de l'immense bâtisse m'oppressent soudain et je remonte en trombe jusqu'au couloir menant aux chambres.